Risques industriels : la production d'hydrogène bas carbone soulève de nouveaux besoins de formation

Alors que la filière de production d'hydrogène se développe, l'association Gesip, spécialisée dans la formation aux risques industriels (incendies, chimie), lance une nouvelle formation dédiée sur son site de Roussillon (Isère), en aval de Lyon. Objectif : acquérir les dernières connaissances théoriques et pratiques sur le sujet.
Gesip délivre des formations aux risques industriels sur son site de Roussillon (Isère).
Gesip délivre des formations aux risques industriels sur son site de Roussillon (Isère). (Crédits : Gesip)

Face aux enjeux de souveraineté et de transition énergétique, la France mise en partie sur l'hydrogène bas carbone, qu'elle entend dans un premier temps soutenir à hauteur de 9 milliards d'euros dans la stratégie nationale hydrogène. Ces trois prochaines années, la production pourrait atteindre près de 1.000 mégawatts (MW), soutenait début septembre à La Tribune Pierre-Etienne Franc, ancien responsable hydrogène d'Air Liquide et cofondateur de la plateforme d'investissement Hy24. Ce déploiement, rapide, en voie de structuration, questionne aussi la prévention des risques industriels associés à la production et à l'utilisation de cette molécule fine et très explosive, incolore et inodore. Et plus globalement, aux risques dans leur ensemble, à l'occasion de la journée nationale de la résilience face aux risques naturels et technologiques, ce vendredi 13 octobre.

L'hydrogène, invisible et rapidement inflammable

Car l'hydrogène, invisible à l'œil nu sans caméra thermique, est aussi très rapidement inflammable et peut atteindre une température de 1.800 degrés. « Il faut très peu d'énergie pour générer un feu à partir d'hydrogène », relève Céline Leroy, déléguée générale de Gesip, association d'industriels spécialisée dans la formation aux risques. L'organisme, qui emploie 20 personnes, travaille avec 62 adhérents autour de la prévention des incendies, des risques chimiques ou encore environnementaux, dont les sociétés TotalEnergies, le groupe UDM ou encore Akwa, au Maroc, qui ont toutes deux rejoint Gesip cette année. Les industries de la chimie et des énergies (hydrocarbures), la grande majorité classées Seveso, sont les principales contributrices de l'association qui possède deux sites d'entraînement, dont celui du Roussillon (Isère), pour former 800 stagiaires par an depuis 2004.

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Evolution du cadre réglementaire, risques industriels : une formation spécifique

Si la jeune filière hydrogène se structure depuis quelques années, avec le lancement et l'industrialisation des premières générations d'usines de production, ses acteurs s'appuient sur des acquis généraux pour qualifier les risques et leurs réponses. Il n'existe en effet pas encore de cadre normatif sur la sécurité spécifique à l'hydrogène, et ce sont les normes générales qui s'appliquent. D'où un besoin en formation, qui s'adresse non seulement aux exploitants, mais aussi à des bureaux d'études, à des concepteurs, en vue de développer un projet.

Gesip, qui a commencé à délivrer pour la première fois une formation spécifique en 2023, déclare recevoir « de nombreuses demandes » en ce sens. En 2024, cette première formule sera complétée par une partie « pratique » de gestion du feu et de l'urgence, à raison d'un partenariat avec le réseau France Hydrogène, qui regroupe aujourd'hui 450 acteurs dans l'Hexagone. L'évolution du cadre réglementaire, notamment au sujet du transport d'hydrogène dans les canalisations de gaz, constitue aussi un changement dans la prévention des risques. Il s'agit de considérer toutes les formes d'utilisation et de transport de cette énergie, également utilisée dans la motorisation de véhicules à hydrogène, potentiellement utilisés sur des sites industriels, au même titre que les batteries des véhicules électriques qui, elles aussi, constituent un risque nouveau.

Cette formation, non diplômante, s'inscrit comme l'une des jambes du corps industriel consacré à l'hydrogène, en pleine croissance. De nombreux sites voient en effet le jour. Dernière annonce en date dans la région : l'implantation d'Elyse Energy à Roussillon en 2028 pour la production de méthanol à partir d'hydrogène bas carbone.

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