Impact environnemental : comment la filière de la piscine se jette à l’eau (piscine à énergie positive, réemploi de l’eau…)

Alors que certains territoires ont dû fermer les portes de leurs piscines publiques pour faire face à l’explosion des coûts de l’énergie, la CAPI ouvre elle, à Bourgoin-Jailleu (Nord-Isère) son nouvel établissement flambant neuf : un bâtiment de 600m² abritant la première piscine BEPOS (Bâtiment à Energie Positive) de France. Au-delà de cette piscine se voulant exemplaire, c’est toute la filière qui doit se réinventer pour faire face aux enjeux environnementaux. La question sera au cœur du salon Piscine Global, la grande messe du secteur, qui se tiendra à Lyon en novembre prochain.
Alors que le pisciniste Desjoyaux a vu ses commandes boostées par la canicule de cet été, les acteurs de la filière planchent désormais pour que leur activité ne deviennent pas synonyme de surconsommation. En témoigne notamment la première piscine à énergie positive installée dans le Nord-Isère, ou les réflexions engagées par la Ville de Grenoble sur le réemploi de l'eau des bassins.

La sécheresse, les restrictions d'eau probablement de plus en plus fréquentes à l'avenir, la prise de conscience de la nécessité d'une utilisation plus raisonnée d'une ressource précieuse qui a pu conduire cet été à des pillages et à des actes malveillants sur des spas ou des piscines...

Tous ces facteurs, largement exacerbés lors de ce dernier été caniculaire, ne semblent pas pour le moment impacter les ventes de piscines privées. Le pisciniste ligérien Desjoyaux (161 millions d'euros de chiffre d'affaires) profite même d'une embellie. « Plus les étés sont chauds, plus les commandes de piscines sont nombreuses. Pour l'instant, les consommateurs voient au contraire dans la piscine une manière de mieux vivre le changement climatique », observe ainsi son dirigeant, Jean-Louis Desjoyaux.

Selon les tous derniers chiffres disponibles, la région Auvergne Rhône-Alpes dispose de 459.000 bassins privés (enterrés et hors-sol).

Pour autant, les acteurs du secteur de la piscine travaillent sur le sujet pour tenter de réduire l'impact environnemental de leur activité.

Économiser l'eau, l'énergie, les émissions de CO2 : les priorités de la filière

« Les champs d'investigation sont nombreux. Il y a le sujet de la consommation d'eau et d'énergie bien entendu mais la filière travaille aussi sur la question de la gestion des déchets, du traitement de l'eau, de l'entretien et de la rénovation des bassins », énumère Florence Rousson Mompo, directrice de la division GreenTech + de GL Events.

Elle travaille en étroite collaboration avec la FPP, la Fédération des Professionnels de la Piscine à l'occasion du salon Piscine Global qui se tiendra du 15 au 18 novembre prochain à Lyon, événement considéré comme la grande messe du secteur.

Selon la FPP, la consommation d'eau des bassins a ainsi diminué de -45% en 25 ans grâce à la mise au point de nouvelles techniques de filtration plus efficaces mais aussi, en raison de la réduction de la taille moyenne des bassins désormais installés. Les systèmes de chauffage, filtration et éclairage seraient par ailleurs 40 fois moins énergivores qu'au début des années 80.

« Ces performances vont continuer de progresser. Dans les prochaines semaines, une norme environnementale européenne va être publiée, pour entrer en vigueur en 2023. Elle permettra de classifier les équipements pour la piscine en fonction de leurs performances énergétiques. Cette réglementation permettra de délivrer une information claire sur le sujet et poussera l'ensemble de la filière à progresser ».

La directrice de la division GreenTech+ de GL promet d'ailleurs une focalisation particulière du prochain salon Piscine Global sur cette thématique de la responsabilité environnementale. « Toute la filière est alignée sur cette dynamique, il ne s'agit pas d'une stratégie de façade », assure-t-elle.

A Bourgoin-Jallieu, la première piscine publique à énergie positive

Dans cette dynamique, les collectivités locales commencent à apporter leur pierre à l'édifice. C'est le cas notamment de la communauté d'agglomération Portes de l'Isère (CAPI).

Alors que certains territoires ont dû fermer les portes de leurs piscines publiques pour faire face à l'explosion des coûts de l'énergie, la CAPI ouvre elle, à Bourgoin Jailleu son nouvel établissement flambant neuf : un bâtiment de 600m² abritant la première piscine BEPOS de France. Un challenge technique et environnemental à 13,5 millions d'euros accompagné par le Département de l'Isère, la Région, le Feder et le plan de soutien aux collectivités locales de l'Etat.

« Notre projet remonte à 2014, il aboutit aujourd'hui. Nous avons souhaité laisser le temps aux différents partenaires et prestataires de concevoir une piscine performante », observe Jean Papadopulo, le président de la CAPI.

Au menu de cette piscine à énergie positive : une proximité avec le réseau de la chaleur de l'agglomération, de larges surfaces de panneaux photovoltaïques (700m²) qui permettront d'alimenter à hauteur de 30% l'équipement, des matériaux biosourcés performants en matière d'isolation, une déshydratation de l'air par renouvellement de l'air neuf extérieur, etc.

« Les éclairages ont été particulièrement réfléchis car ils représentent une lourde charge dans les piscines. Des systèmes sophistiqués de points d'entrée de lumière ont été mis en place », ajoute Jean Papadopulo. A noter aussi, la récupération des calories de l'eau chaude des douches pour chauffer l'eau des bassins.

Ou encore le système de plancher amovible sur un tiers de la surface de la piscine permettant d'adapter la hauteur à l'usage du moment (enfants, nageurs etc) et donc de ne pas multiplier inutilement le nombre de bassins. Résultat : une consommation annuelle de 1.800 kwh/m² au lieu des 4.000kwh/m² habituellement constatés sur ce type d'établissement.

A Grenoble, une réutilisation des eaux des bassins

Autre exemple de bonne pratique déployée par les collectivités, acculées à une optimisation des ressources : en Isère toujours, mais à Grenoble cette fois. L'été dernier, la Ville de Grenoble a mis en œuvre une opération inédite de réemploi de l'eau de la piscine publique Jean Bron.

2.750m3 d'eau ont été utilisés pour le nettoyage de l'espace public et l'arrosage des espaces. Une initiative née de la situation de sécheresse exceptionnelle de cet été mais qui pourrait être désormais être pérennisée. Habituellement, les eaux des bassins repartent dans le circuit de traitement des eaux usées, à l'occasion des renouvellements d'eau.

« Toutes les parties prenantes ont pris conscience de la nécessité d'avancer rapidement sur ce sujet de la préservation des ressources et de la limitation de l'impact carbone. Les technologies avancent, les prochaines années devraient permettre de nouvelles avancées significatives », conclut la directrice de Piscine Global.

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