La filière régionale de la santé se fédère dans l'espoir d'accueillir l’un des 3 bioclusters promis par l'Etat

Depuis l'appel du pied du président LR Laurent Wauquiez à Emmanuel Macron, fin 2021, visant à proposer Auvergne Rhône-Alpes comme terre d'accueil d'un biocluster européen en immuno-infectiologie, aucune échéance ou aucun budget n'a encore été annoncé. Mais la Région se prépare et part en conquérante en fédérant autour d'elle les acteurs de la santé, avec en "catalyseur", le pôle de compétitivité Lyonbiopôle.
(Crédits : DR ZFA)

En juin 2021, dans le cadre du plan Innovation Santé 2030, Emmanuel Macron avait annoncé la création de trois bioclusters de dimension mondiale, pour une enveloppe de 300 millions d'euros. Le premier en oncologie a déjà été attribué à Paris-Saclay. Le deuxième, spécialisé en immuno-infectiologie, est celui qui intéresse particulièrement la Région Auvergne Rhône-Alpes, tandis que le troisième reste encore à définir.

Pour le moment, pas d'échéance, de budget et un "périmètre qui va être défini" par l'Etat. Mais les acteurs de la filière s'activent déjà en Auvergne Rhône-Alpes.

Car les attentes sont fortes, dans une région qui regroupe déjà "10.000 chercheurs académiques, 1.250 entreprises et 40.000 salariés dans le secteur de la santé, ainsi que des centres de recherches comme l'Inserm, une plateforme génomique (Auragen), quatre CHU et 400 établissements de santé", d'après Yannick Neuder, vice-président délégué à l'enseignement supérieur, recherche, innovation, numérique et fonds européens.

"Nous avons tous les atouts pour justifier cette candidature", défend Yannick Neuder.

 Un projet "piloté par l'industrie"

"Après la crise, on envisage la souveraineté industrielle [...] de la paillasse au lit du patient", illustre Yannick Neuder. Un cluster que ses promoteurs imaginent aussi comme une solution à de futures pandémies. Il est aussi question de se "positionner dans le domaine du One health, en liant santé humaine, animale et environnement", commente l président de Lyonbiopôle, Philippe Sans.

"Pour être optimal, nous avons besoin d'une montée en puissance. L'enjeu du cluster est de créer un continuum, entre la recherche et la commercialisation", ajoute Bruno Lina directeur du Centre National de Référence de la grippe et Chef du laboratoire de virologie du CHU de Lyon.

En s'appuyant sur Lyonbiopôle, la Région avait déjà commandé une étude qui visait à démontrer "la pertinence de choisir un écosystème local pour créer ce futur pôle
d'excellence". "La proposition comporte la création d'un IHU (Institut Hospitalo- Universitaire) en immuno-infectiologie à Lyon ainsi que la formalisation d'un campus de l'innovation en immuno-infectiologie dans le quartier de Gerland
", annonçait d'ailleurs Auvergne Rhône-Alpes, fin 2021.

Un projet qui restera "piloté par l'industrie" ainsi que par Lyonbiopôle, qui se veut comme un "catalyseur" afin de "rassembler, analyser et organiser ensemble cette candidature", affirme Philippe Sans, son président.

D'ailleurs, les quatre grands industriels de la santé en région que sont Sanofi, BioMérieux, Boehringer Ingelheimet Becton Dickinson seront déjà engagés dans cette voie. Quant à leur apport financier au sein de cette nouvelle structure qui reste à créer, "on verra en fonction des projets", répond pour l'heure Alexandre Mérieux, pdg de BioMérieux.

Pour cela, ils pourront également compter sur des soutiens provenant aussi d'ailleurs :

"La Région Auvergne Rhône-Alpes est un endroit idéal pour travailler sur cette articulation entre académique et industriels", atteste Yazdan Yazdanpanah, président de l'Anrs MIE mais également directeur de
l'Institut d'immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie à l'Inserm et chef de service des maladies infectieuses à l'hôpital Bichat à Paris. "Au niveau de l'Inserm, on appuie ce projet, parce qu'on pense qu'il est important pour la France."

"On attend l'appel a manifestation d'intérêt du gouvernement"

Hasard du calendrier, ou tentative de peser en matière de communication : la présentation du projet de biocluster concordait avec la visite du premier Ministre Jean Castex à Sanofi. Yannick Neuder, confiant, espérait ainsi pousser la candidature de la Région pour accueillir ce biocluster.

Dans l'enveloppe de France 2030, un milliard "est engagé pour faciliter l'émergence de nouveaux IHU, renforcer les anciens et faire émerger des clusters, comme celui sur les maladies infectieuses dont un appel à projet sera lancé dans les prochains jours", a annoncé Jean Castex, lors de la visite.

En septembre 2021, lors d'une visite d'Emmanuel Macron à l'occasion de l'installation de l'académie OMS à Lyon, le président de Région, Laurent Wauquiez avait déjà fait un appel de pied au président pour motiver la candidature de la région comme terre d'accueil pour ce futur biocluster européen de l'immuno-infectiologie.

"On attend l'appel a manifestation d'intérêt du gouvernement qui servira de cadrage" note Philippe Sans. Même si ce dernier n'est pas encore sorti, il dit "relativement confiant, nous avons une bonne base industrielle." Néanmoins, "tout reste à faire et à écrire, mais l'État s'est engagé sur ces bioclusters." Et d'ajouter : "Rien ne se passera avant l'automne à cause du calendrier politique."

Sur les financements, des leviers comme le contrat plan Etat-Région ou des fonds européens sont évoqués.

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