L’environnement : un critère d’attractivité pour l’Ecole des Mines de Saint-Etienne

L’Ecole des Mines de Saint-Etienne, première école d’ingénieurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes et 11ème au niveau national (classement l’Etudiant 2023), veut encore grandir. Elle compte s’appuyer notamment sur son implication grandissante sur les sujets de développement durable. Elle vient d’ailleurs de faire un bond conséquent dans sa reconnaissance internationale en se hissant dans le top 300 du classement international Impact 2023 du Times Higher Education.
L'Ecole des Mines veut faire de son implication environnementale un vrai facteur d'attractivité pour ses futurs étudiants.
L'Ecole des Mines veut faire de son implication environnementale un vrai facteur d'attractivité pour ses futurs étudiants. (Crédits : Stéphanie Gallo Triouleyre)

« Est-ce que nous pourrions avoir une prise de parole radicale de nos étudiants en pleine cérémonie de remise de diplôme, comme cela a été le cas l'année dernière à AgroParisTech ou, depuis, dans d'autres grandes écoles ? Nous ne pouvons jamais être certains de rien mais en tout cas, nous sommes très impliqués sur ce sujet de notre impact environnemental, nous investissons de plus en plus fortement dans ce domaine tant en R&D qu'en formation », observe Jacques Fayolle, directeur de l'École des Mines de Saint-Etienne depuis le printemps 2022 et président jusqu'en juin dernier de la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI).

Attirer les meilleurs candidats

L'Ecole des Mines de Saint-Etienne accueille actuellement 2.400 élèves (420 salariés) et vise le seuil des 3.000 étudiants à horizon 2027. Elle pointe à la très honorable 11e position du traditionnel classement annuel du magazine l'Etudiant (édition 2023), et s'affirme toujours comme la première école en Auvergne-Rhône-Alpes.

Lire aussiMoins d'aéroports, plus de 5G et de mobilités douces : les jeunes ingénieurs face au climat

En plaçant désormais l'innovation responsable et l'impact environnemental au cœur de ses priorités, Mines Saint-Etienne espère s'attirer, - dans la compétition à laquelle se livrent les écoles d'ingénieurs par le jeu des classements aux concours d'entrée-, l'intérêt des meilleurs étudiants français et étrangers.

« Les nouvelles générations d'ingénieurs sont conscientes de plus en plus tôt de l'impact qu'elles peuvent, et doivent, avoir. Ce n'est pas vrai pour tous les jeunes mais ils sont de plus en plus nombreux à orienter leurs choix scolaires et professionnels en fonction des enjeux environnementaux et sociétaux », constate le directeur de Mines Saint-Etienne.

Pour objectiver la place de l'enjeu de la transition écologique dans le choix de l'école, Mines Saint-Etienne a d'ailleurs mené juste avant l'été une enquête (OpinionWay) auprès de 613 étudiants français. D'après les résultats, 81% des étudiants interrogés jugent important que les établissements supérieurs intègrent les enjeux environnementaux et 85% pensent que ces établissements ont un rôle à jouer dans la transition environnementale. Ces chiffres sont encore plus marqués parmi les étudiants en cursus scientifique (86 et 90%). 80% d'entre eux estiment que des efforts restent à faire, même si 74% reconnaissent que les écoles supérieures sont de plus en plus impliquées sur la question.

Lire aussiRecrutements post-bac, excellence numérique : ces chantiers que veut (ré)ouvrir l'Ecole des Mines de Saint-Etienne

Néanmoins, seuls 20% des étudiants jugent ces enjeux complètement intégrés par les établissements et les trois quarts d'entre eux relèvent même du greenwashing. Enfin, si seulement 14% des étudiants interrogés indiquent avoir choisi leur école en fonction de sa prise en compte des enjeux environnementaux (21% pour l'Ecole des Mines de Saint-Etienne), 33% seraient prêts à quitter leur établissement, affirment-ils, s'ils réalisaient que l'empreinte carbone était désastreuse.

Des formations prenant désormais en compte ces enjeux

« L'Ecole des Mines de Saint-Etienne avait fait ses premiers pas sur le sujet en 2016. Des élèves étaient venus à la rencontre de la direction pour demander à être formés sur les questions environnementales. Des modules de formation avaient été mis en place. Désormais, depuis deux ans, nous sommes sur une autre étape : un socle de connaissances est dispensé dès la première année. Puis ces questions sont intégrées dans chacune de nos spécialités, tout au long de la formation. C'est devenu un élément à part entière du programme de formation », détaille le directeur, expliquant que ces éléments devront permettre aux jeunes ingénieurs, une fois en poste, de participer activement à la transition écologique de leur entreprise ou filière d'activité.

« Nous devons toutefois être réalistes, le 100% n'existe pas. Notre objectif est que 80% de nos maquettes pédagogiques prennent en compte au moins un des 17 objectifs de développement durable de l'ONU ».

Concentration des moyens sur l'innovation responsable

A côté de la formation, l'ENSME, sous tutelle du ministère de l'économie, mène une activité conséquente de Recherche et Développement. Pour son directeur, celle-ci est clairement concentrée sur les enjeux environnementaux. « Sur 12 millions d'euros annuels de "recherche partenariale" (sur 42 millions de budget annuel total), au moins la moitié concerne des sujets en lien avec le développement durable ».  Ce n'est pas nouveau mais c'est de plus en plus vrai.

« Nos critères de choix des projets dans lesquels nous nous investissons sont de plus en plus tournés sur l'impact sociétal et environnemental ».

Cette évolution, couplée à un travail de valorisation de ce qui était déjà mis en œuvre, a été reconnue récemment par le dernier classement du Times Higher Education, publié en juin dernier, mensuel britannique largement reconnu dans le monde académique. L'établissement stéphanois s'est ainsi hissé dans le top 300 du classement général Impact 2023 avec un score de 77,2/100. L'année dernière, l'Ecole des Mines pointait au rang 401-600 sur 1.410 établissements. Concernant l'objectif de développement durable (ODD) de l'ONU «lutte contre les changements climatiques», l'établissement se hisse à la 55ème place mondiale et à la première place en AuRA et région Sud. Pour l'ODD «consommation et production responsable», elle obtient le 63ème rang et pour l'ODD «énergie propre et abordable», elle décroche le 79ème rang mondial.

Parmi les sujets de recherche qui ont contribué à ce bond, le travail du centre SPIN autour de la décarbonation des systèmes de production d'énergie par exemple. Ou encore de l'Institut Henri Fayol qui travaille sur la transition écologique des territoires. Ce dernier développe notamment l'outil Databat, jumeau numérique de bâtiment permettant de mieux comprendre le fonctionnement thermique d'un bâtiment dans une optique d'efficacité énergétique. Utilisé pour les bâtiments de l'Ecole depuis un an et demi, il a permis une optimisation énergétique de 15%. Une réflexion sur un essaimage est actuellement menée. Cet institut est également à l'origine de la création de la start-up URBS qui a développé une solution pour massifier la rénovation énergétique des bâtiments.

Un plan de rénovation à 36 millions d'euros

L'Ecole des Mines va bénéficier d'un plan de rénovation XXL à 36 millions d'euros, validé dans le cadre du dernier CPER (Contrat Plan Etat Région). Cette rénovation, qui devrait démarrer en 2025, s'étalera sur six années. Il s'agira d'optimiser et réaménager l'établissement et d'améliorer significativement ses performances énergétiques.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.