Sûreté du nucléaire : des progrès attendus à la centrale du Bugey

Ce mardi, le gendarme du nucléaire a présenté son bilan sur l'état de la sûreté du nucléaire et de la radioprotection en région. L'ASN évoque des performances en retrait sur la question de la sûreté. De efforts sont donc attendus.
Dans le bilan 2021 de l'ASN, Bugey accusait déjà d'un bilan « contrasté » et des « fragilités ».
Dans le bilan 2021 de l'ASN, Bugey accusait déjà d'un bilan « contrasté » et des « fragilités ». (Crédits : DR)

En matière de sûreté nucléaire, le Bugey est à la traîne par rapport aux autres centrales. C'est en tout cas le constat que livre l'ASN (Agence de sûreté du nucléaire), dans son bilan 2022. Pour rappel, cette autorité administrative indépendante a pour rôle de contrôler les activités nucléaires civiles en France, des équipements médicaux aux centrales nucléaires, en passant par l'industrie.

A noter que la division de Lyon de l'ASN est la plus importante, de par son parc de quatre centrales nucléaires (Bugey dans l'Ain, Saint-Alban en Isère, Cruas-Meysse en Ardèche et Tricastin dans la Drôme) et la concentration de réacteurs (en démantèlement ou non).

Plusieurs pistes d'amélioration

Si celle de Tricastin et de Saint-Alban font office de bonnes élèves, Bugey a un retard à rattraper sur plusieurs aspects. D'abord sur la question de la sûreté nucléaire, l'ASN affirme « que les performances globales de la centrale sont en retrait par rapport à l'appréciation générale des performances que l'ASN porte sur les centrales nucléaires d'EDF. »

Plus précisément, le gendarme du nucléaire considère qu'en la matière « les performances de la centrale nucléaire se sont dégradées en 2022, dans un contexte industriel pourtant moins chargé que les années précédentes. L'ASN constate des fragilités sur la mise en configuration des circuits, la gestion des essais périodiques, la planification et la réalisation des activités de maintenance et des essais de requalification, ainsi que sur la problématique des pièces de rechange. »

Des améliorations sont aussi attendues concernant la gestion des situations d'urgence et la maîtrise des risques liés à l'incendie, ainsi que sur « le maintien en bon état de la première barrière constituée par les gaines de confinement du combustible. »

En août 2022, l'ASN avait par ailleurs mis EDF en demeure, lui demandant de se conformer aux dispositions concernant la limitation du risque de percement du radier (dalle de béton) du bâtiment des réacteurs (2 et 4) en cas d'accident grave.

Aussi, « la phase de redémarrage du réacteur 5 à l'issue de sa quatrième visite décennale a également été marquée par des aléas techniques et de nombreux événements significatifs pour la sûreté », souligne l'autorité administrative.

Dans le bilan 2021 de l'ASN, Bugey accusait déjà d'un bilan « contrasté » et des « fragilités » en termes de radioprotection. Des fragilités qui, en 2022, « persistent en matière de culture de radioprotection des intervenants, de propreté radiologique des installations et de confinement des chantiers à risque de dispersion de contamination. »

En revanche, concernant la protection de l'environnement, sur la gestion des déchets les performances de Bugey sont satisfaisantes. Mais l'ASN attend quand même « un plan d'action ambitieux afin de retrouver de manière pérenne l'étanchéité des rétentions ultimes du site. » A propos de la santé et la sécurité au travail, les résultats d'accidentologie sont satisfaisants.

Dans la région, la centrale de Cruas-Meysse est aussi en retrait sur la question de la sûreté nucléaire. L'ASN remarque « une recrudescence d'écarts et de non-qualités de maintenance, lors des arrêts des réacteurs et considère que la qualité de réalisation des activités de maintenance n'est pas à l'attendu. Par ailleurs, l'occurrence de plusieurs événements significatifs relatifs à des situations de non-conformités aux règles générales d'exploitation (RGE) montre que la rigueur d'exploitation doit également être améliorée. Enfin, l'ASN a mis en évidence des lacunes lors de son inspection sur le thème de la gestion des compétences des équipes de conduite. »

Mais pas d'incident dans le nucléaire

En 2022, l'ASN a mené 330 inspections, dont 116 dans les centrales, 91 dans les usines et les installations en démantèlement, 107 dans le nucléaire de proximité et 16 dans le transport de substances radioactives.

Au cours de ses inspections, elle a fait remonter 37 « évènements significatifs » : 36 sont classés 1 sur l'échelle Ines (l'échelle internationale des événements nucléaires qui comprend 7 échelons). L'échelon correspondant à une anomalie. Un événement est classé 2+ sur l'échelle de l'ASN-SFRO (Société française de radiothérapie oncologique), qui concerne les événements de radioprotection affectant des patients dans le cadre d'une procédure de radiothérapie. Le niveau 2+ concerne les événements qualifiés d'incidents.

Cet incident concerne le centre Léon Bérard à Lyon qui a connu « une dérive de l'étalonnage du dispositif de mesure de la dose délivrée à 6 patients traités par irradiation corporelle totale (technique spécifique de préparation de greffe de moelle osseuse). » Le centre a néanmoins affirmé au Progrès que les patients sont suivis et qu'il n'y a « pas eu d'incidence pour le moment ».

En 2021, l'ASN avait fait remonter 27 événements dans la région, 26 anomalies et un incident à la centrale de Cruas-Meysse. Malgré tout, « en 2022, le niveau de la sûreté nucléaire et de la radioprotection reste globalement satisfaisant », assure l'ASN.

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