
Dans le classement des grandes villes où il fait bon étudier (établi par le magazine L'Etudiant), Clermont-Ferrand se situe dans les premières places. Pourtant l'agglomération, comme beaucoup d'autres en France, rencontre des difficultés pour loger ses étudiants. Les cités universitaires, qui accueillent les jeunes les plus modestes (attribution soumise à condition de ressources), manquent d'offres. A peine 10% des presque 40.000 étudiants de la métropole trouvent un studio ou une chambre dans ces résidences Crous.
A Clermont-Ferrand, seules 2.420 places sont en effet proposées dans les onze résidences gérées par le Crous, auxquelles s'ajoutent 1.320 places dans la commune limitrophe d'Aubière. Jérôme Auslender, adjoint au maire de Clermont-Ferrand en charge de la vie universitaire et étudiante, reconnaît qu'il y a une saturation du parc : « Il y a des difficultés cette année. Et c'est d'autant plus vrai qu'il y a des tensions sur le parc locatif privé. »
424 euros de loyer en moyenne par mois
Car il est aussi difficile de trouver des logements abordables dans le marché locatif privé, déjà saturé. Peu d'appartements de petite taille sont disponibles, alors que la population étudiante continue de progresser. Et cette année, avec l'inflation, les loyers ont augmenté.
« C'est un point critique, le logement, une source de stress énorme, » explique Léandre Dupont, président de la Fédération des Etudiants d'Auvergne, première organisation représentative du département. « Clermont-Ferrand n'est pas considéré comme une ville en tension mais, selon notre étude, un étudiant doit débourser en moyenne 424 euros par mois pour se loger dans la ville. Cela revient très cher. »
Nouvelle résidence dans le parc privé
Jérôme Auslender nuance et rappelle que Clermont-Ferrand reste parmi les villes étudiantes les plus abordables de France. C'est ce que confirme une étude UNEF (Union nationale des étudiants de France) qui, pour cette rentrée 2023, place l'agglomération dans le top 10 des villes où les loyers sont les plus faibles (avec un loyer moyen de 409 euros contre 570 au niveau national).
L'élu précise aussi qu'une nouvelle résidence étudiante doit sortir de terre, fin 2024, avec plus de 400 lits, en face de l'Ecole supérieure d'art de Clermont Métropole.
« Nous avons demandé au promoteur privé de changer son projet initial qui était de réaliser une résidence pour personnes âgées. Nous trouvions que l'emplacement, à proximité d'une école, était parfaitement adapté aux besoins des étudiants, » précise l'adjoint à la vie universitaire et étudiante de Clermont-Ferrand.
Une bonne nouvelle pour Léandre Dupont, également doctorant en Sciences de gestion, même si ce dernier regrette que cela reste du locatif privé.
« Nous avons déjà pas mal de résidences étudiantes privées dans la ville. Les prix ne sont pas encadrés et on ne trouve rien en dessous de 450 euros le mois. Alors, certes, certaines de ces résidences proposent des salles de sport ou de jeux mais, quand on est étudiant, les priorités c'est de dormir et manger dans son logement. On s'en fiche du billard ! Ce sont des services superflus, » regrette le jeune homme de 23 ans, qui voudrait que ce soit plutôt le Crous qui lance la construction de nouvelles chambres.
Observatoire du logement étudiant
Mais ces dix dernières années, le Crous (qui a la compétence de gestion des résidences étudiantes à Clermont-Ferrand) s'est employé à la réhabilitation des logements existants. Les studios, chambres et studettes, qui étaient vétustes, ont bénéficié de rénovation et de mise aux normes énergétiques. Une opération à laquelle la Ville de Clermont-Ferrand a participé à hauteur de 400 à 500.000 euros par an.
Tous les acteurs sont désormais prêts à entrer dans une nouvelle phase et à ouvrir une réflexion pour élargir l'offre.
« Face à cette pénurie, on s'est dit qu'il fallait que l'on réagisse. Nous avons eu une réunion, début septembre, avec la direction de l'Université, le Crous, la Métropole et l'agence d'urbanisme, » détaille Jérôme Auslender. « Nous avons décidé de créer un Observatoire du logement étudiant pour objectiver la situation et le nombre de logements manquants. L'idée est de préparer des constructions futures. A la Ville, on peut repérer du foncier et user de notre droit de préemption. On pourra même participer au financement. Mais c'est un projet au long cours. »
En attendant, les étudiants doivent composer avec le parc existant. Au niveau national, l'Union étudiante, fédération de syndicats et d'associations étudiantes, demande la construction dans l'urgence d'au moins 150.000 logements Crous dans l'hexagone. Selon elle, le nombre de ces logements a été multiplié par 2,3 entre 1963 et 2022, quand le nombre d'étudiants, lui, était multiplié par 10,5.
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