Eau potable : à Lyon, Veolia se prépare à laisser les rênes à une régie publique début 2023

Le calendrier de cette promesse de campagne est tenu : au 1er janvier 2023, l'eau de la Métropole de Lyon sera gérée par une régie publique, mettant fin à une délégation de service publique, vieille de plusieurs dizaines d'années, opérée par Veolia. Pour la Métropole, l'enjeu numéro un sera de travailler sur la préservation de la ressource avec cette régie publique. Veolia accuse, de son côté, une perte financière conséquente et va devoir se repositionner sur d'autres marchés et partenariats.

Dès le 1er janvier 2023, l'eau courante des grands lyonnais sera gérée par une régie publique. C'était en effet une promesse de campagne de la majorité EELV : reprendre le contrôle de la ressource afin de garantir son accès et sa préservation.

Cette régie publique, gérée par la Métropole de Lyon met donc fin à une délégation de service publique jusqu'à présent opérée, depuis 1987, par une filiale locale de Veolia.

"Une gestion 100% publique garantit que les choix seront faits en fonction de l'intérêt général", selon la Métropole.

Protéger la ressource

Après les épisodes de sécheresse de 2022, l'enjeu de garantir et préserver la ressource en eau revient plus que jamais sur la table. C'est la première motivation de ce passage en régie publique.

"La première orientation du cadre stratégique est la protection de la ressource, notamment sur la pollution agricole. [...] La seule solution, c'est de prendre la pollution à la source et de travailler avec les agriculteurs", affirmait en fin d'année dernière Anne Grosperrin, vice-présidente de la Métropole déléguée à l'eau et l'assainissement.

Le captage sera lui aussi protégé par de possibles préemptions du foncier. La régie prévoit par ailleurs un volet d'accompagnement des agriculteurs vers un passage en bio.

La diversification de la ressource fait aussi partie de ce texte : "Avec la baisse de débit du Rhône et la fonte totale de l'apport du glacier des Alpes d'ici 2070, il va y avoir des difficultés importantes d'approvisionnement. Il faut une sobriété des acteurs (agriculture, industrie, usagers)", avançait Anne Grosperrin. L'agriculture consommant 70% de l'eau en été et l'industrie 20%, selon les chiffres avancés par le Grand Lyon.

Le renouvellement annuel des canalisations sera accéléré, passant ainsi de 0,75% à 1% au sein du nouveau contrat (le territoire de la Métropole compte 4.000 kilomètres de réseau). Un renouvellement indispensable, "entre ce qu'on produit et ce qu'on distribue, on perd 15%. Il faut renouveler le réseau", selon Anne Grosperrin.

Des usagers au conseil d'administration

Au sein de la Métropole de Lyon, 18.000 personnes n'ont pas accès à l'eau potable, ce sera aussi un des enjeux de cette nouvelle régie de rétablir un accès à tous. Le conseil d'administration de cette régie comptera par ailleurs quatre sièges les utilisateurs.

Sur le prix, "ça ne doit pas coûter plus cher qu'avant", affirmait l'an dernier Bruno Bernard. Un litre d'eau potable coûte actuellement 0,0031 centimes. Veolia avait une marge officielle de 6,5% sur la durée du contrat, d'après la Métropole, et de 4,9% en moyenne selon Veolia.

La Métropole compte en tout les cas conserver le même coût de revient et profiter des marges pour améliorer les réseau et mener sa politique cadre.

Veolia "reste partenaire"

Toutefois, comme le relève Lyon Capitale, "au 25 octobre, seulement 45.000 sur les 250.000 usagers ont répondu au mail, soit 18 % des usagers." Un travail de communication est donc à fournir.

Aussi, les 280 salariés de la filiale lyonnaise de Veolia vont être intégrés à cette régie qui comptera en tout 350 salariés. Pour Veolia, qui espère se positionner sur d'autres marchés locaux, la fin de cette délégation de service public représente une perte de 90 millions d'euros.

En octobre dernier, Veolia a même diffusé un sport publicitaire pour "remercier Lyon". "Avec nos différents métiers, nous gardons une activité importante en Auvergne-Rhône-Alpes, avec toujours près de 2000 collaborateurs, 6.000 emplois indirects, et plus de 350 millions d'euros d'achats auprès de fournisseurs locaux. Nous sommes prêts à accompagner ce territoire, qui a de grands enjeux écologiques à relever en matière d'eau, d'énergie et de recyclage et valorisation des déchets", indique la société, par voie de communiqué.

Aussi, pour une période de transition d'au mois deux années, Veolia restera cependant partenaire de la Métropole afin d'assurer "le traitement des appels (700 à 1.000 appels par jour) et la mise à disposition du logiciel de gestion clientèle, afin de bien assurer la passation."

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Commentaires 2
à écrit le 21/12/2022 à 16:23
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Dans la gestion de l’eau, il n’y a pas qu’une politique de rationnement de la fourniture, comme l’envisage les Écolos, qui compte. Il y a toute la tuyauterie d’amenée qu’il faut entretenir notamment pour éviter les fuites et celle d’évacuation et de ...

à écrit le 14/12/2022 à 7:31
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Tiens, on entend pas les bien-pensants crier au complotisme? Panier de crabes un jour, panier de crabes toujours, ainsi navigue le monde des politiques et technocrates

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