Accès à la santé : pourquoi Laurent Wauquiez veut-il créer une mutuelle régionale ?

Après l’Île-de-France, la Région Auvergne-Rhône-Alpes va lancer à son tour une mutuelle régionale. L’ambition : faciliter l’accès aux soins à tous, dans un contexte de déremboursement de la sécurité sociale dénoncé par le président LR de la collectivité. Un appel à manifestation d’intérêt va être lancé à la fin du mois d’octobre auprès des assureurs et mutuelles.
Le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé, ce vendredi 13 octobre, lancer en 2024 la deuxième mutuelle régionale française. Pour autant, pas de prise en charge publique des cotisations : elle sera portée par un prestataire extérieur, choisi par la collectivité, qui lance un appel à manifestation d'intérêt.
Le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé, ce vendredi 13 octobre, lancer en 2024 la deuxième mutuelle régionale française. Pour autant, pas de prise en charge publique des cotisations : elle sera portée par un prestataire extérieur, choisi par la collectivité, qui lance un appel à manifestation d'intérêt. (Crédits : La Tribune / Marie Amélie Journel)

Le sujet des mutuelles n'est clairement pas une compétence des régions. Pour autant, l'Île-de-France avait ouvert la marche en février dernier en créant la première mutuelle régionale française. Laurent Wauquiez - dont c'était d'ailleurs une promesse de campagne - lui emboîte aujourd'hui le pas. Le président LR d'Auvergne Rhône-Alpes lance à son tour une mutuelle régionale dédiée aux habitants de son territoire.

Lire aussiMutuelles : 3 millions de Français toujours sans complémentaire santé

« Dérembourser les soins, ce n'est pas ce que je veux pour mon pays »

« Dans le contexte actuel, nous ne pouvions pas rester les bras croisés, commente le président de région devant la presse, reconnaissant que l'initiative n'est normalement pas de sa compétence.

L'élu LR poursuit : « La baisse du pouvoir d'achat des Français et l'inflation accentuent les difficultés d'accès à la santé. Et pourtant, l'État veut faire des économies et accélère les déremboursements de la Sécurité Sociale. Avec des conséquences dramatiques. Ce n'est pas ce que je souhaite pour mon pays », pointe Laurent Wauquiez, soulignant plus particulièrement la question dentaire.

« Depuis le début du mois d'octobre, les soins dentaires ne sont plus pris en charge par la Sécurité sociale qu'à hauteur de 60 % (plus précisément 55 à 65 % selon les cas NDLR), contre 70% auparavant. L'impact est immédiat pour ceux qui n'ont pas de mutuelle, mais aussi pour ceux qui en ont une puisque ces transferts de charge sur les mutuelles (500 millions d'euros par an NDLR) se traduiront forcément par une hausse des cotisations, jusqu'à 10% pour 2024. Ce n'est pas ma conception de notre République », déclare Laurent Wauquiez.

Avec sa future mutuelle régionale, baptisée « Ma Mutuelle Région Auvergne Rhône-Alpes », l'élu déclare offrir une alternative aux offres déjà existantes sur le marché. L'objectif affiché est de faciliter l'accès aux soins à ceux ne pouvant s'offrir une mutuelle traditionnelle. Près de 300.000 personnes ne seraient en effet pas couvertes en Auvergne Rhône-Alpes. Cette nouvelle mutuelle ciblera aussi les habitants du territoire en recherche d'une offre plus compétitive, notamment les personnes non assurées dans le cadre d'une mutuelle d'entreprise : les étudiants, les jeunes actifs, les seniors ou encore les travailleurs non-salariés.

Lire aussiAménagement : Wauquiez peut-il vraiment retirer l'Auvergne-Rhône-Alpes du zéro artificialisation nette des sols (ZAN) ?

Pas de prise en charge publique des cotisations

D'un point de vue politique, le président s'offre, en bonus, un beau coup de visibilité, sans desserrer aucunement les cordons de la bourse. Car si la Région pilote la constitution d'une offre territoriale, elle ne s'engage dans aucune prise en charge quelconque des cotisations. Les personnes intéressées signeront directement avec la mutuelle régionale, qui sera gérée par le ou les prestataires retenus.

Lire aussiLes cotisations des mutuelles vont augmenter de 4,7% en 2023

L'appel à manifestation d'intérêt auprès des assureurs et mutuelles santé sera présenté en assemblée régionale plénière la semaine prochaine, avec un objectif de commercialisation à l'été 2024. L'initiative sera d'ailleurs soutenue par le groupe Socialiste écologiste et démocrate.

« Sur le principe, c'est une excellente initiative, même si Laurent Wauquiez aurait eu beaucoup d'autres choses à faire avant, et relevant de sa compétence, comme la gratuité des transports ou des internats », réagit Anna Aubois, conseillère régionale PS du Puy-de-Dôme et porte-parole du groupe.

Son groupe devrait donc voter en faveur de cette mutuelle et demander à être associé à la rédaction de l'appel à manifestation d'intérêt (AMI). Il va également présenter plusieurs amendements, notamment pour que cet AMI ne soit ouvert qu'aux réseaux mutualistes.

Aucun questionnaire de santé, un tarif 15 % moins élevé

Concrètement, l'appel à manifestation d'intérêt trace le cadre de ce qu'attend l'exécutif régional de ses prestataires pour cette future mutuelle. Celle-ci devra proposer (pas uniquement la première année) des tarifs au moins 15% moins élevés que ceux des contrats équivalents aujourd'hui sur le marché. Elle devra être accessible à tous, sans questionnaire de santé préalable et devra s'adapter aux besoins avec trois niveaux de prestations possibles (et une tarification adaptée). Avec par exemple, dès l'entrée de gamme, une composante dentaire et une autre sur la prise en charge des soins esthétiques post-cancer.

Déjà 66 mutuelles territoriales en Auvergne-Rhône-Alpes, qui pourront basculer vers la nouvelle entité

Malgré cet effet d'annonce, le modèle de la mutuelle territoriale collective n'est pas nouveau. En Auvergne Rhône-Alpes, sont ainsi recensées quelques 60 mutuelles communales et six mutuelles intercommunales représentant au total quelque 200 communes. La première avait été lancée en 2014 par la petite commune rhodanienne de Mornant (5.500 habitants, dont 15 % de bénéficiaires). Pour autant, malgré un attrait certain, ces mutuelles communales affichent désormais pour la plupart un déficit technique.

 « Leur taille est sans doute trop restreinte pour atteindre l'équilibre, avance Laurent Wauquiez. Avec un modèle négocié au niveau régional, nous pensons que la structure sera plus robuste », ajoute l'élu, assurant par ailleurs que toutes les mutuelles communales et intercommunales le souhaitant pourront basculer dans la future structure régionale. Pour l'instant, aucun objectif chiffré n'est avancé quant au nombre de clients attendus pour cette future entité, qui pourrait être commercialisée en 2024.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.