« Industrie Verte » : Braincube, cette société auvergnate qui aide les entreprises à optimiser leur consommation d’énergie

Le projet de loi « Industrie Verte », qui arrive au Sénat à la fin du mois, vise notamment à décarboner l’outil industriel français. Depuis 15 ans, Braincube, située à Issoire dans le Puy-de-Dôme, outille les entreprises pour leur permettre de réaliser des économies d’énergie et des gains de productivité, tout en émettant moins de CO2. La loi pourrait doper leur activité.
Grâce à l'intelligence artificielle, Braincube aide notamment les sidérurgistes, industrie très énergivore, à optimiser leur consommation d'énergie.
Grâce à l'intelligence artificielle, Braincube aide notamment les sidérurgistes, industrie très énergivore, à optimiser leur consommation d'énergie. (Crédits : Pixabay-Creative Commons CC0)

Braincube compte aujourd'hui 320 clients, en quasi-totalité des grands groupes internationaux (américains, brésiliens, suisses...) et des entreprises du CAC 40 (Safran, LVMH, Michelin, Schneider Electric, Saint-Gobain...). Autant dire que cette société éditrice de logiciels, fondée en 2008 et installée à Issoire dans le Puy-de-Dôme, n'a plus besoin de faire ses preuves. Elle a séduit ces grandes marques avec un concept simple : améliorer la performance et la rentabilité en utilisant l'intelligence artificielle. En clair, passer dans l'Industrie 4.0.

Elle promet notamment aux groupes de réduire leur consommation d'énergie, défi économique et écologique. Ce qui présente un intérêt certain pour des entreprises de la sidérurgie, de la métallurgie ou encore de la papeterie industrielle, secteurs particulièrement énergivores. En fait, les algorithmes développés par Braincube sont capables de réaliser des prédictions et prescriptions de pilotage des usines.

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L'intelligence artificielle au service de l'industrie

« Nous travaillons sur l'optimisation de la chaîne de production grâce à l'intelligence artificielle de type Machine Learning. Notre technologie offre des clés pour récupérer et exploiter la donnée industrielle » explique Paul Pinault, responsable de la stratégie produit chez Braincube, qui propose ses services sous forme d'abonnement. L'entreprise est déjà intervenue sur 2.000 lignes de production et promet des gains importants.

« Nous avions un papetier qui pour sécher sa pâte à papier devait créer de la chaleur. Il utilisait du gaz naturel mais aussi réutilisait ses bio-déchets - du bois, de la cellulose...- ce qui est déjà vertueux. Mais il ne le faisait pas de manière efficace. Nous avons démontré, en analysant des dizaines de paramètres, que la température de combustion sur laquelle il essayait de se positionner était trop basse. A cette température, la réaction de combustion des matériaux recyclés était mauvaise, du coup l'industriel devait compenser en envoyant plus de gaz pour maintenir son niveau d'énergie à la sortie. En pilotant bien le système et en trouvant le bon réglage, nous avons réussi à réduire cet apport de matière fossile tout en gardant le même rendement » détaille ce spécialiste de l'IIoT (Internet industriel des objets).

L'industriel a ainsi pu réduire sa consommation de gaz naturel de 2,5 millions de mètres cubes par an, ce qui lui a fait économiser 1,2 millions d'euros. Et cerise sur le gâteau : ses émissions de CO2 ont diminué de 30%.

8 milliards d'euros économisés par les entreprises

Et Braincube insiste sur le fait que le processus de production n'a pas forcément besoin d'être changé ou totalement bouleversé pour réaliser ses économies. Dans l'exemple de ce groupe papetier, il a « suffi » de régler les paramètres physiques de la machine. L'industriel n'a eu aucun investissement à faire. Braincube a seulement corrigé les erreurs de production. « Des erreurs difficilement repérables sans la data car une chaudière biomasse industrielle compte plus de 1.000 paramètres différents » explique l'entreprise auvergnate qui a aussi travaillé avec une société métallurgique autour de la réorganisation de ses plannings de production.

« C'est un secteur qui consomme énormément d'énergie pour faire fondre les métaux. Selon ce que vous produisez, vous allez avoir besoin de températures de chauffe différentes. Les entreprises passent leur temps à chauffer puis refroidir leur four. Et elles perdent de l'énergie. Donc si vous faites en sorte que la température de votre four descende au fur et à mesure de la semaine, on évite les réchauffages. On s'attaque à la mauvaise consommation d'énergie » raconte Paul Pinault.

Dans d'autres cas, Braincube outille les entreprises pour leur éviter de gaspiller de la matière première, pour éliminer les erreurs et les problèmes de qualité, de traçabilité... Au final, Braincube estime avoir fait économiser près de 8 milliards d'euros aux entreprises qui ont sollicité ses services, ainsi que 2 millions de tonnes de CO2.

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L'industrie responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre

L'enjeu environnemental est d'ailleurs de plus en plus présent. Au-delà de l'installation de panneaux solaires ou de l'isolation des bâtiments industriels, l'optimisation de la consommation d'énergie sur les chaînes de production est aussi regardée de près. Braincube s'inscrit forcément dans cette démarche et espère que cette loi Industrie Verte permettra notamment aux ETI (entreprises de taille intermédiaire) et aux PME de s'emparer de cette problématique.

 « Les industriels, de petite ou moyenne taille, n'ont pas toujours conscience des gains qu'ils pourraient retirer d'une optimisation. Ils voient plus notre solution comme un coût. Donc cela peut être intéressant d'avoir l'accompagnement de l'Etat pour les aider à prendre ce risque-là, à faire le premier pas... Il faut leur montrer que les retombées seront supérieures au coût de la transformation » précise ce spécialiste, qui salue l'instauration de crédits d'impôts et de subventions.

Le projet de loi Industrie Verte prévoit notamment le déblocage par Bpifrance de 2,3 milliards d'euros de prêts directs ou de garanties de financement pour la transition des entreprises. Des aides qui seront conditionnées à la mesure de leur impact carbone.  En France, l'industrie est responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre.

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