Pathologie encore méconnue, le Covid long touche un peu plus de 10% des personnes infectées et les mécanismes qui y mènent n'ont pas encore été identifiés. Les symptômes sont variés et handicapants : dysfonctionnement cognitif, intolérance à l'effort, tachyarythmie cardiaque... Pour l'instant, cette pathologie n'est pas soignée par des médicaments et les traitements sont symptomatiques. Selon une étude de janvier 2023, parue dans Nature Review Microbiology, 65 millions de personnes dans le monde seraient atteintes de Covid long.
Un lien avec les rétrovirus
Depuis 2006, GeNeuro travaille sur les rétrovirus endogènes humains (HERV) qui sont « des traces dans le génome humain des infections virales ayant touché nos ancêtres ». Ces HERV représentent plus de 8% de l'ADN humain et ils sont une trentaine de familles. En exploitant la biologie des HERV, GeNeuro développe des traitements pour les maladies neurodégénératives et auto-immunes.
Dans le sang de 25% des patients atteints de Covid long, on retrouve la protéine W-ENV, l'expression d'une de ces familles de rétrovirus (selon une étude de 2021, dans EBioMedicine). Un des enjeux est donc de savoir « si le Covid peut induire l'expression de ces rétrovirus pathogène », commente Branka Horvat, directrice de recherche à l'Inserm et coordinatrice du projet HERVCOV, programme recherche collaboratif sur le Covid et l'expression de HERV W-ENV. L'infection du Covid activerait donc HERV W-ENV dans les lymphocytes de certaines personnes ce qui causerait les symptômes du Covid long.
GeNeuro a déjà développé le temelimab, un anticorps monoclonal ciblant cette protéine. Cet anticorps était à l'origine orienté vers le traitement de la sclérose en plaques (étude de phase 2 en cours) et va donc être essayé pour le traitement du Covid long.
Le traitement recherché par GeNeuro viendrait « interrompre la chaîne entre la protéine spike du Covid et neutraliser une partie du W-ENV », explique Idris Guessous, chef du service médecine de premier recours des Hôpitaux Universitaires de Genève.
Ce traitement consiste à injecter une perfusion par mois pendant six mois et implique 200 participants ainsi qu'un groupe similaire placebo. Pour y participer, il faut donc répondre aux symptômes du Covid long et avoir la protéine W-ENV dans le sang.
La phase 2 des recherches a débuté à l'automne 2022 et devrait s'achever d'ici l'été 2023. L'étude est volontairement menée à marche rapide, d'ici l'été, le dernier patient volontaire devrait avoir reçu la dernière dose.
« C'est la première fois que la BEI s'engage dans la lutte contre cette maladie », note Alessandro Izzo, directeur à la BEI. Le contrat est divisé en trois tranches de financement. La première tranche de 7 millions d'euros, disponible immédiatement, est destinée au soutien de l'essai clinique de phase 2 dans le COVID long. Les autres tranches de 10 millions d'euros et de 8 millions d'euros seront débloquées en cas de succès ce cette phase et seront destinées respectivement à la préparation et au lancement de la Phase 3.
Si le traitement s'avère efficace, il ne pourra donc traiter que 25% des patients atteints de Covid long, soit ceux qui ont la protéine W-ENV. Pour le reste d'entre eux, la recherche avance aussi, avec notamment Pfizer et le Paxlovid.
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