Go Sport : les enjeux du nouveau délai accordé jusqu'au 16 janvier par le tribunal de commerce de Grenoble

La décision était très attendue encore ce mercredi 21 décembre, à quelques jets de pierre de la fin de l'exercice 2022, et elle devrait le rester encore quelques jours de plus. Car le tribunal de commerce de Grenoble a finalement annoncé la nomination d'un juge-enquêteur et l'octroi d'un délai supplémentaire jusqu'au 16 janvier prochain avant de statuer sur les finances de l'isérois Go Sport, propriété du groupe HPB, et notamment sur un potentiel placement en redressement judiciaire.
Pour l'avocate du CSE de l'entreprise, cette décision confirme que le juge a estimé qu'il existe un doute sérieux et que la situation n'est pas claire tandis que de son côté, le groupe HPB évoque des collaborateurs injustement inquiétés par la diffusion d’informations erronées, infondées, dénigrantes ou diffamatoires sur l’entreprise et appelle au nécessaire retour au calme.
Pour l'avocate du CSE de l'entreprise, cette décision "confirme que le juge a estimé qu'il existe un doute sérieux et que la situation n'est pas claire" tandis que de son côté, le groupe HPB évoque des collaborateurs "injustement inquiétés par la diffusion d’informations erronées, infondées, dénigrantes ou diffamatoires sur l’entreprise" et appelle au "nécessaire retour au calme". (Crédits : DR/ML)

Pour le groupe Hermione People and Brands (HPB), jusqu'ici peu loquace au sein des médias, cette décision témoigne "qu'il n'y a aucune urgence dans la situation financière de Go Sport, ainsi que l'affirme Hermione People and Brands et que l'atteste les travaux du cabinet de 8 Advisory".

Le groupe bordelais, aux commandes de l'isérois Go Sport, s'est fendu rapidement d'un communiqué ce mercredi après-midi pour commenter la décision du tribunal de commerce de Grenoble, dont le procureur a acté de la nomination d'un juge-enquêteur.

Celui-ci sera notamment chargé de statuer sur la situation financière de l'ensemble aux 2.100 salariés et 83 magasins affiliés. Et donc sur l'existence ou non d'une situation de cessation de paiement, qui pourrait elle-même ouvrir ensuite la voie à une procédure de redressement judiciaire.

Le tribunal de commerce de Grenoble a également fixé une nouvelle date dans ce dossier au 16 janvier prochain, soit un délai de presque un mois afin que le juge-enquêteur nouvellement nommé puisse comparer et approfondir les données fournies par les deux parties.

La cessation des paiements au coeur de la procédure

Car pour rappel, les syndicats puis les commissaires aux comptes de la société (KPMG et Ernst & Young) avaient sonné l'alarme en envoyant "un rapport spécial d'alerte" le 22 novembre dernier, au vu des comptes de la société.

Avec au centre des questionnements, la santé financière du groupe bordelais Hermione, People and Brands (HPB), qui vient de déposer le bilan d'une autre marque fin septembre : le groupe Camaïeu, avec ses 508 magasins employant près de 2.600 salariés.

Mais aussi la question, plus précise, de ce qu'il serait advenu d'une enveloppe de 36,3 millions (composée de deux volets de 26,5 et de 9,8 millions d'euros) qui aurait été remontée du groupe Go Sport, vers sa maison-mère en cours d'année.

Avec pour conséquence, un "trou" provoqué au sein du distributeur de matériel de sport de 15 millions d'euros selon les syndicats, mais également des craintes autour du règlement d'un certain nombre de factures fournisseurs, corrélées à des problèmes de livraison constatés en magasin.

Le mois de décembre, où tout va se jouer

Pour l'avocate du comité social et économique (CSE) de l'entreprise, Evelyn Bledniak, jointe ce mercredi par La Tribune, ce "sursis qui n'est pas un sursis en tant que tel pour l'entreprise mais un délai à statuer" "confirme que le juge a estimé qu'il existe un doute sérieux et que la situation n'est pas claire, car nous n'avons pas encore accès aux chiffres de décembre, où une grande partie des ventes de Go Sport vont se jouer".

Car l'année fiscale du distributeur de matériel de sport, que sa maison-mère affirme "en perte depuis 17 ans", se joue sur un exercice annuel classique allant de janvier à décembre. "Toute la question sera donc de savoir si les ressources intégrées jusqu'à décembre permettent de passer le cap ou pas", mesure l'avocate du CSE.

Selon elle, la décision du tribunal de commerce reste donc une mesure "raisonnée", qui a en même temps "pris la mesure de l'urgence" car le premier rapport du juge-enquêteur devra être remis le 9 janvier prochain. "Ce délai va permettre de savoir ce qu'il s'est réellement passé, car nous n'avons toujours pas d'informations sur les remontées d'argent" qui ont eu lieu entre Go Sport et sa maison-mère. Contacté, l'avocat du groupe HPB n'a pas répondu à nos sollicitations à ce stade.

Pas d'urgence pour HPB, qui incite au "retour au calme"

Le groupe HPB s'était cependant déjà défendu une première fois à l'audience, devant le tribunal de commerce de Grenoble lundi 19 décembre, en brandissant un second rapport d'expertise, mené par le cabinet de 8 Advisory. Rapport contrecarré immédiatement par l'avocate du CSE de Go Sport, qui rappelait qu'il "manquait certains éléments à l'intérieur de celui-ci, car il arrêtait son évaluation à fin novembre".

Ce mercredi, le propriétaire bordelais va cependant un cran plus loin dans sa défense et s'appuie sur la décision du tribunal de commerce de Grenoble pour évoquer "une décision doit permettre aux 2.160 collaborateurs de Go Sport, injustement inquiétés par la diffusion d'informations erronées, infondées, dénigrantes ou diffamatoires sur l'entreprise et ses dirigeants, de retrouver la sérénité et la confiance dans leur entreprise et dans le travail déjà réalisé depuis la reprise de Go Sport par Hermione People and Brands, il y a moins d'un an".

Il ajoute que cette décision "doit aussi contribuer au nécessaire retour au calme et à l'esprit de responsabilité dont Go Sport et ses partenaires ont besoin pour réaliser les objectifs de l'entreprise, dont le retour aux bénéfices dès 2023, après 17 années de pertes".

L'arrivée d'un nouveau directeur général

HPB en profite pour annoncer "la nomination et l'arrivée, début janvier 2023, d'un nouveau directeur général de Go Sport en remplacement de l'ancien directeur général".

Début décembre, le directeur général de Go Sport, Benoit Verdier, avait en effet quitté l'entreprise "sans aucune explication" après onze mois passés en poste et l'annonce d'un nouveau plan stratégique, relevait un élu du personnel auprès du journal Le Monde.

Un départ qui avait été précédé de celui de la directrice administrative et financière, elle-même salariée au sein du groupe depuis dix-sept ans. Depuis, la direction est assurée conjointement par Wilhelm Hubner, président de HPB, et Samuel Alimi, vice-président.

C'est donc à nouveau pour tirer la situation financière au clair, et connaître précisément le nombre de fournisseurs restant à payer, que le tribunal de commerce de Grenoble a décidé de laisser un nouveau délai d'étude à son juge-enquêteur, qui sera chargé de croiser les chiffres. Avec des préoccupations grandissantes des salariés, qui craignaient depuis plusieurs jours de devenir "le nouveau Camaïeu".

"L'idée est bien de prendre les choses en main et d'éviter que Go Sport ne subisse le sort de Camaïeu, où le redressement est arrivé trop tard", rappelait l'avocate du CSE, Evelyn Bledniak.

"Nous pouvons espérer que la lumière sera faite sur le sort des 36,3 millions d'euros remontés de Go Sport sur HPB consacrés prétendument pour 26,5 millions à une opération de croissance externe confidentielle et qui manquent aujourd'hui cruellement aux entités Go Sport", a indiqué le communiqué de presse publié ce mercredi par le CSE du groupe.

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