Des eaux de pluie qui réussissent à s'infiltrer dans des sols artificialisés, c'est bien. Des eaux de pluie qui réussissent à s'infiltrer en étant débarrassées de leurs éléments de pollution, c'est nettement mieux pour la préservation de la qualité des nappes phréatiques. Nappes dans lesquelles sont prélevées chaque année en France, selon le Ministère de la Transition écologique, environ 30 milliards de m3 destinés aux différents usages de l'eau (sur 100 milliards disponibles). La préservation de la qualité des nappes phréatiques fait d'ailleurs partie des 53 mesures du récent plan eau annoncé par Emmanuel Macron au printemps dernier.

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Le groupe drômois Sapiens (90 salariés, 10 sociétés, 14 millions d'euros de chiffre d'affaires), créé en 2019 par Patrice Cheval (précédemment dirigeant du groupe familial de travaux public éponyme, 1.100 salariés), s'est attelé à cette problématique devenue majeure dans un contexte de changement climatique. La PME, spécialisée en solutions environnementales dans le domaine de la construction, a développé via sa filiale MP Geotex (8 salariés ; CA 2022 : 6 millions d'euros) un géotextile breveté permettant de dépolluer les eaux d'infiltration avant leur retour à la terre. Cela a nécessité 5 ans de R&D.

1m² dépollué en 11 minutes

Comment ça marche ? Sur le principe du biomimétisme, le géotextile abrite des microsphères encapsulant des principes actifs naturels : des champignons permettant la dégradation des hydrocarbures, des charbons actifs pour séquestrer et minéraliser les métaux lourds et des nutriments pour stimuler la croissance de micro-organismes. « Les parkings sont aujourd'hui conçus pour laisser passer les eaux de pluie, c'est une très bonne évolution. Sauf qu'ils laissent aussi passer les hydrocarbures et les métaux lourds déposés par les véhicules en surface ou les avions, polluant ainsi massivement les nappes souterraines », note Patrice Cheval. Et de détailler : « 1m² de place de parking contaminée au chrome par exemple est dépolluée en 11 minutes, en 22 minutes pour l'arsenic et en 24 minutes pour le cuivre. La durée de vie est de 50 ans qu'il est possible de prolonger en réensemençant ».

Selon l'édition 2020 (dernière édition disponible) des « Chiffres clés des eaux et milieux aquatiques », co-produit par le Service des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique et l'Office français de la biodiversité, 31 % des eaux souterraines françaises ne sont pas considérées comme en bon état chimique. Signe de premiers résultats encourageants des mesures prises au niveau français et européen (Directive cadre sur l'eau de l'Union européenne en 2000), c'est nettement moins qu'en 2009 où seules 58,9% étaient considérées comme en bon état chimique. Les hydrocarbures et les métaux représentent les premières sources de pollution des eaux souterraines.

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La commercialisation de ce géotextile vient d'être lancée. Il est fabriqué au sein d'une usine du groupe Sapiens, située à Bourg-de-Péage (26), une usine qualifiée de bas carbone par son dirigeant et montée il y a 1 an et demi. Vendue deux fois le prix d'un géotextile standard, cette innovation devrait générer dans un premier temps un ou deux millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires.