Covid long : la biotech GeNeuro cherche à « lier le sujet protéique et génique » avec Verily (Google)

La biotech franco-suisse GeNeuro a officialisé en octobre un partenariat de recherche avec Verily, filiale d'Alphabet, la maison mère de Google, afin de poursuivre ses études sur les rétrovirus endogènes humains grâce à de grandes bases de données. La société, cotée en Bourse, développe une réponse médicamenteuse au Covid long. Elle mène en ce moment une étude clinique de phase 2 en Europe et entend outrepasser le champ protéique, pour ouvrir ses recherches à celui de la génétique.
La biotech franco-suisse GeNeuro travaillera à partir des bases de données de la filiale santé d'Alphabet, maison mère de Google, autour des liens génétiques entre la protéine W Env et le Covid long, en vue de développer une réponse thérapeutique.
La biotech franco-suisse GeNeuro travaillera à partir des bases de données de la filiale santé d'Alphabet, maison mère de Google, autour des liens génétiques entre la protéine W Env et le Covid long, en vue de développer une réponse thérapeutique. (Crédits : DR Geneuro)

Covid long : la biotech GeNeuro va chercher les causes génétiques avec Verily (Google)

Et si certaines réponses à des pathologies pour l'instant inexpliquées pouvaient se trouver dans l'ADN ? La biotech franco-suisse GeNeuro travaille à ces hypothèses en analysant, depuis 2006, les rétrovirus endogènes humains (REH) issus de nos ancêtres. Pour des raisons multiples, ceux-ci peuvent parfois se réveiller et participer à certaines pathologies, en générant ou activant une protéine. Cette hypothèse est notamment émise pour la sclérose en plaque, dont un lien avec la protéine HERV-W-Env a été observé dans plusieurs études, confirmant son rôle possiblement neuropathogène.

« La variabilité interpersonnelle est très importante, détaille à La Tribune Jésus Martin-Garcia, directeur général de GeNeuro. Certaines personnes dites "susceptibles" peuvent exprimer ces protéines, qui se révèlent pathogènes. Normalement ces gênes sont silencieux, mais lorsqu'un virus de l'environnement interagit avec ces cellules, ils peuvent mettre en place ou enlever un certain nombre de mécanismes de répression, ce qui peut engendrer leur réplication ».

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Mais c'est aussi le cas du Covid long et ses symptômes chroniques (fatigue sévère, difficultés respiratoires, céphalées, douleurs). La pathologie aurait affecté deux millions de personnes en France fin 2022 selon Santé publique France, et près de 145 millions dans le monde en 2020 et 2021 selon l'Organisation mondiale de la santé. Si la même protéine W-Env, présente dans l'organisme de certains patients, constituerait l'un des facteurs de la sévérité de la maladie (Covid aigue), mais aussi de sa chronicité (Covid long), il reste encore à trouver et démontrer un lien génétique avec les rétrovirus endogènes humains, présents dans l'ADN.

« Depuis 2022, nous arrivons à faire la détection de cette protéine pathogène dans le sang des patients. Selon nos précédentes études, près d'un tiers des patients atteints de Covid long sont positifs à protéine rétrovirale W-Env », poursuit le directeur général de GeNeuro.

Déjà, à partir des connaissances actuelles, ce spin-off de l'Institut Mérieux et de l'Inserm investigue les solutions médicamenteuses possibles. La société mène d'ailleurs en ce moment une étude clinique de phase 2 auprès de 200 patients porteurs de cette protéine et atteints du Covid long, en vue de valider son anticorps Temelimab, contre la protéine en question. La biotech lyonnaise, portée par les 25 millions d'euros confiés par la banque européenne d'investissement, cherche aujourd'hui une preuve d'efficacité. Les résultats sont attendus en juin 2024 et pourraient déboucher, en cas de résultats très probants, sur des autorisations temporaires d'utilisation en cas d'absence d'autre réponse médicale.

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Du champ protéique vers celui de la génétique

Mais désormais, alors que toutes les clés de lutte n'ont pas encore été mises au jour, la société désire s'ouvrir au champ de la génétique. GeNeuro a signé en ce sens, en octobre, un partenariat de recherche avec Verily, le bras armé « santé » d'Alphabet, la maison mère de Google. Le géant californien va en effet confier à la startup les données de sa base consacrée au Covid long, en vue de travailler non plus sur le seul champ protéique, mais aussi génétique.

« Aujourd'hui, seuls 3 % de l'ADN est vraiment étudié, dépeint Jésus Martin-Garcia. Et sur cette fameuse partie dite "codante", il n'y a pas de réponse claire sur pourquoi certains patients développent un Covid aigüe ou long. Or, nous pouvons constater qu'au niveau protéique, il y a bien une différence puisqu'on la trouve chez les patients. Et la protéique a forcément de la génétique. Nous allons essayer de trouver, ensemble, le lien génétique entre certains gènes et la maladie, en élargissant la lunette de vue sur le reste de l'ADN, notamment sur les rétrovirus REH ».

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Pour le directeur général de GeNeuro, il s'agit là « d'allier les bases de données et la puissance de calcul de Verily avec nos connaissances des rétrovirus endogènes humains, pour essayer de trouver l'essence génétique des pathologies ». L'accord n'évoque, pour le moment, aucune participation financière de la société californienne. Mais déjà, ce rapprochement illustre une « reconnaissance » pour le dirigeant de GeNeuro, mais aussi l'ouverture vers de nouvelles perspectives pour d'autres maladies auto-immunes, dont la sclérose en plaque, où « les virus endogènes peuvent jouer un rôle important ».

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