Plaine de l'Ain : Comment Transpolis permet au territoire d'innover

La plateforme mutualisée Transpolis permet aux acteurs industriels et académiques d'expérimenter leurs innovations dans des conditions proches du réel. Une première en Europe qui permet à son territoire de se renouveller.
Transpolis se déploie sur près de 80 hectares dans la Plaine de l'Ain
Transpolis se déploie sur près de 80 hectares dans la Plaine de l'Ain (Crédits : DR)

De l'ancien camp militaire, un vaste espace clos de 80 hectares au coeur de la plaine de l'Ain, à quelques dizaines de kilomètres de la métropole de Lyon, il ne reste que les hangars et les bâtiments de pierre, recouverts de façades d'immeuble en trompe-l'oeil. L'ensemble est désormais relié par 12 kilomètres de route, dont une portion d'autoroute, un large boulevard urbain ou une série de virages et de courbes, des ronds-points, des feux de circulation, de l'éclairage public.

De temps en temps, une voiture écrasée patiente sur le bas-côté, des enfants de carton apparaissent à vélo, une navette sans conducteur effectue son trajet d'un kilomètre et l'éclairage public s'allume à intervalle régulier. Un environnement urbain, quasi-lunaire, mais entièrement interconnecté par 320 km de fibres optiques et 150 terminaux informatiques, qui s'anime sous la houlette des équipes d'ingénieurs et techniciens de la SAS Transpolis (22 collaborateurs, 2,6 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018) et de ses partenaires (recherche publique, industriels) utilisant cette plateforme collaborative à grande échelle pour leurs essais.

Là, une ETI teste ses barrières de sécurité et ses bornes défensives anti-intrusion sur un rail de simulation numérique. Non loin, l'opérateur de transport Berthelet expérimente sa navette autonome. Partout, l'opérateur Bouygues Telecom, en partenariat avec Ericsson, appréhende les futurs cas d'usage de la 5G.

50 projets en cours

En tout, près de 50 projets français, mais aussi internationaux, sont hébergés à Transpolis, en test sur le laboratoire urbain, mais aussi en modélisation et simulation numérique ou sur les questions relatives aux usages, essentielles à l'acceptation de ces nouveaux modes de déplacement.

"Les laboratoires de recherche permettent d'imaginer et de conceptualiser la technologie, mais il manquait vraiment un lieu physique pour confronter le virtuel du réel. Ces tests d'usage permettent d'aller plus vite en toute sécurité", explique Bernard Sala, directeur général adjoint Prospective, développement et recherche du Groupe Colas, qui teste à Transpolis un revêtement réfléchissant capable de diffuser des messages personnalisés aux usagers.

Partenariat public-privé

Historiquement incubée au sein du pôle de compétitivité sur les transports et les solutions de mobilité (Cara), Transpolis s'est concrétisée en 2011 à la demande de certains industriels et sous l'impulsion de l'État.

"Il nous fallait un lieu où se faire rencontrer les chercheurs et les industriels. Comme nous n'en avions pas, nous avons inventé cet outil autour du "faire expérience ensemble" avec la compétence de tous les acteurs. C'est une véritable oeuvre collective", raconte Dominique Fernier, le président de Transpolis, lors de l'inauguration officielle du site en juillet dernier.

Lire aussi : [Les transformateurs] : Dominique Fernier, l'accompagnateur

Pour y faire face, les initiateurs se sont rapprochés de l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (Ifsttar) qui a fait de "l'innovation une nécessité absolue", selon Hélène Jacquot Guimbal, sa directrice générale. Mais a aussi de plusieurs investisseurs (7 à la création, puis 7 autres au cours du temps), comme Colas, Volvo Renault Trucks, la Banque des Territoires, rejoints par des partenaires technologiques (Ericsson, Sensys networks) et institutionnels (Région Auvergne-Rhône-Alpes, Département de l'Ain, Métropole de Lyon par exemple).

Au-delà de l'innovation, Transpolis offre l'opportunité à un territoire de se positionner comme une alternative à sa grande métropole voisine.

"Notre risque, alors que nous sommes situés à la frontière d'une grande métropole européenne, c'est de n'être qu'un territoire périphérique, évalue Jean-Louis Guyader, le président de la Communauté de communes de La Plaine de l'Ain. Transpolis va nous permettre de porter notre image de terre d'innovation à travers toute l'Europe."

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.