L'isérois Masterbox veut sauver le Noël des artisans avec son marché digital

[Initiative] Il veut créer le premier marché de Noël virtuel « Covid-compatible », en regroupant des artisans français. Comme un pied de nez à la crise de la Covid-19, le spécialiste isérois des coffrets cadeaux artisanaux Masterbox vient de lancer une nouvelle plateforme qui se veut comme le nouvel Amazon de l’artisanat bleu-blanc-rouge. Une manière de redorer le blason du petit commerce, contraint de baisser le rideau juste avant les fêtes de l’année ?
Près de 205 artisans auraient déjà réservé leur chalet virtuel, contre près de 600 demandes actuellement en cours de traitement dans le marché de Noël virtuel de Masterbox dédié à l'artisanat.
Près de 205 artisans auraient déjà réservé leur "chalet virtuel", contre près de 600 demandes actuellement en cours de traitement dans le marché de Noël virtuel de Masterbox dédié à l'artisanat. (Crédits : DR)

La période des fêtes s'annonçait plus que jamais délicate, avec l'ombre du Covid-19 qui continue de planer sur l'avenir des petits commerces. Alors que le bras de fer entre les élus locaux et les représentants des commerçants se poursuit à propos d'une possible réouverture des commerces de proximité, c'est peut-être un isérois, Vincent Naigeon, qui apportera une partie de la réponse, à destination des artisans notamment. Ce petit fils de vigneron s'est lancé dans la création de plusieurs entreprises -dont une petite entreprise de VTT dès l'âge de 13 ans- a eu une idée alors qu'il aidait son oncle à créer un site internet, en vue de vendre sa production de vins. « Je voyais bien que l'offre de coffrets cadeaux s'essouflait, et ne proposait rien de bien original. Cela manquait de l'authenticité ».

Après s'être lancé il y a seulement deux ans sur le marché des coffrets cadeaux artisanaux, sa jeune pousse Masterbox, qui emploie une douzaine de collaborateurs dans la banlieue de Grenoble (Isère), a eu l'idée de lancer le premier marché de Noël virtuel à l'échelle de l'Hexagone. Son objectif ? Concevoir une place de marché en ligne adaptée aux produits « made in France » réalisés par des artisans, afin de leur permettre de recevoir des commandes en ligne. Avec une cible ambitieuse : atteindre d'ici la fin décembre les 2 millions de visiteurs.

Sa plateforme, lancée il y a tout juste quelques jours, est déjà en plein boom : « Nous n'arrivons plus à entrer les demandes d'inscriptions, qui arrivent trop vite », glisse Vincent Naigeon, qui précise que le lendemain de l'annonce du confinement, sa plateforme avait déjà conclu près de 3.000 commandes à destination des artisans.

Visant toutes les régions de France, et en premier lieu l'Auvergne Rhône-Alpes ainsi que l'Ile-de-France, le marché de Noël virtuel de Masterbox semble venir combler un besoin, devenu pressant, des commerçants en recherche de nouveaux canaux de vente. « Certains avaient déjà investi quelques milliers d'euros pour s'offrir un site de vente en ligne, mais faute de budget pour assurer une démarche commerciale et marketing en vue de générer du trafic, ils ne décrochaient aucune vente », souligne Vincent Naigeon.

A ce jour, 205 artisans auraient déjà réservé leur chalet virtuel, et 600 se trouveraient encore « dans la file d'attente ». Des chiffres qui permettent à l'isérois de poser son ambition : devenir le premier marché de Noël virtuel en France, alors qu'il estime qu'il existe près de 50.000 artisans, susceptibles de bénéficier d'une telle place de marché au rayonnement national.

Une solution « clé en main », basée sur une commission

Car c'est bien là toute la valeur ajoutée d'une plateforme en ligne, qui reprend les codes les plus grands comme Amazon. Plus besoin, pour les artisans, d'investir massivement ou de passer du temps à paramétrer un outil : les équipes de Masterbox leur proposent une solution clé en main (mise en ligne des produits, référencement, prise de commandes, impression des étiquettes d'envoi...)

« Notre modèle est basé uniquement sur une commission, appliquée sur les ventes », explique Vincent Naigeon. Ainsi, lorsqu'un artisan vend un produit, 20 % de la somme est ensuite prélevée par la plateforme pour être réinvestie dans le marketing et la communication, tandis que 10% visent à assurer les frais de gestion.

Son fondateur n'hésite pas à faire le parallèle avec un marché de Noël traditionnel, « où les exposants peuvent régler jusqu'à 7.000 euros de loyer (hors région parisienne) sans avoir l'assurance de réaliser des ventes ou de rentrer dans leurs frais ». Un marché de Noël virtuel qui se revendique quant à lui « gratuit à l'entrée, et tarifé plutôt en fonction des performances réalisées par les commerçants. »

En contrepartie, Masterbox propose ainsi à ses membres des tarifs négociés pour l'expédition de leurs produits (en colissimo principalement), ainsi qu'une option de « click and collect » qu'ils peuvent activer avec les consommateurs qui le souhaitent.
« Notre objectif est avant tout de soutenir les artisans et de les aider à se faire connaître », indique le fondateur de Masterbox, qui précise que les artisans sont invités à réaliser et personnaliser eux-mêmes leurs envois, en y incluant une carte ou une brochure avec leurs coordonnées directes.

Pour l'heure, les commerçants inscrits sur ce marché de Noël virtuel disposent ainsi d'un « chalet virtuel » leur permettant de référencer jusqu'à 5 produits.

On y retrouve tous types de produits susceptibles de s'offrir sous forme de cadeaux et d'être livrés à distance : cosmétiques naturels, savons bio, bijoux de créateurs, produits du terroir, vins et bières, chocolats, maroquinerie, ou encore accessoires textiles...

Une « alternative » pour les vignerons et producteurs impactés

Pour se distinguer des autres plateformes de commerce en ligne, Masterbox mise sur des valeurs et une certaine philosophie, que la jeune pousse revendique à travers la mise en place d'un collectif de consommateurs, chargé d'orienter ses futures offres.

« Nous proposons uniquement des produits conçus en France, et qui ont passé nos tests de qualité. Cela concerne à la fois le produit ainsi que les emballages, dont on veut s'assurer qu'ils puissent être envoyés sans se casser ou s'altérer », cite en exemple Vincent Naigeon.

Déjà, ce dernier entrevoit l'arrivée, avec le reconfinement, « d'un certain nombre de vignerons, qui ne peuvent plus vendre leurs produits en direct en raison des mesures sanitaires, et qui recherchent ainsi d'autres canaux d'accès au grand public ». Même chose du côté des exposants habituels des marchés de Noël, tels que les producteurs de foie gras ou de caviar, etc.

D'autant plus que d'après lui, ces besoins se trouvent aujourd'hui plus que jamais en phase avec des attentes grandissantes des consommateurs.

« Depuis une dizaine d'années, on constate une vague de fond, avec un retour vers une consommation plus raisonnée. Les gens se tournent vers une consommation plus locale, voir hyper locale, et souhaitent acheter à moins de 50 km de chez eux ou retirer les produits chez les artisans, afin de retrouver un lien plus humain», observe Vincent Naigeon.

Ce phénomène, accéléré par la pandémie, s'observerait même en dehors des fêtes de fin d'année. « Plus largement, à chaque fois qu'ils souhaitent offrir un cadeau, de plus en plus de clients ne veulent plus de ces objets qui ont fait le tour du monde, qui ont été fabriqués dans des conditions déplorables, et finissent à la poubelle quelques jours après ».

Il en veut pour prendre la croissance des ventes de ses coffrets artisanaux, qui ont déjà enregistré une envolée de 500% lors du confinement, en mars et avril.

« Cela a permis aux artisans avec qui nous travaillons de continuer à vivre, d'engranger de la trésorerie et de recevoir des commandes », atteste Vincent Naigeon. De quoi lui permettre également d'anticiper un chiffre d'affaires de 2,5 millions cette année, contre 650.000 euros en 2019.

Masterbox voit donc déjà plus loin que les fêtes de Noël et espère ainsi participer à développer une nouvelle forme de consommation, plus responsable : « Chacun peut faire la différence à son niveau : si commander en ligne son épicerie tous les jours a peu de sens. Mais ça peut être différent dans le domaine du cadeau, où l'on célèbre déjà près de 180.000 anniversaires par jour ».

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