Inflation des produits alimentaires : chez Panzani, « une légère détente » observée, mais pas de sortie de crise

Face à l'inflation galopante, le pastier et semoulier Panzani, n°1 sur le marché des pâtes, des sauces et des semoules dans l'Hexagone, a fait baisser de quelques centimes ses produits dans l'été, assure Albert Mathieu, son président-directeur-général. La marque, qui s'approvisionne en blé dur exclusivement en France, cherche aussi à renforcer sa production de tomates locales, tout en jouant la bataille des prix avec la concurrence. Malgré une légère détente, la marque dit rester dans l'expectative, à l'aune de l'ouverture des négociations avec la grande distribution.
La marque lyonnaise Panzani, leader du marché des pâtes sèches avec 30 % des parts de vente, fait face à une forte inflation dans un marché international.
La marque lyonnaise Panzani, leader du marché des pâtes sèches avec 30 % des parts de vente, fait face à une forte inflation dans un marché international. (Crédits : Panzani)

Le premier pastier et semoulier français Panzani, dont les produits représentent 37 % des parts de marché, déclare avoir amorcé dans l'été une baisse de quelques centimes de ses prix au consommateur avec d'autres industriels de l'agroalimentaire. L'inflation galopante (+12,7 % de juillet 2022 à juillet 2023 selon l'Insee) et la baisse de la consommation des produits alimentaires (-7,9 % à la même période) constituent en effet un sujet d'inquiétudes. Aujourd'hui, le gouvernement souhaite faire pression sur les distributeurs et les grandes marques, avec notamment le raccourcissement des négociations ou encore l'accord sur la modération des marges, pour l'instant en suspens.

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Une « détente », mais pas de sortie de crise

La marque lyonnaise, qui s'approvisionne à 100 % en blé dur français pour la fabrication de ses pâtes sèches et semoules, déclare aujourd'hui, à l'occasion de l'inauguration de son nouveau siège social à Lyon (Rhône), maintenir ses volumes de vente, malgré les difficultés. Surtout, Panzani avait consenti au printemps sous la pression de Bercy, aux côtés d'autres industriels, à répercuter des baisses de prix « en cas de bonne nouvelle sur les matières premières », poursuit Albert Mathieu. Son modèle dépend en effet du cours du blé dur, notamment dirigé par l'Amérique du Nord et le Canada, premier exportateur mondial.

« En grandes et moyennes surfaces, nous sommes stables. C'est déjà bien, car les coûts et les prix ont augmenté depuis 2021. Le marché des pâtes reste soutenu. »

Albert Mathieu, PDG de Panzani

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Face à une légère détente de l'indice du blé dur, passé de 470 euros /tonne à 439 euros /t ces dernier mois après une hausse fulgurante en 2021, jamais redescendue, Panzani annonçait au début de l'été une baisse de quelques centimes par produit à partir du 1er juillet. Si Albert Mathieu espérait alors le début d'une levée de tension, il s'avère aujourd'hui, une fois les récoltes estivales passées, plus mesuré :

« Les prix ont baissé de quelques centimes, notre promesse a été tenue, et la distribution a joué le jeu. C'est une inversion de tendance. Mais ce n'est pas spectaculaire. Aujourd'hui, nous sommes plutôt dans l'expectative, dans l'attente de voir comment les cours vont évoluer. Par exemple, il n'a pas plu au Canada... Récemment, les cours ont à nouveau augmenté. »

Le leader des pâtes dit miser sur sa force opérationnelle

La marque, rachetée à 100 % en 2021 par le fonds britannique CVC Partners, affiche cette année un chiffre d'affaires de « 600 millions d'euros », dont 80 % est généré en France, contre 668,1 millions d'euros l'année dernière. En 2022, son résultat net perdait 27,1 millions d'euros. Face à la concurrence des marques repères et hard discount, le fabricant tente de maintenir son assise et ses parts de marché très élevées (37,9 % pour les pâtes sèches, 41,2 % pour les sauces pour féculents et 37,3 % pour les semoules). Son actionnaire, CVC, annonçait également cet été vouloir entrer en Bourse.

« Nous avons plusieurs leviers de croissance. Nous menons des travaux sur l'exécution opérationnelle, commerciale, mais aussi les gammes, notamment les ventes de produits prenium comme Les Créatives, mais aussi les pâtes « trois minutes », qui répondent à des besoins de praticité. Nous travaillons aussi sur l'efficacité industrielle. »

Quant à ses perspectives de développement, alors que la marque avait été épinglée au printemps par l'association de consommateurs UFC Que Choisir pour l'utilisation de la mention « pâtes fraîches » sur certains packaging, Albert Mathieu se montre concis : « Panzani a potentiellement vocation à aller vers d'autres catégories, et les pâtes fraîches en font par exemple partie ».

Un « Made in France » renforcé ?

La revente de semoules et des produits issus du tri du blé à d'autres pastiers en Europe et en Afrique (60 % est utilisé, le reste est revendu), constitue aussi « une petite partie » de la croissance du groupe. Et si le blé dur utilisé par la marque, à ne pas confondre avec le blé commun affecté par la guerre en Ukraine, provient exclusivement de France (470.000 tonnes achetées chaque année), ce n'est pas encore le cas du reste de sa production. Les 100.000 tonnes de tomates utilisées chaque année dans ses sauces sont essentiellement produites en Espagne et en Italie. « En comparaison, la France en cultive 140.000 tonnes par an », ajoute Albert Mathieu. « Dès l'année prochaine, nous prévoyons la production de 1.000 tonnes de concentré de tomates de Provence, ce qui représente 6 à 7.000 tonnes de tomates fraîches. Nous souhaitons monter en puissance. » Et monter en gamme ? Si l'assise principale de la marque reste les produits de nécessité, elle entend en parallèle diversifier ses offres.

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Commentaire 1
à écrit le 28/09/2023 à 23:54
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Don Patillo ne sera pas mis à l'amende pour ses goûts de luxe.

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