Air France : la violence dans le dialogue social est elle une fatalité ?

La violence observée lors du CCE d'Air France est-elle l'illustration d'une réalité quotidienne ou bien s'agit-il d'un événement rare dans le dialogue social en France ? Dans un souci de réforme, entre précarité permanente et sécurité excessive, il y a un mi-chemin que d'autres pays ont trouvé et que l'on n'empruntera pas par la violence. Par Pascal Gustin, président d'Algoé.

L'avalanche de réactions et de commentaires suscitée par l'agression des dirigeants d'Air France lors du CCE où était annoncé le plan de restructuration est en partie liée à sa rapide et spectaculaire médiatisation. La force des images et leur symbolique ont fait le tour de l'Europe et alimenté toutes les conversations. Cette violence est-elle l'illustration d'une réalité quotidienne ou s'agit-il d'un évènement rare dans le dialogue social en France ? Les avis divergent.

Des milliers de négociations se déroulent de manière apaisée

Pour certains, ce grave incident ne doit pas cacher les milliers de négociations qui se déroulent de manière apaisée et constructive. Ils craignent que l'ampleur de l'écho, donnée à cet évènement, ne freine les évolutions positives que connaissait le dialogue social ces dernières années. Il y a toujours eu violence dans le monde du travail, et même si elle est plus visible, elle est moins forte que par le passé.

Mais pour bon nombre de DRH, rien ne change vraiment et les violences (verbales pour la plupart ) ne cessent de s'amplifier et ils la subissent en permanence. "A partir du moment où l'on considère que l'usage de la violence fait partie du dialogue social, il n'y a aucune raison pour que cela s'arrête". Ce constat désabusé renvoie aussi à une réalité du corps social des entreprises françaises : si une majorité des salariés condamne les violences physiques, 64 % approuvaient encore il y a quelques années le recours à la force pour faire valoir leurs revendications auprès de leurs employeurs (enquête TNS Sofres). Les valeurs d'une entreprise résistent rarement à une forte crise et il suffit souvent d'une faible minorité agissante pour les faire voler en éclats.

Avantages acquis et faible engagement des dirigeants

Air France reste en Europe la dernière compagnie nationale aérienne à n'avoir pas réussi à évoluer, et la seule solution organisationnelle qui lui reste est maintenant celle de l'attrition. Les causes de cette résistance au changement sont multifactorielles, mais il est certain que l'accumulation des avantages acquis et le faible engagement des dirigeants dans la gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences (GPEC) ont fortement contribué à rigidifier les emplois. Les intérêts catégoriels ont créé des prisons dorées que les salariés défendent par tous les moyens, et ce, quelle qu'en soit l'issue.

Entre précarité permanente et sécurité excessive, il y a un mi-chemin que d'autres pays ont trouvé et que l'on n'empruntera pas par la violence.



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Commentaires 2
à écrit le 08/10/2015 à 17:21
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triste constat les syndicats trop nombreux et divisés ne contrôlent plus leurs troupe.cette si longue crise épuise tout un chacun il y a une vraie désespérance sociale et seuls bougent ceux qui ont un vrai emploi et à perdre les autres englués par...

à écrit le 07/10/2015 à 17:35
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Il s'agit là d'un article très partiel et partial qui ne prend en compte que la violence "observable" qui a été l'objet du battage médiatique. Pas un mot sur la violence sociale des plans de licenciement qui se succèdent là ou ailleurs dans des entre...

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