Auvergne-Rhône-Alpes : plus de 400 entreprises ouvrent leurs portes aux visiteurs

La Cité du Chocolat Valrhona dans la Drôme, l’usine d’embouteillage de Volvic dans le Puy-de-Dôme, le fabricant de parapluie Piganiol dans le Cantal ou encore les caves de la Chartreuse dans l’Isère… toutes ces entreprises d’Auvergne-Rhône-Alpes ont le point commun d’accueillir des visiteurs dans leurs locaux. Un tourisme de proximité pour mettre en valeur leur savoir-faire et faire rayonner leur marque.
Le barrage de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) à Génissiat dans l’Ain est ouvert au public depuis 2018.
Le barrage de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) à Génissiat dans l’Ain est ouvert au public depuis 2018. (Crédits : DR CNR)

Cela fait peut-être partie de votre programme pour ces vacances d'été... visiter une entreprise et découvrir son savoir-faire et ses méthodes de production. En Auvergne-Rhône-Alpes, elles sont 405 à ouvrir leurs portes aux touristes (plus de trois mois dans l'année) selon l'Observatoire que vient de publier Entreprise et Découverte, association spécialisée dans le tourisme de savoir-faire et la visite d'entreprise. Une belle progression puisqu'elles étaient 206 il y a 5 ans. Et le succès est au rendez-vous, puisque 1,7 millions de visites ont été dénombrées l'an dernier sur tout le territoire. C'est 40% de plus qu'il y a trois ans.

« C'est surtout un tourisme de proximité puisque le premier public des entreprises est interrégional et ce sont aussi très majoritairement des familles » détaille Alexis Bosson, délégué régional d'Entreprise et Découverte. « La filière qui attire le plus est l'agroalimentaire. Elle représente une visite sur deux. Mais il faut dire aussi que c'est le secteur où il y a le plus grand nombre d'entreprises ouvertes à la visite. »

Viennent ensuite les vins/bières/spiritueux, l'artisanat et les métiers d'art puis la mode et les cosmétiques. L'industrie reste en retrait et se place à la dernière position avec seulement 6% des visites.

Lire aussi Inersio invente la visite virtuelle du Made in France

 « Ce secteur est sous-représenté alors même que nous sommes la région la plus industrielle de France. Notre ambition, c'est d'aller chercher des entreprises et de promouvoir la démarche. Il faut lever les freins. Il y a beaucoup de craintes ou de blocages liés aux questions de sécurité et de confidentialité », précise Alexis Bosson. Face à ce potentiel de milliers de sociétés, Entreprise et Découverte a ouvert en novembre dernier une antenne à Lyon, en partenariat avec Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme.

 « Ce type de tourisme est en pleine émergence en Auvergne-Rhône-Alpes, cela correspond à une tendance. Les Français veulent de plus en plus faire des voyages intelligents et mieux connaître un territoire. Cela passe par la découverte de ses savoir-faire. De leur côté, les entreprises utilisent cette ouverture pour faire rayonner leur carte de visite, » estime Fabrice Pannekoucke, président d'Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme.

Gains commerciaux, notoriété et attractivité

Si les entreprises s'engagent dans cette démarche, c'est notamment pour le côté commercial. Pour certaines sociétés, ces visites permettent de vendre leurs produits à l'issue, comme pour le fabricant de parapluie Piganiol à Aurillac dans le Cantal. Selon Entreprise et Découverte, la visite augmente le panier moyen de 30%. Les visiteurs sont enclins à dépenser plus car ils ont une meilleure compréhension des coûts de fabrication et puis il y a l'incarnation. Ils ont vu les salariés travailler et ils peuvent, bien souvent, échanger avec eux. Certaines entreprises de la région réalisent même jusqu'à 20% de leur chiffre d'affaires via la visite d'entreprise : les moulins de l'Huilerie Richard, le Domaine des Hautes Glaces ou encore la Coutellerie Robert David...

Lire aussi Tourisme : « Le retour de la clientèle internationale se poursuit », affirme Olivia Grégoire

 A cela s'ajoute un enjeu de communication. La visite permet de donner une image positive à son entreprise et de fidéliser les consommateurs. C'est l'une des motivations de la Société des eaux de Volvic (groupe Danone) qui a repris les visites en début d'année sur son site d'embouteillage d'eau minérale dans le Puy-de-Dôme. Des visites d'une heure, proposées tous les lundis, permettent de traverser l'usine de part en part sur des passerelles, situées au-dessus des lignes de production.

« Cela s'inscrit dans une démarche de transparence. Depuis 2017, l'usine est en très forte transformation, on investit dans des lignes de nouvelles technologies, on recycle 98% de nos déchets sur le site... tout cela on a envie de l'expliquer, de le raconter. Il y a un très fort enjeu de compréhension sur des sujets techniques, comme le recyclage du plastique ou la gestion de la ressource en eau. Nous voulons que les visiteurs puissent se faire leur propre opinion. Et puis, cela nous paraît important aussi par rapport à l'ancrage local » relate Amélie Perron, responsable communication chez Volvic, en charge des visites.

Enfin, il y a un aspect d'attractivité. Ces visites peuvent devenir un outil pour recruter et faire découvrir des métiers.

« 30% des entreprises expliquent ouvrir leurs portes notamment pour cette raison. C'est le cas de la société D'Ennery Confection qui fabrique des matelas en Haute-Loire. La direction espère qu'en montrant l'usine, ils pourront susciter des vocations. Ce sont des métiers où il n'y a pas forcément de formations en face. Cela permet aussi de casser les stéréotypes sur l'industrie », indique Alexis Bosson d'Entreprise et Découverte.

Le tourisme de savoir-faire trouve son modèle économique

Mais faire visiter son entreprise nécessite une organisation particulière et demande des moyens. Une personne dédiée s'occupe bien souvent des réservations, de l'organisation, de l'accueil et du guidage. Certaines entreprises le font en interne, d'autres sous-traitent. C'est le cas de Badoit dans la Loire, où c'est l'Office du Tourisme de Saint-Etienne qui s'occupe de la prestation. Quant à la billetterie, une entreprise sur deux a décidé de rendre ces visites gratuites en Auvergne-Rhône-Alpes. Quand elles sont payantes, le prix moyen est de 9 euros. Ainsi, pour visiter le barrage de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) à Génissiat dans l'Ain, il faut par exemple débourser 10 euros pour un adulte, 25 euros pour une famille.

« On ne gagne pas d'argent avec ces visites mais on ne le fait pas pour ça », explique Sylvain Colas, directeur de la communication et de la RSE du groupe. « Nous avons investi 1,8 millions d'euros dans ce projet mais nous le finançons via nos missions d'intérêt général. Notre but c'est avant tout de faire découvrir le patrimoine industriel du Rhône, de participer à l'éducation des plus jeunes et de faire connaître nos métiers. Nous avons accueilli 7.000 visiteurs l'an dernier ».

Toutes les entreprises ne peuvent pas déployer autant de moyens. Alors pour les aider à ouvrir leurs portes, l'association Entreprise et Découverte communique sur un dispositif mis en place par la Région et la Direction générale des Entreprises. Une subvention pouvant aller jusqu'à 50.000 euros pour investir dans du matériel de médiation, de la signalétique ou l'équipement d'une boutique. Une enveloppe de 650.000 euros est prévue à cet effet sur deux ans.

TOP 5 des entreprises les plus visitées en Auvergne-Rhône-Alpes en 2022

1. EDF Hydro Alpes (13 sites : barrages, centrales nucléaires...) : 181.900 visiteurs

2. Cité du Chocolat Valrhona (chocolat, Drôme) : 103.000 visiteurs

3. Fontaines pétrifiantes de Saint-Nectaire (Puy-de-Dôme) : 63.000 visiteurs

4. Domaine Eyguebelle (sirop et liqueurs, Drôme) : 62.000 visiteurs

5. Distillerie Jean Gauthier (spiritueux, Ardèche) : 60.000 visiteurs

(Données fournies par Entreprise et découverte dans le cadre de son Observatoire 2022.)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.