La Ferme Intégrale accélère la production de ses sandres en aquaponie

La startup agricole drômoise vient de lever 2,4 millions d’euros. D’ici à la fin de l’année, elle va multiplier par dix ses capacités de production pour atteindre un volume annuel de 40 tonnes de sandres et 80 tonnes de légumes et aromatiques. Le tout, via la technique de l’aquaponie. Cette première ferme servira de modèle pour appuyer son développement en franchise.
La Ferme Intégrale pourra produire 40 tonnes de sandres par an et 80 tonnes de légumes/aromatiques, transformés sur place.
La Ferme Intégrale pourra produire 40 tonnes de sandres par an et 80 tonnes de légumes/aromatiques, transformés sur place. (Crédits : Crespeau - Asnoprod)

Alors que la plupart de ses consœurs ont fait le choix des salmonidés, c'est sur le sandre que la startup aquaponique drômoise, La Ferme Intégrale, a fait le pari d'appuyer son développement. Un poisson très peu produit en France malgré son intérêt gustatif, nécessitant ponctuellement de chauffer l'eau mais moins énergivore, c'est en tout cas ce qu'expliquent les quatre cofondateurs de la Ferme Intégrale. Car l'élevage de saumons et truites nécessite un refroidissement de l'eau à 14 degrés.

Dans cette filière en émergence de l'aquaponie, aux solutions techniques encore fragiles, la pertinence de ce choix a été validée avec un premier démonstrateur mis en place au printemps 2021. Il a permis de produire, en 2022, 2,5 tonnes de poissons et 3 tonnes de légumes. « Tout a été vendu en circuit court, dans un rayon de 40 kilomètres autour de la ferme, à des restaurateurs, la GMS etc... », souligne Gabriel Faysse, co-fondateur.

Le principe de l'aquaponie ? Les poissons sont élevés dans un premier compartiment et génèrent des déchets évacués via le transvasement de leur eau dans un deuxième compartiment. L'ammoniaque de ces déchets est transformée, par des bactéries, en nitrate qui est réinjecté dans un troisième compartiment accueillant des végétaux. Ces derniers filtrent naturellement le nitrate de l'eau et profitent de son apport pour alimenter leur croissance.

« Nous produisons des légumes verts à feuille (comme les salades, les choux, les blettes, le basilic) car ce sont eux qui absorbent le mieux le nitrate », précise le co-dirigeant de la Ferme intégrale, expliquant que ces solutions de production de protéines animales et de légumes en périphérie de villes permettent un approvisionnement de proximité et donc une meilleure résilience alimentaire des territoires.

Multiplier par dix les capacités de production

Cette première étape validée, la startup franchit désormais un nouveau pallier en multipliant par dix ses capacités de production, les portant ainsi à 40 tonnes de sandres par an et 80 tonnes de légumes/aromatiques. Elle a lancé la construction d'une ferme de 6.600m² fonctionnant avec une chaudière biomasse et accueillant 16 serres hydroponiques, ainsi qu'une pisciculture de 500m². L'ensemble sera opérationnel avant la fin de cette année.

Pour financer cet investissement, la start-up vient de finaliser un tour de table à 2,4 millions d'euros mené auprès de la Caisse des Dépôts (programme TIGA), le fonds d'investissement du Crédit Agricole Sud Rhône-Alpes (CASRA Capital), de business angels et de la plateforme Lita.co. Cette levée de fonds est aussi accompagnée d'un financement bancaire de l'ordre de 900.000 euros.

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L'ambition : parvenir à un chiffre d'affaires d'un million d'euros en 2024 (avec 11 collaborateurs) réalisé auprès de restaurateurs et de la grande distribution (un contrat cadre a déjà été signé avec Leclerc) ainsi qu'auprès des industriels de l'agroalimentaire. La progression de la start-up, qui vise la rentabilité à horizon 2025, devrait ensuite être portée par un développement en franchises. Déjà deux futurs franchisés en sont à la phase d'étude pour des projets équivalents à celui de la Drôme. « Nous visons un déploiement de quatre à six nouvelles franchises par an. Elles travailleront, elles aussi, en circuit court. Le potentiel est important », estime Gabriel Faysse. Ces franchises pourront être situées en périphérie des villes, ou à l'intérieur même de celles-ci.

« Nous voulons dupliquer en ville, idéalement sur des friches, des zones polluées. Refaire de l'alimentaire sur des zones qu'on pensait perdues, c'est possible avec notre système hors-sol ».

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