Le mois dernier, Emmanuel Macron annonçait un investissement massif de 160 millions d'euros pour « renforcer la souveraineté sanitaire et relocaliser en France la production des médicaments essentiels ». Parmi les sociétés qui seront aidées via France 2030 : EUROAPI et son usine de Vertolaye dans le Puy-de-Dôme.

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Une bonne nouvelle pour le fabricant de principes actifs pharmaceutiques qui compte développer, ces prochaines années, ses activités de R&D sur ce site. En ligne de mire : l'accroissement, d'ici à 2027, de sa production de morphine et de ses dérivés, ainsi que de leurs antagonistes utilisés comme antidotes. Si la recherche est concluante, l'entreprise prévoit d'investir jusqu'à 70 millions d'euros, dont environ 15% pour la R&D et 85% pour des investissements industriels qui seraient déployés à partir de 2026.

« Notre ambition est de développer un procédé innovant qui devrait nous permettre d'augmenter les rendements de 20% à 30%. Nous avons les compétences à Vertolaye en termes d'innovation sur l'extraction végétale (à partir de pavot, ndlr) », explique Cédric Van Der Meiren, le directeur du site auvergnat qui compte 700 salariés.               « Aujourd'hui nous sommes au maximum des capacités pour livrer le marché. Il faut chercher à faire du volume sur les antidouleurs morphiniques car cela fait partie des médicaments en pénurie. Il s'agit d'un véritable enjeu de santé publique. »

Limiter la dépendance aux importations

Pour le gouvernement, ce projet est emblématique alors que les pénuries de médicaments se multiplient ces dernières années. Selon un rapport du Sénat sur le sujet, publié au début du mois, 3.700 médicaments sont déclarés aujourd'hui en tension ou en rupture. On en comptait 700 en 2018.

« Les projets d'EUROAPI (...) font partie des huit nouveaux projets de relocalisation qui nous permettront de réduire significativement notre dépendance aux importations extra-européennes sur un certain nombre de médicaments dans les cinq années qui viennent », a salué le mois dernier Roland Lescure, ministre délégué en charge de l'industrie.

Seul site européen à fabriquer des corticoïdes de A à Z

L'autre opportunité importante de développement pour le site de Vertolaye est à attendre du côté des corticoïdes. EUROAPI a, en effet, été sélectionné pour prétendre au PIIEC santé, le Projet Important d'Intérêt Européen Commun (Piiec), initiative européenne qui permet aux Etats membres de financer des projets industriels dépassant les montants et taux d'aide habituellement autorisés.

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Dans ce cadre, l'entreprise a proposé plusieurs projets innovants pour contribuer à couvrir, d'ici à 2030, les besoins en corticoïdes anti-inflammatoires, médicaments critiques, aujourd'hui massivement importés dont la méthylprednisolone. Le dossier est en cours d'instruction par la Commission européenne. EUROAPI devrait savoir si son dossier est validé et connaître le montant de l'aide d'ici la fin de l'année. L'entreprise a un atout de taille pour convaincre. Elle est la seule en Europe à fabriquer de la déxaméthasone (corticoïde de synthèse ayant une action anti-inflammatoire et antiallergique). Médicament prescrit à toutes les personnes hospitalisées pour le Covid.

 « Nous sommes le seul site européen à fabriquer des corticoïdes de A à Z, c'est-à-dire toute la synthèse chimique. C'est un savoir-faire rare. Il faut investir dans les innovations, développer des procédés et des technologies de pointe sur notre site pour rester compétitif. Il faut sécuriser l'approvisionnement de la France et de l'Europe plus globalement. Car 80% du marché mondial des corticoïdes sont détenus par les Asiatiques », précise Cédric Van Der Meiren.

EUROAPI a réalisé, l'an dernier, un chiffre d'affaires de 976,6 millions d'euros dans le monde, en hausse de 8,5% sur un an. Le groupe possède environ 200 références en portefeuille et des molécules innovantes via son activité de sous-traitant. Il compte six sites en Europe, dont celui de Vertolaye donc, et fournit des clients dans plus de 80 pays.