Transports : À Lyon, Keolis doit embaucher plus de 600 agents par an pour assurer les lignes TCL

Déprécié, malgré des besoins chaque année plus conséquents avec la transition énergétique, le secteur ferroviaire et des transports en commun devra recruter environ 100.000 personnes d'ici 2030. À Lyon, le délégataire Keolis doit déjà embaucher chaque année entre 600 et 800 personnes pour assurer la continuité du service public, en constante expansion. Pour cela, la société affirme « s'adapter aux besoins du marché ». D'autant qu'elle est désormais scrutée par les pouvoirs publics, à l'aune du nouvel appel d'offre lancé par le Systral pour gérer l'ensemble du réseau de la Métropole de Lyon, à partir de 2025.

Dans le bâtiment, la métallurgie, le numérique, les transports urbains... Les difficultés de recrutement touchent de nombreux secteurs. Représentés en grande pompe lors de la compétition des métiers « Wordskills » qui se déroule du 14 au 16 septembre au parc Euroexpo à Lyon, 69 métiers prioritaires sont scrutés par les pouvoirs publics et surtout par l'Etat qui finance l'événement à hauteur de 25 millions d'euros. L'objectif est aussi d'attirer des nouvelles recrues parmi les 100.000 visiteurs attendus, dont 40.000 collégiens.

Pas moins de cinq ministres font en effet le déplacement lors des trois jours du salon avec, comme fil conducteur, les difficultés des entreprises à recruter.

Dans les transports ferroviaires et urbains, le locataire de la rue du Bac, Clément Beaune, a en effet confirmé d'immenses besoins pour ces deux filières, de l'ordre de « 100.000 emplois dans les transports urbains et ferroviaires d'ici 2030 ».

Auvergne-Rhône-Alpes, deuxième région la plus tendue après l'Île-de-France

En région Auvergne-Rhône-Alpes, qui représente 6 à 10 % des besoins nationaux en transports urbains, indique l'Union des Transports Publics et Ferroviaires (UTP), premier syndicat du secteur, la métropole de Lyon figure en rouge « zone tendue » au même titre que les huit autres plus grandes agglomérations de France.

Ces difficultés de recrutement, liées aux conditions de travail (horaires décalés), à l'ouverture du marché et aux enjeux de formation, fragilisent le bon fonctionnement des services de transports publics. Ainsi, le souvenir de la rentrée 2022, où 8.000 postes de conducteurs de bus scolaires étaient dépourvus, reste en mémoire. Cette année encore, deux semaines avant la reprise des scolaires, 6.000 postes manquaient à nouveau à l'appel dans l'Hexagone.

À Lyon, Keolis affirme « évoluer dans le recrutement »

Keolis, qui opère sur l'ensemble des supports métropolitains sous la marque « TCL » (métro, tramway, bus, funiculaire, Rhône express, liaisons interurbaines - soit 1,69 million de voyages quotidiens), estime ses besoins de personnels entre 600 et 800 recrutements par an sur les 4.500 agents du réseau (à la fois pour remplacer les départs à la retraite, mais aussi pour accompagner l'expansion des lignes). « Les trois-quart concernent les métiers de la conduite », détaille Thomas Falaise, son directeur général. Suivent les métiers de la maintenance et des relations usager.

Si ces besoins sont cette année « couverts », affirme le représentant, Keolis estime avoir pris conscience d'« évolutions dans le recrutement ». La société « forme et recrute », avec financement du permis D. Les cooptations internes, avec prime de 500 euros à la clé depuis cette année, ont également permis l'embauche de 200 salariés. De plus, l'entreprise affirme mener un travail sur l'aménagement du temps de travail, « au cas par cas ».  Résultat : « Nous avons multiplié le nombre d'entretiens, d'une quarantaine au premier semestre 2022 à 130 par mois aujourd'hui », ajoute Thomas Fontaine, également pris par la fin de la délégation de service public du réseau TCL, le 31 décembre 2024. Keolis (48 millions d'euros de résultat net au global en 2022) est, à ce titre, scruté par les pouvoirs publics et la concurrence. Car le futur marché de 3 milliards d'euros, pour la première fois scindé en deux (bus d'un côté, métro et tramway de l'autre), voit s'affronter des compétiteurs de taille : les concurrents Transdev et la RATP comptent bien croquer au moins une part.

Transports urbains et ferroviaires : 100.000 emplois à pourvoir en France d'ici 2030

Le ministre des Transports a affirmé, jeudi 14 septembre 2023, que les besoins s'élèveront à 100.000 recrutements dans les secteurs ferroviaire et urbain d'ici 2030. La situation, tendue, s'est notamment traduite en 2022 par un manque de conducteurs pour assurer certaines dessertes scolaires.

Si Clément Beaune assure aujourd'hui que « tous les transports scolaires sont assurés partout en France », l'équilibre du secteur reste fragile, sur un fil : « Cela a parfois nécessité de rappeler des jeunes retraités, de mobiliser des agents sur des heures supplémentaires ».

D'autant que le secteur connaîtra une expansion colossale avec le développement des transports en commun et ferroviaires, à l'aune des objectifs de décarbonation (les transports représentent toujours 30 % des émissions de gaz à effet de serre).

Dans les conclusions de son diagnostic 2022-2023 des besoins en compétences et en formations, l'Union des Transport Publics et Ferroviaires affirme que de 260 000 salariés aujourd'hui, les transports devront employer au moins 300 000 personnes d'ici moins de sept ans.

50 % des besoins se situent en Île-de-France. Les métiers prioritaires sont ceux de la conduite (entre 44.000 et 50.000 besoins selon l'étude de l'UTP) et de la maintenance (entre 10.600 et 14.000).

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