Auvergne-Rhône-Alpes accélère sur les énergies décarbonées

Première région industrielle de France, l'Auvergne-Rhône-Alpes est aussi championne de la production d'électricité dans le pays. Poumon vert de l'Europe, elle mise notamment sur les énergies renouvelables, l'hydrogène et le nucléaire pour développer la production d'une énergie bas carbone compétitive. Un enjeu majeur de la souveraineté et de la réindustrialisation, gage également de nouvelles opportunités, du fait de la relance de l'atome. C'est ce qui ressort d'une série de débats qui se sont déroulés lors du forum « Transformons la France », organisé par La Tribune le 1er juin à Lyon.
(Crédits : DR/EDF/Cedric Helsly)

Berceau de la houille blanche, l'Auvergne-Rhône-Alpes est le champion hexagonal de l'hydroélectricité, première source d'énergie renouvelable. En outre, avec ses 14 réacteurs nucléaires, elle est en tête des régions productrices d'électricité. Elle a adopté une feuille de route ambitieuse pour décarboner toujours plus sa production en énergie.

« Dans notre mix énergétique, il nous faudra évidemment cette énergie décarbonée qu'est le nucléaire », explique ainsi Thierry Kovacs, vice-président délégué à l'environnement et à l'écologie positive de la région Auvergne-Rhône-Alpes (AuRA). « A ces forces, nous voulons rajouter le développement des énergies renouvelables, avec notamment un grand plan de solarisation et un pack énergie », poursuit-il. Objectif : apporter des solutions clé en main aux entreprises et aux industriels face à la crise énergétique et faire également avancer la sobriété énergétique. Déjà, quelque 1.600 entreprises ont manifesté leur intérêt, dit-il.

L'hydrogène est une autre brique sur laquelle parie l'AuRA, en particulier pour décarboner la mobilité lourde. La région abrite d'ailleurs la Zero Emission Valley (ZEV), un projet soutenu par l'Europe pour développer une filière et un écosystème d'hydrogène vert pour les véhicules sur l'ensemble de son territoire. Autant dire que l'AuRA met résolument le cap sur le zéro net émissions. « La région travaille actuellement sur une stratégie de décarbonation avec des actions secteur par secteur. Cette stratégie sera développée d'ici la fin de l'année pour être neutre en carbone avant 2050 », affirme l'élu.

Les espoirs du nouveau nucléaire

Les enjeux sont nombreux pour cette région mondialisée qui ambitionne d'être la plus durable d'Europe. Il en va notamment, à l'heure où la crise énergétique rebat les cartes géopolitiques, de sa souveraineté et de sa compétitivité industrielle. Dans ce contexte, la filière nucléaire, avec ses quelque 40 000 emplois directs et indirects en AuRA, occupe une place de choix.

Comment va-t-elle évoluer vers les EPR nouvelle génération dans le cadre du renouveau nucléaire lancé par le gouvernement ? Et de quelle manière cette nouvelle donne peut-elle être un levier d'opportunités pour les entreprises installées dans la région ? Pour Jean-Luc Mazel, directeur général de Velan, un constructeur de robinetterie pour les centrales nucléaires, « il y a un enjeu de construction en série de ces réacteurs, sans oublier le défi de trouver le meilleur modèle d'excellence opérationnelle. » Velan compte en tout cas s'appuyer sur la Nuclear Valley, le pôle de compétitivité nucléaire de l'Auvergne-Rhône-Alpes, pour investir largement sur la R&D comme sur la digitalisation.

« Un programme de nouveau nucléaire demande, au-delà d'une bonne maîtrise de l'outil industriel, une excellente maîtrise de l'ingénierie en amont », considère de son côté Philippe Lazare, directeur de l'ensemblier industriel Boccard Energy Solutions. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'entreprise basée à Villeurbanne a récemment inauguré son nouveau centre d'innovation, « que ce soit pour des technologies amont de conception ou de réalisation, avec des machines spéciales qui agissent en milieu contraint de radioactivité », ajoute-t-il.

Attirer les talents

Cependant, pour Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheure et responsable pédagogique des enseignements en sciences et technologies nucléaires du Cnam, le véritable enjeu de demain réside, au-delà des EPR2, dans le milliard supplémentaire qu'Emmanuel Macron a l'intention d'investir dans l'énergie nucléaire d'ici à 2030 pour développer des technologies de ruptures, et notamment des petits réacteurs nucléaires. Et ce, d'autant que le nucléaire est « une énergie industrielle encore très jeune. »

Mais pour avancer vers des solutions innovantes, il faut aussi, et peut-être surtout, des compétences et en particulier des jeunes talents. « L'attractivité va être l'enjeu fondamental de la filière nucléaire », estime cette experte. En outre, « la France est très en retard sur la formation en mathématiques, en sciences et en technologies », s'inquiète-t-elle. Les industriels, pour leur part, ont aussi un rôle à jouer dans la formation. « Ils se doivent d'avoir des centres de formation d'un bon niveau, tant dans l'ingénierie que dans les métiers opérationnels », tranche Philippe Lazare. Et a fortiori sur des métiers en tension...

Le défi est de taille, puisque, pour soutenir la relance de l'atome, la filière aurait besoin de trouver et former, selon le syndicat professionnel des entreprises du nucléaire, le Gifen, pas moins de 100.000 personnes d'ici à dix ans.

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