MND annonce un redressement de sa situation financière

L’été n’aura pas été de tout repos pour le spécialiste des équipements de montagne MND. Après avoir réalisé un chiffre d’affaires de 87,6 millions d’euros lors de son dernier exercice, la société a dû entreprendre, en urgence, une série de mesures pour rééquilibrer sa situation financière. Car malgré un carnet de commandes plein, les investissements en R&D et sur le volet commercial ont grevé les comptes de la société, qui affichait à la clôture de son dernier exercice, en juin dernier, 1,6 million d’euros de pertes ainsi qu’une dette accumulée de 67,2 millions d’euros.
(Crédits : DR)

Fin juillet, l'un des leaders de l'aménagement de montagne, MND (Montagne et Neige Développement), a demandé la suspension de la cotation de son action à Euronext. La société, qui emploie 375 salariés (dont 235 en France) avait accumulé une perte de 1,6 million d'euros et une dette de 67,2 millions d'euros lors de son dernier exercice.

Car, malgré un carnet de commandes rempli (180 millions d'euros) et l'ambition de doubler son chiffre d'affaires d'ici 2020 pour atteindre 150 millions d'euros, la société fait les frais de son développement sur un grand nombre de marchés : transport par câble, technologies d'enneigement, sécurisation des domaines skiables et développement d'une offre de loisirs toute saison...

 "Le groupe a connu ces dernières années une croissance de 15 % par an en moyenne, couplée à une hausse des investissements en R&D de l'ordre de 15 millions d'euros en l'espace de cinq ans, avec un niveau de rentabilité qui n'était pas encore autosuffisant pour les financer", résume Xavier Gallot-Lavallée, le fondateur et président de la société.

Besoin de fonds de roulement

Avec 5 sites de production, 8 filiales de distribution internationales et 30 distributeurs dans le monde, MND a notamment investi massivement en vue de compléter sa gamme de produits et d'améliorer les différentes solutions présentes sur le marché, que ce soit en matière de consommation d'énergie, de sécurité, ainsi que de réduction des coûts de maintenance ainsi que de gestion, avec un nouvel ERP commun.

"Nous avons réalisé des implantations en Chine, où nous enregistrons près d'un tiers de notre chiffre d'affaires, et en Scandinavie, où nous avons renforcé notre présence à travers une filiale basée en Suède. Des investissements dans la mise en place de nouveaux distributeurs et partenaires nous ont également permis de rencontrer des succès en Asie centrale".

En conséquence, un fort besoin en fond de roulement s'est fait sentir :

"Nous savions que nous allions devoir besoin de renforcer notre structure de bilan, qui était déséquilibrée, afin de poursuivre notre développement. Nous avions prévu de faire une opération de recapitalisation de 30 millions de début 2018, mais suite à l'ouverture d'une enquête AMF, puis à des conditions défavorables de marché, nous avions décidé de la reporter puis finalement de l'annuler", indique Xavier Gallot-Lavallée.

Mais alors que la société avait prévu de clôturer son bilan fin juin, cette période aurait, d'après le dirigeant, coïncidé avec des décalages de règlements significatifs, ainsi que le ralentissement de chantiers, engendrant d'eux-mêmes des retards de facturation.

Un plan de restructuration des finances XXL

La société a donc profité de cet été pour mettre en place un important plan de restructuration de ses finances, en vue d'assurer une poursuite du développement de ses activités. Avec, à la clé, l'arrivée d'un nouveau partenaire financier, le gestionnaire de fonds d'investissements alternatifs anglais Cheyne Capital, qui s'engage ainsi à accompagner le projet de renforcement des fonds propres de la société.

"Ce fonds ne fait pas une entrée au capital directe, mais vient s'ajouter aux côtés de l'équipe de management de MND, en participant à la holding de référence du groupe à hauteur de 15 millions d'euros. Il ne provoquera pas de changement de gouvernance, et sera au contraire aux côtés de l'équipe actuelle qui est ainsi confirmée. Ce fonds participe également, d'un autre côté, à la création d'une nouvelle société (Cheydemont), qui reste détenue elle aussi majoritairement (à 60%) par l'équipe dirigeante, tandis que Cheyne SVC y apporte 20 millions d'euros", explique Xavier Gallot-Lavallée,

A la suite de cette opération, les deux sociétés M&V et Cheydemont, toutes deux majoritairement tenues par l'équipe dirigeante, détiendront elles-mêmes 77% des parts de l'ensemble, tandis que 23% des actions demeureront offertes sur le marché.

Le fonds Cheyne SVC LLP contribuera également au réaménagement de la dette bancaire de MND, puisqu'il a également pris l'engagement de racheter l'ensemble de celle-ci pour un montant s'élevant lui aussi à 35 millions d'euros. "Il s'agit quasiment du même montant que l'augmentation de capital, mais les deux sommes ne sont pas liées", remarque Xavier Gallot-Lavallée.

Une opération qui permettra ainsi à MND de souffler, en échelonnant ses prochains remboursements, non plus sur 12 mois, mais sur près de quatre années, soit jusqu'en 2023. "Cela laisse ainsi le temps au groupe de se développer et de se refinancer", glisse-t-il.

L'ensemble de l'opération a été étudiée par un expert indépendant, tandis que MND a également obtenu une dérogation de l'AMF l'autorisant à se passer du dépôt obligatoire d'une offre publique, l'occasion d'une "recapitalisation d'une société en situation avérée de difficulté financière".

Un retour sur investissement attendu

Si le groupe n'a pas communiqué sur la révision de ses prévisions en matière de chiffre d'affaires, qui ont été elles aussi rééchelonnées, le chef d'entreprise se montre confiant :

"Les gros investissements industriel ainsi qu'en R&D sont derrière nous, assure Xavier Gallot-Lavallée. Nous entrons désormais dans une phase de retour sur investissement des dernières innovations et implantations géographiques que nous avons réalisées".

Il rappelle également que la valeur du carnet de commandes actuellement détenu par MND (qui atteint 180 millions d'euros à fin juin 2019), représente l'équivalent de deux années de chiffre d'affaires pour la société.

"Il est certain que le manque de trésorerie de ces derniers mois ne nous a pas permis d'exécuter complètement ces contrats. Nous avons été contraints d'allonger les délais de livraison, mais nous sommes en train de recaler ces termes avec les clients, en vue d'un retour à la normale".

"Nous avons toutes les cartes en main pour l'accélération"

Le fondateur, qui rappelle que ces difficultés n'auront eu aucun impact sur l'emploi, se projette déjà dans un exercice, dit "de transition", pour 2020, en s'appuyant sur "de bonnes perspectives de marché" ainsi que sur les investissements réalisés au cours des cinq dernières années, dont il espère bien récolter les fruits prochainement.

Après avoir suspendu la cotation boursière du groupe durant deux semaines au mois d'août afin de mener à bien ces transactions, l'action de MND a été remise sur le marché. La publication du chiffre d'affaires et des résultats de l'exercice 2018-2019 (à l'origine prévues pour le 30 août et le 31 octobre 2019), seront décalées d'un mois pour laisser aux équipes le temps de souffler. Et de conclure :

"Maintenant que nous avons traité le sujet de restructuration de notre bilan, nous avons toutes les cartes en main pour l'accélération".

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