Pour les deux institutions patronales, toutes deux déclinées à l'échelle locale et régionale, l'année 2022 marquera sans conteste une nouvelle étape majeure en matière de gouvernance.
A commencer par la CPME, dont le conseil d'administration entérinait ce mardi soir les noms des deux successeurs de François Turcas, tant pour le Rhône que pour la région Auvergne Rhône-Alpes. Car après 30 ans passés à la tête des deux branches de l'institution représentative de laConfédération des Petites et Moyennes Entreprises), tournée vers les TPE-PME, artisans et commerçants, le patron du syndicat patronal âgé de 75 ans a estimé qu'il était temps de passer les rênes.
Non sans émotion puisque c'est lui qui avait contribué à fonder l'antenne rhodanienne de la CGPME, qui était à l'époque implantée à l'échelon national, mais pas au sein de l'ex-Rhône-Alpes.
Depuis, la CPME regroupe 3.500 adhérents et assure notamment la présidence de la CCI Lyon Métropole depuis 12 ans, qui se positionne comme la plus grande CCI métropolitaine de France, fusionnée en 2016, avec à sa tête depuis 2019, Philippe Valentin.
Et dans cette nouvelle page qui s'amorce pour la CPME, le choix a été fait de scinder désormais en deux la gouvernance de l'institution patronale, comme le font déjà ses homologues du Medef et d'autres institutions. Et de passer à la génération suivante, puisque ce sont désormais majoritairement des quinquas et des quadras qui prendront leurs nouvelles fonctions prochainement.
Officiellement, la CPME a fait les choses en grand à cette occasion, puisque les noms des deux successeurs de François Turcas seront annoncés lors du grand rassemblement Made in PME, qui se tiendra ce jeudi 24 mars à Eurexpo.
Avec à la clé, 500 PME exposantes et plusieurs milliers de visiteurs attendus, et comme point d'orgue, une soirée célébrant les 30 années de présidence qui viennent de s'écouler.
Un habitué pour prendre les rênes de la délégation rhodanienne
Mais désormais, on sait déjà que pour lui succéder dans son fief du Rhône, l'emblématique patron a choisi un nom, lui aussi bien connu au sein de l'institution : il s'agit de son « bras droit » depuis 25 ans, Franck Morize, qui assumait depuis 1998 le poste de secrétaire général de la CPME du Rhône.
Il venait d'ailleurs tout juste de quitter son poste en fin d'année 2021 pour se lancer plus activement dans une carrière entrepreneuriale, puisqu'il avait repris deux ans plus tôt avec son épouse la Laiterie du Mont-Aiguille basée dans le Trièves, en Isère... Mais il aura finalement choisi de revenir pour assurer la continuité au sein de l'organisation.
Franck Morize devrait donc officiellement (re)prendre ses fonctions au 1er juillet prochain, soit après trois mois de passation avec son ancien patron, François Turcas.
Outre son expérience passée à la CPME du Rhône, Franck Morize, 53 ans, avait débuté sa carrière en tant qu'assistant parlementaire auprès du député RPR de Villeurbanne de l'époque, Roger Caille en 1993, avant de devenir directeur des relations extérieures de Jet Services puis de rejoindre ce qui était encore la CGPME du Rhône en 1998, comme secrétaire général de François Turcas.
Préparer la succession et rétablir l'équilibre des forces
Le nouveau président ne reprendra toutefois pas seul la direction de la CPME du Rhône : trois vice-présidents devaient être désignés à ses côtés afin d'incarner à la fois la génération montante, mais aussi celle appelée à prendre à l'avenir sa future succession, alors qu'il devrait être pour l'heure chargé d'un mandat de trois ans.
Franck Morize devrait ainsi être épaulé par Gaëtan de Sainte-Marie, le pdg de la plateforme collaborative de services aux entreprises Qantis (46 ans), mais également de Philippe Bossane, pdg du spécialiste des campings nature Huttopia, ainsi que de Vincent Girma, le PDG du groupe d'intérim lyonnais de RAS Intérim (53 ans), qui avait notamment occupé la présidence de l'Agefos PME Rhône-Alpes.
Du côté de la branche régionale de la CPME Auvergne-Rhône-Alpes, François Turcas a proposé deux noms : en premier lieu l'actuel président de la CPME Loire, Daniel Villaréale (57 ans) aux commandes de l'imprimeur ligérien ICE Impression numérique et Routage, avec, comme vice-président délégué, le président de la CPME Isère, Jérôme Lopez, dirigeant du fabricant de protecteurs et de collecteurs à aiguilles pour l'industrie médicale Parolai Stil'Eco.
Objectif : éviter ainsi les querelles intestines, et notamment une forme d'hégémonie lyonnaise, qui pourrait ainsi être reprochée. Le secrétaire général de la CPME régionale, Cyril Amprino, 55 ans, devrait quant à lui conserver son siège.
Un recrutement en cours au Medef également, arrivant de Paris
Du côté du Medef Lyon Rhône, c'est aussi la direction générale qui s'apprête à être remise en jeu en mai prochain.
Après avoir renouvelé sa présidence l'an dernier avec l'arrivée de Gilles Courteix, l'antenne lyonnaise du syndicat patronal se prépare également à accueillir le successeur de Jean-Louis Joly, 61 ans, qui a annoncé qu'il quitterait en effet son poste de directeur général, à l'issue de douze années.
Et selon les informations du média local Lyon Décideurs, le nom est déjà connu : il s'agirait de Matthieu Labbé, un profil de portée nationale puisqu'il occupe encore actuellement le poste de chef de cabinet de Franck Riester au ministère du Commerce extérieur et de l'Attractivité.
Si rien n'est confirmé à ce stade comme le rappelle le Medef Lyon Rhône, interrogé par La Tribune, on peut toutefois observer que le nom de Matthieu Labbé, dévoilé dans la presse, traduit un profil solide : à la fois en dehors du sérail lyonnais, tout en étant au fait des préoccupations du monde économique.
Le parcours de ce possible candidat
Diplômé, entre autres, d'un Master 2 de Sciences Politiques à l'ISMAPP, le pressenti Matthieu Labbé a en effet débuté sa carrière sur la scène politique, aux côtés d'un député LR de la région, le drômois Hervé Mariton.
Il aura ensuite gravi les échelons de deux syndicats professionnels : en prenant en premier lieu le secrétariat général du Syndicat des professionnels de centres de contacts (SP2C) qui fédère le secteur des centres d'appels, puis le poste de délégué général de la Fédération des entreprises de boulangerie et pâtisserie (FEB).
Il a ensuite rejoint le cabinet de Franck Riester, en premier lieu en tant que conseiller en charge des territoires, de la société civile et des élus locaux, avant de devenir son chef de cabinet l'an dernier.
A ce titre, sa nomination au Medef du Rhône pourrait suivre une logique de calendrier puisqu'au vu des prochaines élections présidentielles, le gouvernement Castex devrait démissionner à la fin avril, pour laisser la place à sa succession. Du côté du Medef, le calendrier, toujours pas confirmé à ce stade, pourrait cependant coïncider avec une arrivée prévue en mai, alors que l'assemblée générale de l'institution est prévue en juin prochain.
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