Basket : ce que l'Asvel féminin attend du statut d'entreprise à mission, une première pour un club de haut niveau

Après l'arrivée du célèbre basketteur Tony Parker comme actionnaire majoritaire en 2017, l'Asvel féminin (rebaptisé LDLC Asvel féminin depuis un contrat de naming en 2019) annonce un pas déterminant pour son statut, mais aussi pour son coeur de métier : car en se dotant du statut d'entreprise à mission, le club de basket féminin, qui vise encore un retour en Euroligue, entend bien à la fois mettre le sport au service de plusieurs causes, mais aussi diversifier, de facto, ses revenus. Il devient ainsi le premier club de haut niveau français à choisir ce statut.
En plus de coucher sur papier certaines de ses valeurs à travers son passage à entreprise à mission, l'Asvel féminin (ajourée appelée LDLC Asvel féminin) a aussi, en ligne de mire, les retombées potentielles des JO 2024 de Paris, mais aussi l'ambition de créer un nouveau facteur d'attractivité dans l'économie concurrentielle du basket.
En plus de coucher sur papier certaines de ses valeurs à travers son passage à entreprise à mission, l'Asvel féminin (ajourée appelée LDLC Asvel féminin) a aussi, en ligne de mire, les retombées potentielles des JO 2024 de Paris, mais aussi l'ambition de créer un nouveau facteur d'attractivité dans l'économie concurrentielle du basket. (Crédits : DR/infinity nine medias)

C'est un passage inédit, pour un club de son envergure. L'Asvel féminin, détenu depuis 2017 à majorité par le célèbre joueur de basket Tony Parker (de même que son cousin, la branche masculine de l'Asvel) et couronné par le titre de Cham­pion de France en 2019 a officialisé, ce vendredi, son passage au statut d'entreprise à mission.

Après avoir été un club sous statut de  société anonyme sportive professionnelle (SASP) puis de SAS - tout en faisant l'objet d'un contrat de naming avec le distributeur high tech lyonnais LDLC pour une durée de quatre ans en 2019-, c'est donc désormais une toute autre "mission" qui attend le club de basket de Lyon-Villeurbanne.

Car comme le précise sa présidente déléguée, Marie-Sophie Obama, cette nouvelle étape traduit plusieurs évolutions pour le club : à commencer, bien sûr, le renforcement des engagements sociétaux du club, qui seront inscrits et résumés désormais au sein d'une raison d'être, comme le veut le statut d'entreprise à mission : à savoir, "mettre sa passion au service de la société afin que chaque petite fille, chaque femme, puisse réali­ser ses rêves et devienne la capi­taine de sa vie".

Les engagements de l'Asvel au sujet de l'emploi, de l'insertion, ou encore de l'aide aux femmes victimes de violences ne sont pas nouveaux : mais désormais, ils vont pouvoir être non seulement réaffirmés, mais surtout constituer un nouveau pilier de développement du club.

Un nouveau pilier de développement pour le club

Car la cible poursuivie par le club dirigé par Marie-Sophie Obama est belle et bien que les missions sociétales de LDLC Asvel féminin se traduisent par un nouveau modèle économique et notamment de nouveaux services, qui seront proposés aux collectivités, aux entreprises ou encore au tissu associatif. Avec toujours, la volonté de placer le sport comme courroie de transmission.

"Nous nous sommes fixés comme objectif le fait de générer autant de chiffre d'affaires sur nos actions sociétal que sur notre performance sportive", résume sa présidente déléguée, qui ne communique pas directement sur la chiffre d'affaires du club, mais sur un budget annuel estimé à 4 millions d'euros chaque année.

Concrètement, c'est donc tout un nouveau pilier que la branche féminine va développer, en premier lieu à destination de partenaires potentiels, et notamment d'entreprises privées, qui pourraient ainsi soutenir les actions du club au titre de leurs politiques RSE. Mais c'est aussi, plus largement pour le club, un moyen de proposer ses services, à la fois à travers un organisme de formation qui vient d'obtenir un agrément pour la formation professionnelle,

"Le sport restera central pour nous car il nous servira de support et de médium pour activer des échanges directement au sein de nos salles de basket, ou par le biais d'expériences partagées avec nos joueuses."

Avec la volonté de pouvoir ainsi mettre sur pied des ateliers dans le monde de l'entreprise, mais aussi des collectivités, du monde associatif, et même l'enseignement, en touchant les collèges ou les lycées, etc...

"Nous pourrions ainsi être amenés à mettre des actions d'accompagnement en place sur différentes thématiques comme la féminisation ou la mixité, ou encore le soutien à l'épanouissement des femmes, notamment à destination de personnes en situation de handicap, aux publics en reconversion professionnelle, ou même sur la manière d'intégrer le bien-être et la performance physique au sein des entreprises".

D'ailleurs, le club cible déjà l'échéance des JO 2024 de Paris pour faire rayonner son modèle à un autre niveau : "Nous avons, avec les Jeux Olympiques en ligne de mire, clairement l'objectif de rencontrer les entreprises et de leur présenter notre projet afin de leur offrir un autre type de visibilité".

Un modèle jusqu'ici difficile à équilibrer

Un responsable de projet va ainsi être dédié à la mise en place de cette nouvelle branche au sein du club, qui s'appuiera donc sur ses joueuses, mais aussi sur un réseau de coachs et formateurs agrémentés et déjà proches du club, ainsi que plus largement, sur un "pool santé" composé de kinésithérapeutes, préparateurs physiques, ostéopathes, etc.

Avec clairement, l'ambition d'atteindre la rentabilité, en développant des sources de revenus additionnelles :

"Nous étions jusqu'ici dans une phase de développement du club qui était clairement assumée par nos actionnaires, mais notre objectif reste d'atteindre l'équilibre et de pérenniser le club", soutient Marie-Sophie Obama. "L'an dernier, le fait de jouer à huit clos a clairement été une difficulté supplémentaire, même si notre modèle repose beaucoup sur le soutien de nos actionnaires et très peu sur la billetterie".

Car depuis le rachat amorcé en 2017 par le basketteur professionnel Tony Parker au poste d'actionnaire majoritaire, le club (né en 2000 de la fusion entre le FC Lyon Basket féminin et l'Association laïque Gerland Mouch) n'avait pas encore atteint la rentabilité.

Et le Covid aura lui aussi ralenti son rythme de développement, alors que Tony Parker avait déjà posé une première brique avec le rachat, en parallèle, de la branche masculine de l'Asvel (qui demeure toutefois une entité séparée), dans l'optique de lancer ensuite son académie de formation (la "Tony Parker Academy").

En 2019, l'OL Group était même entré au capital du club féminin, à hauteur de 10%, aux côtés du tandem Tony Parker- Nicolas Batum (qui détiennent tous deux 65% à travers une holding), mais aussi du distributeur de high tech lyonnais LDLC, arrivé lui aussi cet été à hauteur de 10%.

Près de 8% demeurent détenus par le groupe Serfim, tandis que le reste du capital reste aux mains de quelques entrepreneurs de la région (comme Nathalie Pradines dirigeante de Comadequate, Ou Roland Tchenio, fondateur de Toupargel...)

Des objectifs financiers aux cibles sportives

"LDLC Asvel féminin évolue encore aujourd'hui dans une salle de 1.200 personnes et nous tenons à rester accessibles, avec une part de la billetterie et de l'hospitalité qui ne dépasse pas 10% au sein de notre modèle, tandis que près de la moitié de notre budget est assumée par du naming et du partenariat", concède Marie-Sophie Obama. Le club peut également compter, pour un peu moins de 5% de son budget, sur des subventions des collectivités locales, ainsi que pour 3 à 4% sur des achats et prestations déjà fournies aux collectivités, notamment en visibilité.

Côté sport, même si elle vient d'être éliminée la semaine dernière de la Coupe de France, qu'elle avait remporté en 2019, l'équipe souhaiterait, d'ici 2024, reconquérir les championnats de France à nouveau et même intégrer le top 4 de l'Euroligue, qui rassemble les quatre meilleures équipes européennes de sa discipline. "Cela fera 20 ans qu'une équipe française n'aura pas accédé à ce titre, même s'il y a encore du chemin à réaliser", admet la présidente déléguée.

D'ailleurs, Marie-Sophie Obama compte indirectement sur son passage à 'entreprise à mission pour asseoir un autre objectif, sportif cette fois :

"Nous n'avons pas forcément les moyens de recruter et de rivaliser en matière de salaires auprès des joueuses qui peuvent évoluer au sein des clubs européens, dans une économie du basket se joue actuellement beaucoup en Russie ou en Turquie, et nous espérons que ce statut sera une pierre de plus afin de sensibiliser les joueuses à notre projet".

La branche féminine, "cousine" de l'Asvel masculin, affiche aussi la volonté de se poser "un peu comme un laboratoire, dans le monde du sport" : "C'est l'occasion de s'appuyer sur notre agilité et de montrer que ce modèle peut être viable et que l'on peut construire un projet autour de valeurs fortes, afin que les acteurs deviennent à l'avenir, encore plus engagés".

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