En quelques mois, Antidots vient de lever 10 millions d'euros auprès de plusieurs business angels et investisseurs privés. La petite entreprise est pourtant restée discrète, elle qui travaille en marque blanche depuis sa création, il y a vingt ans à Aix-les-Bains (Savoie), par Nicolas Bonhomme. C'est elle, cette start-up de 37 salariés, pour un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros en 2023, qui se cache, par exemple, derrière la plateforme de réservation lancée en juin dernier par la salle de spectacles Paris la Défense Arena. Une plateforme au service jusqu'ici inédit en France pour ce type de structure, offrant la possibilité aux spectateurs de réserver sur son site non seulement leurs tickets d'entrée, mais aussi leur hébergement et leur transport. Le tout dans un même panier digital, en un seul paiement. Avec en prime, un affichage de l'empreinte carbone associée au déplacement et une proposition globale de transports privilégiant la combinaison la plus propre.

Activités touristiques

C'est Antidots aussi qui se cache derrière la nouvelle plateforme touristique de Médoc Atlantique, lancée également en juin dernier et fédérant quatorze communes du Médoc, de la Pointe de Grave jusqu'à Lacanau (Gironde). Sur un même site, et toujours avec un seul paiement, les touristes peuvent y réserver leur transport, leur hébergement et leurs activités (plus de 600 disponibles à ce jour).

L'année dernière, la petite entreprise savoyarde avait aussi construit une plateforme pour l'agence Savoie Mont-Blanc, organisme touristique fédérant 110 stations des Alpes. Baptisée « Go Savoie Mont-Blanc », elle se présente comme un MaaS (Mobility as A Service) - c'est-à-dire une plateforme numérique permettant la planification, la réservation et le paiement d'un trajet multimodal - facilitant le déplacement des voyageurs jusqu'à chacune des 110 stations alpines. Avec toujours, un paiement unique pour l'avion, le bus, ou encore le taxi, si la combinaison retenue agrège plusieurs modes de transports.

Lire aussiGo Savoie Mont Blanc : quand le MaaS se met au service du dernier kilomètre en stations (et de sa décarbonation)

Depuis, ce Maas a fait des petits, avec la déclinaison en 25 plateformes personnalisées pour, notamment, Tignes, Val Thorens, la Clusaz etc. Avec des services additionnels dans la même démarche d'achat : réservation d'hébergements ou de forfaits de ski.

Agrégation de 700 flux

« La mobilité est l'épine dorsale d'Antidots, avec une ambition : décarboner au maximum les déplacements. Les combinaisons de modes de transport les plus durables sont toujours proposées en priorité aux clients, avant les alternatives plus rapides. C'est important car on sait aujourd'hui que le transport représente en moyenne 70% du bilan carbone d'un séjour. Il faut faciliter une démarche plus vertueuse du client en lui présentant des solutions simples », explique Grégory Guzzo, le directeur général de l'entreprise, associé depuis 2021 et ex-directeur de la station de Val Thorens.

Pour y parvenir, l'équipe d'Antidots travaille depuis 2015 à la constitution d'un Maas qu'elle présente comme mondial. Et « unique au monde ».

« Nous agrégeons plus de 700 flux. Nous sommes connectés à 280 compagnies aériennes, à l'ensemble du catalogue SNCF et des trains limitrophes à la France, aux compagnies de location de voiture, de taxis, aux réseaux de transport en commun etc. Notre offre repose sur un supercalculateur et un super agrégateur en dynamique des modes de transport disponibles », précise Grégory Guzzo.

L'entreprise investit chaque année deux à trois millions d'euros en R&D pour poursuivre le perfectionnement et le développement de son offre. La levée de fonds opérée ces derniers mois doit lui permettre d'alimenter cet axe mais aussi d'accélérer son déploiement à l'international.

Décollage

Après plusieurs années de R&D, l'entreprise d'Aix-les-Bains (initialement positionnée sur la billettique) connaît ces derniers mois une franche accélération. Son chiffre d'affaires a été multiplié par deux cette année, passant de 4,5 millions d'euros à 10 millions d'euros. 2024 devrait être sur la même tendance avec un objectif de 20 millions d'euros. Elle vient d'ailleurs de signer avec ses deux plus gros clients (dont les noms restent pour l'instant confidentiels) : une capitale européenne pour une plateforme proposant transports, hébergements et activités et, rien de moins, un État (à l'autre bout du monde). « Ce n'est pas le seul, nous sommes en discussion avec plusieurs pays, notre croissance devrait être très forte dans les prochains mois », assure Grégory Guzzo.