Industrie textile : depuis la Loire et Pyrénées, ce projet de reprise qui veut faire revivre la marque Camaïeu

Le petit groupe textile MLT, implanté dans les Pyrénées Atlantiques et dans la Loire, va déposer une offre de reprise de la marque Camaïeu à l’occasion des prochaines enchères. Fervent défenseur du Made in France, Manufacture de Layette et Tricots entend repositionner Camaïeu sur des collections fabriquées en France, avec un projet de reconstruction envisagé sur 20 ans.
MLT espère reprendre la marque Camaïeu pour des ventes, en ligne dans un premier temps, de vêtements fabriqués en France. Pour l'instant, MLT est la seule à avoir communiqué officiellement son intention de déposer une offre mais elle n'est sans doute pas la seule sur les rangs.
MLT espère reprendre la marque Camaïeu pour des ventes, en ligne dans un premier temps, de vêtements fabriqués en France. Pour l'instant, MLT est la seule à avoir communiqué officiellement son intention de déposer une offre mais elle n'est sans doute pas la seule sur les rangs. (Crédits : Eric Gaillard)

Son annonce, dans un post Linkedin, fait le buzz, il en est déjà à plus d'1,6 million de vues, 33.000 likes et près de 2.000 commentaires. A tel point que le réseau social l'a même bannie quelques heures de ses pages, suspectant le travail de robots automatisés et programmés pour faire monter les audiences... Il faut dire que l'histoire pourrait être très belle, elle vient raviver la flamme des défenseurs du made in France.

Karine Renouil-Tiberghien, co-dirigeante avec Arnaud de Belabre, du petit groupe textile MLT (80 salariés ; 7,5 millions d'euros de chiffre d'affaires), vient d'annoncer leur intention de déposer une offre de reprise de la marque Camaïeu. Après les stocks, dont l'essentiel (18 des 20 lots, soit 3,8 millions d'euros de vêtements) a été repris par le réseau Noz au début du mois, ce sera au tour des bureaux, des meubles, des outils... et donc de la marque en elle-même d'être mis aux enchères. Et c'est bien sur ce dernier point qu'entend se positionner MLT.

« Aujourd'hui, 3% des vêtements portés par les Français sont fabriqués en France. Cela a progressé ces dernières années grâce au travail de plusieurs acteurs mais nous n'en sommes toujours qu'à 3,2%. Il faut que ça bouge ! Or, Camaieu représente plusieurs points de la mode française, c'est une opportunité en or pour faire bouger les lignes plus vite ! », pointe la cheffe d'entreprise.

Le projet : repositionner Camaieu sur le made in France

Le combat de Karine Renouil-Tiberghien et Arnaud de Belabre pour le fabriqué en France remonte à 7 ans. Ils s'étaient alors associés pour reprendre la petite entreprise Manufacture de Layette et Tricots à Pau. Celle-ci tricotait en France mais confectionnait en Tunisie. « C'était déjà ça, nous nous sommes battus pour montrer qu'on pouvait parfaitement tricoter en France, à un prix compétitif », raconte la dirigeante.

Trois ans plus tard, le duo reprenait la PME Jean Ruiz à Roanne (Loire), spécialisée notamment dans le tricotage 3D, puis il y a deux ans, l'entreprise Marcoux-Lafay à Saint-Agathe-la Boutheresse, toujours dans la Loire. Depuis, le groupe a fait entrer le textile fabriqué en France dans les rayons de nombreuses enseignes de la grande distribution : Leclerc, Kiabi, Super U, Auchan, Carrefour, Aubert, Cora etc.

L'idée de la reprise de Camaïeu est arrivée sur la table il y a six mois environ. « Nous cherchions une marque à reprendre, disposant déjà d'un site internet, et qui pourrait devenir notre fer de lance pour nos collections adultes. Pour les bébés, la marque Manufacture de Layette fonctionne très bien mais pour les adultes, nous avions plus de mal à imposer une marque », relate Karine Renouil-Tiberghien.

« Mon associé a évoqué l'idée de Camaïeu... je lui ai répondu qu'il était fou... mais il est revenu plusieurs fois à la charge. Et puis, en constatant l'attachement des Français à cette belle marque qui fabriquait en France à ses débuts, avant de tout délocaliser, on s'est dit banco, allons-y, c'est peut-être ce qu'il nous faut pour faire bouger les pourcentages du made in France ! Il s'agit peut-être du petit coup de folie dont les usines textile françaises ont besoin pour des commandes non plus de centaines mais de milliers de pièces».

Karine Renouil-Tiberghien évoque un projet de reconstruction de Camaïeu sur 20 ans. Avec au cœur du travail, des collections fabriquées en France. Par les usines paloise et roannaises de MLT, mais pas seulement puisqu'à elles seules, elles ne pourraient pas répondre à la demande que les dirigeants de MLT espèrent très importante.

Le savoir-faire de l'écosystème français serait appelé en renfort : « nous n'allons pas faire tout cela seuls, c'est certain. Nous pourrions par exemple nous appuyer sur le savoir-faire en matière de jeans de 1083, sur la nouvelle filière française du lin, sur les matières recyclées de Renaissance etc ».

Le montant de l'enveloppe sera déterminant

Le renouveau de la marque passerait d'abord par des ventes en ligne puis, pourquoi pas, par des boutiques franchisées. « Pas dans trois mais dans plusieurs années, c'est un projet à long terme ! ».

Mais si le projet est beau sur le papier et suscite l'enthousiasme des industriels textiles français, des clients et des ex-salariés de Camaieu, il n'en reste pas moins qu'il est suspendu au verdict des enchères prévues dans quelques semaines.

Pour l'instant, MLT est la seule à avoir communiqué officiellement son intention de déposer une offre mais elle n'est sans doute pas la seule sur les rangs. D'ex-fournisseurs (étrangers) de Camïeu pourraient être intéressés, tout comme des conglomérats de marques à l'instar de la reprise en cours de Pimkie par Lee Cooper/Kinfy/Ibisler Tekstil. En communiquant, les deux dirigeants de MLT (dont l'enveloppe reste limitée par l'envergure de l'entreprise) espèrent obtenir le soutien des pouvoirs publics et attirer l'attention d'autres acteurs pour avancer, éventuellement à plusieurs sur ce projet.

Si la reprise de la marque Camaïeu n'aboutissait pas, MLT poursuivra sa quête d'une marque adulte pour continuer son chemin du fabriqué en France.

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Commentaire 1
à écrit le 20/11/2022 à 1:10
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Des cols roulés, OUI, mais Français.👍

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