Boa Concept : une entrée en Bourse pour accélérer la digitalisation des entrepôts

En s’introduisant sur le marché Euronext Growth à Paris, la PME stéphanoise Boa Concept espère lever au moins 5,5 millions d’euros. Son objectif ? Accélérer le déploiement de son offre de solutions robotiques et logicielles, principalement à destination du e-commerce. Un marché fortement orienté à la hausse depuis 15 ans et boosté par la crise sanitaire.
Avec ses lignes de convoyage automatisées, Boa Concept a déjà su séduire des acteurs comme les libraires Gibert, qui se sont déjà équipées de sa solution modulaire Plug-and-Carry, pour absorber la croissance de leurs activités de e-commerce.
Avec ses lignes de convoyage automatisées, Boa Concept a déjà su séduire des acteurs comme les libraires Gibert, qui se sont déjà équipées de sa solution modulaire Plug-and-Carry, pour absorber la croissance de leurs activités de e-commerce. (Crédits : DR)

Elle associe des savoir-faire mécaniques à l'informatique, le tout dans la perspective de concevoir des convoyeurs intelligents pour les entrepôts logistiques. Avec Boa Concept, deux anciens diplômés de l'Ecole d'ingénieur des Mines de Saint-Etienne ont déjà coché des cases dans leur volonté de digitaliser le monde de la logistique.

En s'introduisant en fin de semaine dernière sur le marché Euronext Growth, l'entreprise stéphanoise, qui s'élevait déjà au rang de PME avec une cinquantaine de salariés, voulait non seulement lever des fonds, mais aussi signer officiellement son entrée dans la cour des grands. Objectif : lever au moins 5,5 millions (dont 4,4 millions par augmentation de capital et 1,1 million par cession des actionnaires).

Car même si Boa Concept enchaînait déjà les signatures de contrats auprès de plusieurs poids lourds de différents secteurs (Oscaro, King Jouet, Obut, Motoblouz, Zoomania, Gibert, Gemo etc), ayant tous le point commun de faire face à des enjeux de distribution en volume, elle devait aussi se faire une place dans un secteur de la logistique, dominé jusque là par les grands groupes.

"En face de nous, nous avons de très grosses entreprises. De notre côté, nous pesons moins de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires, avec une cinquantaine de salariés. Nos clients seront rassurés par cette nouvelle notoriété offerte par la Bourse ainsi que par les nombreux contrôles que suppose une présence sur le marché boursier", explique Chantal Ledoux, co-dirigeante avec Jean-Lucien Rascle de Boa Concept.

Le tandem est loin d'être néophyte, aussi bien en matière d'entrepreneuriat qu'en matière de logistique.

Digitaliser les entrepôts logistiques

Les deux entrepreneurs ont développé une gamme de convoyeurs, constitués de modules individuels et connectés, modulables à l'infini, dans la droite ligne de la digitalisation des entrepôts logistiques.

Lire aussi 2 mnBoa concept, la startup qui veut révolutionner la logistique

Avec quel principe ? "Nos blocs de fonction sont prêts à l'emploi grâce à leur informatique embarquée, ils sont autonomes et auto-organisateurs. Cela signifie qu'ils permettent une mise en service trois fois plus rapide que la manutention traditionnelle et qu'il ne peut jamais y avoir de panne générale. L'intelligence artificielle permet de tracer les chemins de convoyage les plus efficaces. Le concept est souple et agile, radicalement différent de l'offre traditionnelle proposant des lignes rigides, peu évolutives, longues à installées et nécessitant de très lourds investissements (NC)", poursuit Chantal Ledoux.

Un concept qui a valu à l'entreprise une croissance forte depuis sa création, excepté en 2020, où son chiffre d'affaires a brutalement chuté de 9 millions d'euros à 5,4 millions (avec une perte toutefois limitée à 40.000 euros) en raison de la pandémie, qui a entraîné d'importantes variations au sein des flux d'échanges commerciaux mondiaux.

"Entre mars et octobre 2020, tout avait été stoppé en raison des incertitudes liées à la situation sanitaire, mais depuis l'automne dernier cela repart très fort, les commandes s'enchaînent", sourit Chantal Ledoux.

Tellement fort d'ailleurs qu'à la mi-juin, déjà 8 millions d'euros de commandes ont été enregistrées, rien pour cette année. L'analyste accompagnant l'introduction en Bourse table sur un chiffre d'affaires de 30 millions d'euros sous 5 ans. Une dizaine de recrutements est d'ores et déjà au programme de cette année.

Il faut dire que les clients de Boa Concept, les e-commerçants majoritairement aujourd'hui, surfent sur une tendance elle-même fortement orientée à la hausse.

Lire aussi 2 mnLogistique : la startup Boa concept pulvérise ses objectifs

En 15 ans, le chiffre d'affaires du e-commerce a en effet été multiplié par 15 en France selon la Fevad. Et en 2020, année de pandémie, les ventes de produits en ligne ont augmenté de plus de 30% en 2020. Idem sur le premier trimestre 2021.

"Cette croissance future de nos clients va forcément entraîner des investissements constants, car ils vont avoir besoin de monter en capacité pour gérer les afflux de commandes. La possibilité d'installer rapidement nos lignes est un avantage différenciant important, car nous pouvons les monter en l'espace de 15 jours entre la signature et l'installation", confirme la cofondatrice.

5,5 millions pour accélérer sa stratégie de déploiement

Grâce aux 5,5 millions d'euros espérés suite à l'introduction en Bourse (dont 80% se feront sous la forme d'une augmentation de capital), Chantal Ledoux et Jean-Lucien Rascle entendent accélérer leur déploiement pour aller au-delà de la centaine de clients qu'ils ont déjà réussi à convaincre (115 sites installés à ce jour).

Trois axes de développement sont particulièrement visés à travers cette nouvelle étape : tout d'abord, la mise en oeuvre d'une stratégie de croissance organique sur son offre historique, c'est-à-dire le transfert de charges (par convoyeur ou par robot mobile autonome), mais aussi sur le stockage automatisé et le remplissage (picking) des charges.

"Nous souhaitons aller plus vite car le e-commerce grossit rapidement, il nous faut prendre nos positions. Nous réfléchissons aussi à aller plus loin pour accompagner ce secteur du e-commerce, en proposant à terme une économie de la fonctionnalité même si le marché de l'intralogistique ne semble pas encore prêt à passer le pas".

En matière de croissance organique, Boa Concept compte également s'appuyer sur les clients de la logistique et, depuis peu, de l'industrie. "Nous n'avons pas encore vraiment prospecté ce marché et nous signons pourtant des contrats (Daher notamment fin 2020). Le potentiel est intéressant, nos lignes sont tout à fait adaptées aux activités des smart factories".

Deuxième axe de développement, qui sera soutenu par les fonds engrangés, suite à l'IPO : l'innovation, notamment en matière d'offre logicielle, avec un travail envisagé sur l'implémentation dans le cloud. Enfin, Boa Concept mise sur l'export pour élargir son assise. D'abord en Europe, puis au Maghreb et au grand export.

Ce ne sera probablement pas la seule étape puisque Chantal Ledoux et Jean-Lucien Rascle envisagent d'ores et déjà de faire de nouveau appel aux investisseurs boursiers en vue de financer ultérieurement de futurs développements.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.