Vélos : le reconditionnement des batteries, ce marché porteur pour le lyonnais Doctibike

Série d'été [Vélo, la filière made in AURA qui grimpe #1] Depuis 2016, Doctibike se positionne sur la réparation et le reconditionnement des batteries de vélos électriques, et affirme aujourd'hui être en capacité de recycler jusqu'à 90% des marques, sur un marché en plein essor, accéléré par la crise sanitaire et le développement des mobilités dites "propres". Le moment pour Doctibike de faire sa mue et de doubler ses effectifs.
Doctibike peut reconditionner 90% des marques de batteries présentes sur le marché. Une expertise acquise grâce à un travail de fourmi pour établir sa batterie-thèque.
Doctibike peut reconditionner 90% des marques de batteries présentes sur le marché. Une expertise acquise grâce à un "travail de fourmi" pour établir sa "batterie-thèque". (Crédits : DR)

"Avant de recycler une batterie, on peut lui donner une seconde vie", voilà le credo de Doctibike, résumée par sa fondatrice et directrice, Anne-Sophie Caistiker.

Cette entreprise lyonnaise, spécialisée dans la réparation et le reconditionnement de batteries de vélos électriques, collabore déjà avec 2.000 magasins à travers la France, allant des grandes surfaces de sport, aux plus petites enseignes indépendantes.

Doctibike a aussi récemment conclu un partenariat avec Décathlon au sein de cinq magasins situés dans le Rhône et l'Ain, avec l'objectif d'un déploiement national si la formule prend.

"On reconditionne 90% des marques"

"S'il y a un problème de batterie sur un vélo, l'utilisateur a deux réflexes : retourner au magasin, qui n'a pas forcément la technique pour la réparer, ou aller en racheter une sur Internet. Nous nous inscrivons à ce niveau", développe Anne-Sophie Caistiker.

L'objectif premier est de faire durer la batterie le plus longtemps possible. La réparation ou le reconditionnement réduit ainsi leur empreinte écologique des batteries. "Le reconditionnement coûte 30 % moins cher qu'une batterie neuve", ajoute la directrice de Doctibike.

L'un des principaux obstacles actuels à ce marché réside dans le fai qu'il n'existe pas de standard de batteries pour les petites mobilités, qui ne sont donc pas interchangeables. Depuis 2016, Doctibike a donc développé sa propre "batterie-thèque", un centre de ressource interne afin que ses équipes soient en capacité d'en réparer le plus possible.

Un "travail de fourmi pour récupérer toutes les fiches techniques et établir les procédés", qui fait aujourd'hui la force se son positionnement : "On reconditionne 90 % des marques. Et si le reconditionnement n'est pas possible, nous proposons alors une batterie neuve."

Un marché en plein essor

Le marché de la batterie a aussi bien évolué depuis 2016 et Anne-Sophie Caistiker a saisi ce potentiel de croissance :

"Actuellement, on s'occupe des batteries qui ont été vendues il y a trois ou quatre ans, ce qui représentait par exemple 50.000 vélos électriques achetés en 2013. L'an dernier, on a multiplié ce chiffre par dix, en atteignant les 515.000 vélos."

Un marché aussi accéléré par la crise sanitaire, le vélo devenant un moyen de transports considéré comme "compatible" avec la distanciation sociale. L'achat a aussi été favorisé grâce aux aides à l'achat mises en place par certaines villes. La Métropole de Lyon, par exemple, proposait des aides à l'achat pour les vélos électriques pouvant aller jusqu'à 500 euros.

Aussi, selon Union Sport et Cycles, "en 2020, le marché français du cycle (vélos, pièces et accessoires) a battu un nouveau record, avec un chiffre d'affaires de plus de 3 milliards d'euros, [contre 2,3 milliards en 2019] en hausse de 25 % sur un an. Et ce malgré des magasins fermés pendant près de deux mois et des ruptures de stocks."

Sachant que ce marché avait déjà observé une croissance de ses ventes de + 12 % entre 2018 et 2019.

Et un autre facteur pourrait éventuellement accélérer encore un peu plus cette course : car depuis janvier 2021, un indice de réparabilité doit être indiqué pour les produits électroménagers. "Je suis convaincue que cela va arriver pour la mobilité", anticipe Anne-Sophie Caistiker. Une norme qui pourrait justement aller dans le sens de Doctibike.

Bientôt une équipe doublée

Ils ont commencé Doctibike à deux, Anne-Sophie Caistiker pour la partie commerciale et son associé à la technique. Mais il leur a fallu un certain travail pour se positionner sur ce marché : l'équipe compte aujourd'hui quinze salariés. L'objectif étant désormais de doubler ses effectifs ainsi que la taille de son local, qui sert aussi d'atelier, d'ici début 2022. "Il s'agit d'un nouveau métier, nous formons donc nos ressources en interne. On recherche avant tout des profils qui ont des appétences." Aujourd'hui, environ 50 batteries passent par l'atelier chaque semaine pour être reconditionnées.

Doctibike, comme son nom l'indique, est plus spécialisé sur les batteries de vélo, mais "depuis ces trois dernières années, on suit le marché des trottinettes et des scooters électriques", indique sa directrice. Pour le marché des batteries de voitures électriques ? "On regarde toutes les opportunités", glisse-t-elle.

Doctibike, Anne-Sophie Caistiker

Anne-Sophie Caistiker nourrit aussi des ambitions internationales pour Doctibike. Elle regarde en direction de l'Allemagne et des Pays Bays notamment, ou la culture vélo est déjà bien implantée. Ensuite, "l'objectif, c'est toute l'Europe. Le gâteau est plus gros et la part sera plus petite, mais nous avons un service innovant et une expertise sur certaines marques." Ce service, c'est Doctibike Tester qui permet de savoir à quel moment il est nécessaire de reconditionner sa batterie, "de la même manière qu'un contrôle technique."

Pareil pour l'implantation des gigafactories sur le vieux continent. "On suit ça de près, car on en est clients, donc on est très contents que ces batteries puissent un jour être fabriquées en Europe."

Malgré ses ambition européennes, la fondatrice de Doctibike compte rester à Lyon. "C'est un point au centre de l'Europe, c'est une ville bien desservie et il y a de bonnes écoles." La directrice de Doctibike est par ailleurs engagée dans la mobilité en tant que co-fondatrice du cluster MAD, qui fédère les acteurs du vélo sur le territoire.

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