JO d'hiver 2030 : une candidature « des Alpes françaises » pour des jeux « durables » et « moins chers »

Le conseil de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a voté, ce vendredi 20 octobre, une délibération relative à la candidature des Alpes françaises, avec la région PACA, aux Jeux Olympiques d'hiver 2030. Les deux régions, notamment en lice face à la Suède et la Suisse, prévoient de déposer leur dossier au CIO en novembre, pour une présélection attendue en décembre et une décision finale courant 2024. Le territoire mise notamment sur ses infrastructures existantes pour proposer les JO « les moins chers », à peine six ans après ceux de Paris. Mais l'opposition pointe les enjeux environnementaux de l'événement et demande un référendum.
Les Alpes françaises, réunissant les régions Aura et Paca, déposent une candidature auprès du CIO pour l'organisation des JO d'hiver 2030.
Les Alpes françaises, réunissant les régions Aura et Paca, déposent une candidature auprès du CIO pour l'organisation des JO d'hiver 2030. (Crédits : DR/Hensli Sage)

Et si la France accueillait, à peine six ans après les Jeux Olympiques de Paris 2024, ceux d'hiver en 2030 ? Cette perspective, engagée depuis maintenant deux ans par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d'Azur, va prochainement connaître une nouvelle étape. Le dossier, ficelé par les deux collectivités, les comités olympiques et paralympiques français (CNOSF et CPSF), sous l'œil de l'Etat, autour d'une candidature des « Alpes françaises », débouchera avant le 7 novembre prochain sur son dépôt auprès du Comité international olympique (CIO).

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Laurent Wauquiez se place comme porteur principal

Une fois réceptionné, avec d'autres candidatures, le dossier sera étudié par l'organisation internationale. Début décembre, les deux régions sauront si elles sont présélectionnées. Si c'est le cas, s'enclenchera alors rapidement une phase de dialogue rapproché, « poussé et exclusif » selon Laurent Wauquiez, président de la région Aura, qui mènera à une décision finale du CIO attendue en 2024.

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« C'est une course de vitesse. Le dossier doit être rendu pour début novembre. Nous avons fait le choix d'être en équipe. Au lieu d'avoir une division française, nous avons montré l'image d'une réconciliation et d'une capacité à le porter ensemble », dépeint Laurent Wauquiez, en marge du conseil régional du jeudi 19 octobre, ne citant pourtant à aucun moment la Région Paca.

Car l'élu inscrit cet événement dans une grande histoire régionale : « C'est Chamonix, c'est Grenoble, c'est Albertville, déjà en 1992. Le danger, si on ne se positionne pas sur ces questions, c'est que dans la durée, petit à petit, la France ne soit plus dans la liste des grands pays, des grands sites capables d'accueillir des JO d'hiver », argue le président de région LR devant la presse. La chaîne montagneuse est, selon lui, « baignée par l'héritage de l'Olympisme ». Constat appuyé par Martial Saddier, président LR du département de la Haute-Savoie, qui se dit très favorable au projet, sans être directement partie prenante : « Nous sommes un territoire indissociable de ces évènements », citant les championnats du monde à venir dans plusieurs disciplines sportives.

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« Les premiers JO durables » questionnés

Mais alors que l'idée de nouveaux Jeux, « fédérateurs », enthousiasme les élus de la majorité régionale, le sujet des conséquences environnementales reste soulevé dans les débats, notamment par l'opposition. Si Laurent Wauquiez, au nom de cette candidature commune, dit « porter l'ambition » d'organiser « les premiers JO durables », le groupe Les Ecologistes dénonce « un pléonasme » et a présenté plusieurs amendements en ce sens lors du dernier conseil. Bien que l'opposition ne se dise pas totalement fermée à cette candidature, une inquiétude, portée par Pierre-Henri Janot, conseiller régional d'opposition, concerne l'annonce récente du président de région de vouloir retirer l'Auvergne-Rhône-Alpes du dispositif Zéro artificialisation nette des sols (ZAN) :

« Respecter le ZAN, ce serait rendre ingénieuse, brillante et singulière notre candidature auprès du CIO, justement parce que nous relèverions le défi de ne pas empiéter, de ne pas aggraver ni augmenter davantage l'artificialisation, pour que ces Jeux aient un impact qui soit, tout du moins, neutre. Voilà le défi que nous lançons », interpelle le conseiller régional Les Ecologistes.

Les élus pointent également le besoin d'investir davantage dans le ferroviaire, et demandent l'organisation d'un référendum avec les habitants des territoires concernés, à l'instar des signataires d'une tribune publiée dans Le Monde, dont plusieurs chercheurs et le collectif Saccage 2024. Amendements rejetés. La collectivité déclare seulement s'appuyer sur un sondage (OpinionWay) indiquant que « 68 % des Français, 78 % des habitants de la Région et 82 % des départements de la Savoie, de la Haute-Savoie et de l'Isère se disent favorables à une candidature aux JO d'hiver 2030 ».

« Je suis ouvert à fixer des objectifs sur la consommation d'eau, pour montrer exemple en la manière. Cela m'intéresse qu'on puisse se challenger et progresser ensemble dessus », répondait Laurent Wauquiez lors du conseil régional du 19 et 20 octobre.

« Faire du neuf avec de l'existant »

Mais où pourraient se dérouler les différentes épreuves ? Et se trouvera le village olympique ? Si Martial Saddier laisse la discrétion aux deux régions, qui ne communiquent pas ces éléments, cette candidature sera bien celles des « Alpes françaises » en général. Son idée forte, au regard du cahier des charges du CIO : réunir ses savoir-faire, mais aussi réutiliser les infrastructures existantes : « Nous avons le tremplin de Courchevel, les pistes de luge, de bobsleigh et de skeleton de La Plagne, énumère Gilles Chabert pour l'exécutif régional lors du conseil du vendredi 20 octobre. Concernant le stand de biathlon, nous devrions normalement l'avoir au Grand-Bornand en 2028, car ils ont candidaté pour organiser les championnats du monde ». Mais un « point noir » concerne d'autres équipements :

« Sur les patinoires, elles sont nombreuses (...), mais la jauge de spectateurs n'est pas assez élevée. La plus grande accueille 5.000 personnes, et celle demandée par le CIO fait le double, d'à peu près 10.000 personnes. Nous nous associons avec le Sud et, si ces Jeux nous sont attribués, Nice fera certainement construire une patinoire de cette taille-là », annonce Gilles Chabert.

Qui fera les Jeux « les moins chers » ?

Enfin, sur le coût des Jeux, personne ne s'avance. « Trop tôt ». Les discussions se poursuivent entre les deux régions et, interrogé, l'Etat ne détaille pas sa participation, ni son soutien.

« Le budget est très difficile à évaluer, parce que nous sommes couplés avec les Alpes du Sud. Nous nous sommes fixés l'objectif d'avoir les JO les moins chers. Il s'agit, pour nous, de continuer la trajectoire qu'a souhaité le CIO par rapport aux précédentes éditions. Et c'est aussi une politique portée par Lausanne : des JO moins chers, moins portés vers le gigantisme ».

Laurent Wauquiez, président LR de la Région Aura

Egalement en lice, la Suisse et la Suède s'avèrent « des concurrents de taille » selon plusieurs élus, étant donné leurs expériences et infrastructures. Mais aussi par leur souci de la gestion des finances. Pour la France, la facture des JO de Paris 2024, veillée au grain par la cour des comptes, s'avèrera cruciale. Les magistrats livreront un bilan au Parlement à l'automne 2025, indiquait Pierre Moscovici cet été. Mais déjà en 2022, la cour pointait une « sous-estimation du budget de candidature », passé de 3,3 milliards à 4,385 milliards d'euros en décembre dernier.

Concernant les JO d'hiver 2030, les candidats recevront des premières réponses dans quelques semaines, en décembre. Le dossier français sera, lui, défendu devant le CIO à Paris, le 21 novembre prochain.

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