Pharmaceutique : Viatris mise sur son ancrage auralpin pour maintenir sa position forte sur le marché français

Né en 2020 du rapprochement entre Mylan et Upjohn, Viatris est désormais le deuxième acteur pharmaceutique sur le marché des médicaments délivrés en ville, en France. Le laboratoire est très ancré en Auvergne-Rhône-Alpes avec 830 collaborateurs répartis sur trois sites, dont son nouveau siège de Gerland à Lyon. Avec un portefeuille de plus de 1.400 molécules, Viatris mise sur cette variété et souhaite doubler ses investissements en R&D dans les cinq ans à venir.
Le site de Meyzieu produit environ 65 millions de boîtes d’une soixantaine de références, dont le volume annuel représente environ 20 % des ventes de Viatris France sur le marché ville.
Le site de Meyzieu produit environ 65 millions de boîtes d’une soixantaine de références, dont le volume annuel représente environ 20 % des ventes de Viatris France sur le marché ville. (Crédits : Viatris)

Entreprise américaine cotée en bourse, Viatris est née de la fusion en 2020 du génériqueur Mylan et d'Upjohn, la filiale de médicaments génériques de Pfizer. "Les génériques représentent désormais 50 % de notre activité", indique le Dr Christophe Maupas, président de Viatris France. "Nous sommes passés d'une entreprise de génériques à une entreprise de santé. Cela a entraîné une évolution de nos activités et de nos manières de travailler. Nous n'avons plus de bureau individuel et nous privilégions les formes de travail plus axées sur la collaboration", décrit-il. En revanche, il assure que la fusion n'a eu aucune conséquence en terme d'emploi en France.

Doubler les investissements en R&D dans les cinq ans à venir

Dans son portefeuille, le laboratoire compte désormais des médicaments de marque (Betadine, Zyma, Viagra, Xanax, Orgaran, Arixtra...), un vaccin contre la grippe (Influvac Tetra), des médicaments génériques (Propofol injectable par exemple), des médicaments biosimilaires (Hulio, Inhixa, Fulphila, Ogivri) et d'autres produits de santé accessibles sans ordonnance (Saugella, CB12, Flamigel, Autotest VIH). "Nous sommes le premier fournisseur mondial de produits contre le sida dans les pays en développement", souligne le Dr Maupas.

Dans le monde, le laboratoire compte 37 000 collaborateurs et 40 sites de production. En 2021, il a réalisé un chiffre d'affaires de 17,8 milliards de dollars. Présent dans plus de 165 pays et territoires, il produit plus de 1400 molécules différentes et est présent sur 100% des domaines thérapeutiques. En 2021, Viatris a investi 751 millions de dollars en R&D. "Notre ambition est de doubler ce montant dans les cinq ans à venir", déclare le président.

En France, Viatris commercialise 400 molécules et 1700 références et a vendu plus de 400 millions de boîtes en 2020, pour un chiffre d'affaires d'1,6 milliard d'euros. "Viatris est le deuxième acteur pharmaceutique sur le marché des médicaments délivrés en ville en France", souligne le Dr Maupas. Il se place derrière Novartis en terme de chiffre d'affaires et derrière Sanofi en nombre de boîtes.

Deux sites de production en France

Le laboratoire compte 1600 collaborateurs en France, avec un ancrage fort en Auvergne-Rhône-Alpes. "83 % de nos médicaments sont produits en Europe, dont 40 % en France, où nous avons deux sites de production. Un à Mérignac pour les formes liquides et pâteuses et un à Châtillon-sur-Chalaronne pour les formes sèches : comprimés et gélules. Nous avons aussi un centre de conditionnement à Meyzieu", détaille le président de Viatris France.

En Auvergne-Rhône-Alpes, 830 collaborateurs se répartissent sur trois sites, dont 400 dans le nouveau siège du laboratoire, situé à Lyon dans le quartier de Gerland. "Nous avons cet ancrage territorial qui fait partie de l'identité de l'entreprise", assure-t-il. A Châtillon-sur-Chalaronne, 100 millions de boîtes de gélules et de comprimés sont produites chaque année à destination de plus de 110 pays. 360 collaborateurs y travaillent et près de 5 millions d'euros d'investissement y ont été réalisés en 2020. "Nous n'avons pas attendu les effets de mode et les annonces récentes pour produire en France", déclare le Dr Maupas.

Le site de Meyzieu est un centre de conditionnement, spécialisé dans le conditionnement de médicaments génériques de formes sèches (gélules et comprimés), par exemple le paracétamol. Il regroupe 70 collaborateurs qui tournent en équipes de 3/8. Il produit environ 65 millions de boîtes d'une soixantaine de références, dont le volume annuel représente environ 20 % des ventes de Viatris France sur le marché ville.

"Nous avons été très actifs au moment de la pandémie"

Concernant sa stratégie, Viatris compter garder sa variété de portefeuille et maintenir sa position forte sur le marché français. "Aucun autre acteur n'a une telle diversité de portefeuille", estime le Dr Maupas. Pour lui, "une des leçons du Covid est que ce qui a permis de sauver des vies ce sont souvent des médicaments très anciens, que nous ne sommes plus très nombreux à produire. Nous croyons aux médicaments matures et nous en avons besoin", souligne-t-il. "Nous avons été très actifs au moment de la pandémie et avons envoyé de grandes quantités de Propofol et de curare pour l'anesthésie-réanimation, quand les hôpitaux en manquaient. Nous avons aussi assuré la continuité de notre production sur notre territoire français avec des protocoles draconiens dans les usines", ajoute-t-il.

Concernant la recherche, le groupe a déterminé trois axes de recherche principaux, en gastro-entérologie, ophtalmologie et dermatologie. "Nous cherchons également à réaliser des acquisitions dans ces trois domaines. En parallèle, nous réfléchissons à désinvestir certains champs, mais rien n'est encore défini", assure-t-il.

Dans le domaine de la bioproduction, Viatris produit ses biosimilaires avec des partenaires qui ne sont pas sur le territoire français. En revanche, il a un partenariat avec Aspen, en France, pour ses produits biologiques dans la thrombose.

Côté politique, Viatris se bat, notamment au sein du Gemme (le lobby des laboratoires de génériques) contre les baisses de prix régulières qui affectent le générique en France, mais aussi contre l'intégration des laboratoires de génériques dans le champ d'application de la clause de sauvegarde. Celle-ci consiste au versement à l'assurance maladie d'une contribution des industries pharmaceutiques d'une partie du dépassement des dépenses entre la croissance du chiffre d'affaires des laboratoires et un taux de progression défini lors de l'élaboration de la Loi de Financement de la Sécurité sociale (LFSS). "Cela nous semble totalement inique que les laboratoires de génériques, qui font par ailleurs faire des économies à l'Assurance maladie, soient obligés de payer ces pénalités. Le risque est que l'offre générique finisse par baisser, du fait d'un problème de rentabilité", s'insurge le président de Viatris France. Viatris estime avoir fait économiser un milliard tous les ans au système de santé français grâce à ses génériques.

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