
Cela fait dix jours que la quasi-totalité des 180 « derniers » salariés de ZF PWK Mécacentre occupent l'usine, située à Saint-Etienne (Loire). Les salariés luttent en effet contre la fermeture de l'usine, qui fabrique des pièces de liaison au sol pour l'automobile (rotule, cardan, croisillon de direction).
Placée en redressement judiciaire en juillet dernier, à la demande de la direction, détenue par les groupes allemands ZF et PWK, la co-entreprise arrive au bout des démarches possibles, elle qui n'a pas trouvé encore de repreneur. Les salariés craignent que la liquidation judiciaire ne soit prononcée dès le 25 octobre par le Tribunal de commerce de Saint-Etienne (Loire). Le conflit porte désormais sur le montant de la prime supra-légale de licenciement.
Contactée jeudi par l'AFP, la direction de Mécacentre n'était pas joignable. Les représentants des salariés affirment que « la plupart des dirigeants de la société ont déserté le site depuis la semaine dernière ».
Un « contexte de profonde mutation du secteur automobile », indiquait la direction en juillet
Au moment du placement, en juillet, la direction expliquait en revanche qu'il s'inscrit dans un « contexte de profonde mutation du secteur automobile », avec une « hausse des coûts de production qui ne peut pas être complètement répercutés », indique l'Agence France Presse. Le chiffre d'affaires de l'entreprise, en diminution régulière, est tombé à 22 millions d'euros en 2022, ne regagnant pas ses niveaux d'avant crise sanitaire. Les pertes cumulées de ces dernières années dépassent quant à elles 40 millions d'euros.
Face au blocage, la préfecture a été saisie par les syndicats et par l'administrateur judiciaire de la société pour tenter de renouer le dialogue entre la direction et les représentants de salariés. « Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des salariés suivent le mouvement », affirmait jeudi à l'AFP Abdelaziz Laidouni, délégué syndical CFDT, l'un des deux syndicats, avec la CGT, en pointe dans le conflit social, également suivi par FO et la CFE-CGC.
Ce vendredi matin, les salariés grévistes de Mécacentre « seront en tête du cortège de la manifestation nationale intersyndicale qui démarrera devant la Bourse du travail de Saint-Etienne », a assuré la veille Nordine Ait Zouaoua, délégué syndical CGT. Les syndicats envisagent également de se rendre au siège du groupe, à Friedrichshafen (sud de l'Allemagne), en début de semaine prochaine.
Le groupe ZF, dont le siège se situe à Friedrichshafen (sud de l'Allemagne), a par ailleurs mis en vente l'autre unité de production qu'il possède dans la Loire, à Andrézieux-Bouthéon, où 330 personnes fabriquent des boîtes de vitesses pour poids-lourds.
Mécacentre, une pénible marche vers l'équilibre
Créée en 1946 par M. Jean Fanjaud, Mécacentre avait été reprise par Integral-Hydraulik en 1977 puis par Lemförder en 1981, devenue par la suite ZF, comme l'expliquait-on dans un article paru en 2018. Trente ans plus tard, en 2011, ZF décidait de créer une joint-venture avec un autre groupe allemand, PWK, pour reprendre l'usine stéphanoise qui affichait 7 millions d'euros de pertes en 2009. Mécacentre était alors passée du statut, relativement confortable, de filiale de ZF à celui, plus exigeant, de fournisseur.
L'entreprise avait ensuite dû s'activer pour retrouver un niveau de productivité et de compétitivité acceptables par la nouvelle direction. Un plan de départs volontaires (24 personnes) avait été mis en place et une chasse aux coûts engagée, afin de s'aligner sur les tarifs des concurrents. Le tout, au cœur d'un dialogue social régulièrement tendu entre direction et syndicats.
En 2016, Mécacentre avait finalement réussi à atteindre péniblement l'équilibre financier, avant de perdre de nouveau 1,7 million d'euros l'année suivante, en raison de retards dans la prise de commandes. Depuis, ses résultats nets sont restés négatifs.
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