Lyon-Bron : le retour de l'aviation légère, plus "verte", à France Air Expo

Il sera le premier salon de l'aviation générale à réouvrir ses portes, ou plutôt son tarmac, depuis l'apparition de la crise sanitaire. A Lyon-Bron, le France Air Expo accueillera à compter de ce jeudi constructeurs, clubs et particuliers, pour une reprise de l'activité axée sur l'aviation verte. Avec, entre autres, la présentation en "première mondiale" de l'avion de transport régional hybride de la compagnie VoltAero, mais pas que. Car les projets de ce type affluent, y compris en Auvergne Rhône-Alpes.
L'une des stars de ce salon sera l'avion hybride de la société VoltAero, filiale de W3, qui doit présenter cette fin de semaine pour la première fois sa version 6 places au grand public à Lyon-Bron. Même si d'autres projets, y compris en local avec la société Aviathor, poussent également dans cette direction.
L'une des stars de ce salon sera l'avion hybride de la société VoltAero, filiale de W3, qui doit présenter cette fin de semaine pour la première fois sa version 6 places au grand public à Lyon-Bron. Même si d'autres projets, y compris en local avec la société Aviathor, poussent également dans cette direction. (Crédits : DR/JeanMarieUrlacher)

Après une année noire pour l'événementiel comme pour l'aviation, le salon France Air Expo, qui se positionne depuis sa création il y a 14 ans à l'aéroport de Lyon-Bron comme le « salon international de l'aviation générale », reprend lui aussi des couleurs.

Décalé d'une quinzaine de jours pour se tenir finalement du 17 au 19 juin, cet événement devrait même se poser comme « le premier salon européen de l'aviation à rouvrir depuis deux ans », clame son organisateur, Didier Mary, dirigeant d'Adone Events. « Car depuis l'arrivée de la crise sanitaire, il ne se passait plus rien ».

De quoi convaincre également certains grands noms comme le constructeur Dassault à faire le déplacement cette année à Lyon-Bron, pour un programme qui sera aussi marqué par plusieurs avant-premières.

D'autant plus que le secteur de l'aviation légère a repris plus rapidement que celui de l'aviation commerciale : « C'est un domaine marqué par la passion, ainsi que par des entreprises qui utilisent ce mode de transport, qui a globalement été moins impacté et dont l'activité a repris plus vite que le reste du secteur. Sans compter qu'il y a toujours de la maintenance et de l'entretien à réaliser sur les flottes », résume Didier Mary.

5.000 personnes en présentiel, 40.000 en format hybride

S'il concède avoir eu une bonne dose de chance, l'organisateur est bien déterminé à s'en saisir pour accueillir ses exposants et visiteurs. Cette année, ce sera uniquement en extérieur sur le tarmac, et avec une jauge de 1.000 personnes maximum en simultané.

« Nous allons probablement passer de 12.000 visiteurs sur une année normale à moins de 5.000 cette année sur les trois journées ». Mais c'est sans compter la version hybride, qui proposera des retransmissions et rendez-vous d'affaires en ligne, avec l'ambition de connecter au total « près de 40.000 personnes ».

Pour autant, il note déjà que sa clientèle, composée à 70% de fidèles, n'a pas hésité à reporter son inscription de 2020 -où le salon n'avait pas eu lieu-, vers l'édition 2021. Car si la crise sanitaire aura bousculé les plans de certains participants, provenant notamment du Canada ou du Brésil, les exposants européens ont majoritairement répondu à l'appel, en provenance de Suisse, Allemagne, République tchèque, Ukraine, Belgique, ou encore Italie.

« L'ADN de notre salon et d'exposer des modèles d'avion à destination des pilotes et des clubs, avec une gamme d'aviation légère qui va jusqu'à l'aviation d'affaires », ajoute l'organisateur.

Une première présentation du Cassio de la startup VoltAero au public

Sans compter que cette année, le salon sera placé sous le signe de l'aviation verte. Un thème qui résonne bien plus qu'un vœux pieu pour son organisateur :

« C'est loin d'être une marotte car la thématique devient très forte, l'aviation verte concerne plus de 10 % des appareils qui seront présentés cette année », confirme Didier Mary.

Avec au menu, des avant-premières de rang mondial comme le revendique l'organisateur, avec notamment la présentation du premier appareil de transport régional 6 places hybride Cassio, de la compagnie VoltAero.

Cette startup basée en Nouvelle-Aquitaine, fondée par l'ancien patron du département innovation d'Airbus, développe plusieurs versions (4, 6 et 10 sièges) et configurations associées à son avion hybride. « C'est un appareil de construction française, qui peut comporter jusqu'à sept à huit passagers selon les modèles. C'est la première fois qu'un démonstrateur de cet appareil sera présenté au public », confirme Didier Mary.

L'aviation légère comme moteur pour l'aviation commerciale

L'organisateur confirme également la présence de nouveaux modèles de petits avions électriques, visant à former les pilotes et les jeunes, comme le biplace Vélis Electro de la société slovène Pipistrel Aircraft.

Un exemplaire de cet appareil avait d'ailleurs déjà commandé par le haut-savoyard Avialpes, en prévision de son premier survol du Mont-Blanc, qui doit être réalisé cette semaine.

« La Fédération Française Aéronautique a commandé quelques avions de ce type, tandis qu'une autre société, Green Aerolase (une filiale nouvellement créée par le groupe W3 dirigée par l'entrepreneur breton Charles Cabillic, ndlr), en a déjà commandé une cinquantaine afin de former les pilotes. Car le nerf de la guerre sera notamment la formation », indique l'organisateur de France Air Expo.

Ces nouveaux modèles, plus économes en énergie mais également plus silencieux, pourraient contribuer également à réconcilier le monde de l'aviation avec les riverains des infrastructures utilisées. « On voit désormais que l'aviation verte est quelque chose qui fonctionne et qui commence même à être livré, même s'il faut ensuite informer et convaincre les futurs utilisateurs », note Didier Mary.

Il en est d'ailleurs lui-même déjà convaincu : cette révolution vers les énergies plus propres passera nécessairement par l'aviation légère, avant de gagner les plus gros porteurs utilisés par l'aviation commerciale.

« C'est comme dans le domaine de la Formule 1. Ce qui a d'abord été développé pour un seul pilote est ensuite passé à deux places puis quatre places. Dans l'aviation, cela consiste aussi à commencer par des essais à des altitudes moins élevées, des temps de vols plus court, etc ».

Ces startups qui transforment le secteur

Ce virage plus « green » de l'aviation se matérialisera non seulement par ses acteurs traditionnels (motoristes, énergéticiens, constructeurs, etc), mais aussi par une poignée de nouveaux acteurs, bien décidés à revendiquer une conception française : « Il y a quelques années, il n'y avait plus rien en France et aujourd'hui, on voit de nouveaux projets redémarrer et qui arrivent en région, comme ceux de la société Elixir Aircraft », ajoute Didier Mary.

Cette société française, basée à La Rochelle, se lance par exemple dans la fabrication de ses avions biplaces en proposant des avions déjà 30 à 40 % plus économiques, tout en étudiant le développement d'un modèle électrique.

Ou encore du suisse Smartflyer, qui développe un avion quadriplace, utilisant un moteur électrique Siemens ainsi qu'un générateur Yasa afin de recharger ses batteries durant le vol pour atteindre une distance de 700 km. Avec de premiers essais de vols programmés pour fin 2021.

Ces initiatives vont même parfois jusqu'au rétrofit, et peuvent même être originaires de la région Auvergne Rhône-Alpes : « Nous avons aujourd'hui des entreprises qui proposent le reconditionnement d'anciens avions de clubs, comme le Robin, en vue de les passer à des motorisations électriques. C'est ce que fait par exemple la compagnie grenobloise Aviathor ».

Cette startup grenobloise, fondée par un ingénieur et pilote, Benoît Cocheteux, ambitionne en effet de transformer les moteurs thermiques des avions de tourisme légers vers une solution électrique. Avec un premier prototype embarquant un moteur électrique et un système de batteries qui est prévu pour effectuer son premier vol dès l'été 2021.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.