
La PME annécienne Coris Innovation n'avait pas prévu les fortes gelées du printemps qui ont dévasté les vignobles français. L'entreprise haute-savoyarde de 40 salariés n'a même pas l'habitude de développer des projets d'innovation pour son propre compte, car son métier est d'oeuvrer, depuis sa création il y a cinq ans, comme conseil en accompagnement en innovation, auprès d'industriels français et suisses.
Toutefois, en octobre 2020, l'entreprise -composée d'une quarantaine d'ingénieurs et de chercheurs- avait lancé un appel interne à projets participatifs auprès de ses collaborateurs. Avec une ambition : protéger ses vignes du gel, en offrant un système automatique de prévision et de mise en route des bougies de chauffage.
« On avait vu qu'il y avait un besoin », indique Stéphane Maige, directeur associé de Coris Innovation.
Ce besoin se concrétisera finalement ce printemps, alors qu'une vague de gel s'abat sur 80% des vignobles français, et engendre une perte financière de deux milliards d'euros.
Car le système traditionnel d'allumage manuel des bougies, utilisé habituellement dans les vignes, n'a pas pu empêcher les dégâts. "Pour un domaine de dix hectares, ce sont en moyenne 2.000 bougies que l'exploitant doit pouvoir allumer au moment opportun, en pleine nuit", explique Stéphane Maige, en soulignant l'ampleur de la tâche et le coût qui y est associé.
Des prévisions hyperlocales associées à l'IA
Le système Vesta propose quant à lui un maillage de stations météorologiques sur le domaine viticole, capable d'anticiper la survenue du gel de façon très localisée, grâce à des programmes de traitement de données.
L'information est alors transmise aux dispositifs robotisés d'allumage situés sur chaque bougie. Et une fois que l'épisode de gel s'achève, le système éteint automatiquement chaque bougie.
Si le projet, nommé Vesta, n'était pas encore au point en ce printemps, il pourra par contre éviter de lourdes pertes lors de prochains épisodes de gel. « Nous misons sur une mise en marché d'ici un an et demi », précise Stéphane Maige, qui indique que Coris Innovation prépare actuellement le dépôt d'un brevet.
La modèle de commercialisation du futur système Vesta est déjà connu : les vignerons devront acquérir l'équipement et un abonnement annuel, leur permettant de connecter et d'exploiter les données. Coris Innovation mise aussi sur la participation des assureurs pour soutenir le financement de ce déploiement, tandis qu'un leasing du matériel pourrait également être mis en place, en lien avec les banques.
Une rampe de lancement pour des startups innovantes
Jusque là cantonnée à des activités de consultation en innovation, la PME d'Annecy voit ainsi un nouveau champ d'activités s'ouvrir devant elle.
« Ce n'était pas prévu dans notre plan stratégique de commercialiser nos projets d'innovation internes », pointe Stéphane Maige, qui cite notamment un outil d'intelligence artificielle que la PME a développé et qu'elle utilise en interne.
Mais sur les quatre prochaines années, son ambition sera désormais lancer des startups susceptibles de commercialiser elles-mêmes les innovations imaginées par ses salariés, sous le contrôle de Coris.
Avec également l'ambition de conserver le modèle de management participatif, cher à la PME haut-savoyarde. « Notre idée sera de faire entrer dans le capital de ces futures startups des personnes ayant travaillé sur ces innovations en interne », affirme Stéphane Maige.
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