Revcoo lève 3,5 millions pour capter le C02 dans les fumées industrielles

La startup industrielle Revcoo développe un dispositif permettant de capter le CO2, directement dans les fumées des cheminées industrielles. Pour monter en puissance et installer, en partenariat avec Eiffage, un démonstrateur capable de capturer 20 tonnes de CO2 par jour, elle vient de lever 3,75 millions d’euros auprès du nouveau fond d’amorçage industriel métropolitain Lyon Saint-Etienne. Elle est la première à bénéficier de l’accompagnement de ce nouvel outil de développement territorial.
Les modules de traitement de Revcoo (ici sur une carrière de chaud d'Eiffage) permettent de capturer le CO2.
Les modules de traitement de Revcoo (ici sur une carrière de chaud d'Eiffage) permettent de capturer le CO2. (Crédits : DR)

Avec la biotech lyonnaise Healshape (développement d'une prothèse mammaire régénérative et résorbable), Revcoo fait partie du premier wagon d'investissement du nouveau fonds d'amorçage industriel métropolitain Lyon-Saint-Etienne. La jeune start-up industrielle créée en 2019 par deux ingénieurs pas encore trentenaires, Hugo Lucas et Paul Taton, va bénéficier d'un accompagnement de 3,75 millions d'euros.

Cette somme va lui permettre, notamment, de construire d'ici fin 2023, un nouveau démonstrateur sur le site de la carrière de chaux d'Eiffage à Avesne-sur-Helpe dans le Nord. Celui-ci sera capable de capter 20 tonnes de C02 par jour dans les cheminées industrielles de ce site. Dix fois plus donc que le premier démonstrateur, installé en juin 2021 sur cette même carrière, et qui sera capable dès septembre prochain de capter quotidiennement deux tonnes par jour. « Ce pilote nous permettra de lancer l'industrialisation et la commercialisation de ce modèle auprès des industriels », explique Hugo Lucas.

A horizon 2025, un module capable de traiter 60 tonnes par jour devrait être installé sur cette même exploitation.

Capter le C02 à sa source grâce à la cryogénisation

Le concept de Revcoo : récupérer à la source le C02 émis par les industriels, directement dans leurs cheminées grâce à la cryogénie. Via une technologie que les deux cofondateurs ont brevetée, baptisée CarbonCloud et moins énergivore que les offres présentes sur le marché, Revcoo s'adresse aux industriels avec des petites concentrations de C02 (8 à 30%). Par exemple, les cimenteries, les métallurgistes, les sidérurgistes, les raffineries, les industries de production de papier, ou les usines agroalimentaires. « Nous ne sommes pas sur le même créneau qu'Air Liquid dont la technologie est destinée aux fortes concentrations de C02 », confie Hugo Lucas.

« Nous aspirons tout ou partie des fumées et les injectons dans notre module. Les indésirables sont triés, notamment l'eau et les particules fines. Puis le C02 est gelé et capturé grâce à l'azote présent dans les fumées que nous liquéfions en le refroidissant à -196 degrés. Le CO2 est ensuite repassé sous forme liquide pour le stockage », explique l'entrepreneur.

Ce CO2 extrait a vocation à être revalorisé : dans l'agriculture, l'industrie pharmaceutique ou agroalimentaire par exemple. Ou encore pour être séquestré dans le sol ou des bétons.

Les enjeux sont multiples. Écologique d'abord évidemment avec plus de 45% des émissions de CO2 de l'Union Européenne issues de l'industrie (manufacturière, construction, et énergies), selon les chiffres Eurostat 2020.

« En capturant le CO2, chaque exploitation représentera l'équivalent de la plantation de centaines de milliers d'arbres », complète le dirigeant.

Économique ensuite pour des industriels taxés sur leurs émissions, et demain, peut-être limités à des quotas. Stratégique en termes de recrutement enfin, avec des jeunes qui, de plus en plus, se détournent des entreprises polluantes.

Objectif : 30 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2026

Grâce à la levée de fonds, Revcoo devrait doubler son effectif d'ici à la fin de l'année en recrutant cinq collaborateurs complémentaires et installer son démonstrateur sur le site d'Eiffage avec lequel la start-up travaille depuis 2021.

Fin 2025, Revcoo espère afficher un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros avec 50 salariés, 30 millions l'année suivante. La start-up lyonnaise assoit son business model sur la vente d'équipements. Les composants seront produits par des sous-traitants et assemblés dans sa future usine. L'entreprise de Vourles devrait prochainement emménager à Lyon, dont l'écosystème sera plus favorable au recrutement de jeunes talents.

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