Enième rebondissement dans cette campagne électorale lyonnaise décidément hors normes. Après une campagne âpre, marquée par des ralliements inédits et un premier tour sous haute tension en pleine épidémie de Covid-19, le second tour des élections municipales et métropolitaines prend une orientation nouvelle.
Gérard Collomb, le candidat désigné LREM, annonce ce jeudi renoncer à la course à la présidence à la métropole de Lyon, un mandat pourtant majeur pour l'actuel maire sortant de Lyon pour lequel il avait démissionné de son poste de ministre de l'Intérieur.
Il cède sa place au candidat de la droite et du centre, François-Noel Buffet. En contrepartie, LREM mènera la tête de liste pour la ville de Lyon sous la bannière de Yann Cucherat. Un accord qui éclipse de fait Etienne Blanc alors même que le candidat LR était arrivé deuxième au premier tour avec 17,01% des voix, loin devant le candidat LREM (14,92% des voix).
"Faire face pour la reconstruction de Lyon"
Une annonce surprenante au regard de l'histoire politique de la ville - Gérard Collomb et François-Noel Buffet n'ayant pas toujours été sur le même banc pour gouverner - que les protagonistes justifient au regard de la crise économique qui s'annonce.
"Nous devons nous unir pour affronter la crise et la reconstruction de Lyon. Nous vivons des temps extraordinaires et des années difficiles commencent pour les entreprises et notre ville. Or, l'économie est essentielle pour porter tout le reste : c'est la ligne politique qui a fait notre succès depuis 20 ans, il ne doit pas y avoir de rupture", détaille Gérard Collomb.
Une alliance nécessaire pour les deux candidats qui veulent contrer la poussée des écologistes, arrivés en tête au premier tour des élections municipales avec un score de 28,46% pour la liste menée par Grégory Doucet. Une poussée qui se confirme également pour les élections métropolitaines, où la liste menée par Bruno Bernard arrive en tête dans 8 circonscriptions sur 14.
"Je ne veux insulter personne mais il faut aborder cette période avec une certaine expérience. Nous apportons la jeunesse, son dynamise, et l'expérience", poursuit-il.
Une union au nom de l'intérêt général
Du côté de la droite, on justifie ce revers - les annonces passées réfutaient catégoriquement toutes alliances avec LREM au nom de ruptures profondes - à l'aune de la crise, au nom de l'intérêt général.
"Nous devons transcender les clivages : c'est notre responsabilité d'élus que de faire face à la crise en oubliant nos querelles. Il est important de se mettre du côté de l'intérêt suprême et de servir avec dévouement notre territoire", ajoute François Noel Buffet.
"Nous allons nous rassembler autour d'un ADN et des sujets de fonds, dont l'économie. Nous aurions pu poursuivre les querelles mais nous adoptons le principe de responsabilité dans l'esprit du modèle lyonnais qui est si particulier", abonde Etienne Blanc malgré sa déception, perceptible.
Assurer la succession
Celui qui a gouverné la ville pendant 20 ans organise donc progressivement sa sortie de l'exécutif en gardant la tête haute, sans prendre le risque de subir une défaite au second tour. Même s'il se dit toujours prêt au "combat".
"Je viens pour assurer la succession : j'ai pu apprécier son talent (en parlant de François-Noel Buffet, NDLR), il a la connaissance des dossiers, c'est un homme de consensus qui peut rassembler, nous en aurons besoin", estime Gérard Collomb.
Le maire sortant indique qu'il "travaillera à la métropole et à la ville encore pendant quelques temps". Et concède que "son action au second rang lui permettra de retrouver de nouvelles libertés", notamment la vie de famille qu'il dit avoir redécouvert pendant le confinement.
Rien n'est joué
Mais tout reste à faire. Si la liste n'est pas encore bouclée, ni même de nom trouvé, c'est que la nouvelle équipe cherche toujours à rassembler, en appelant d'autres candidats présents sur des listes adverses à les rejoindre.
"Il faut surmonter nos divergences, la situation est grave. Après tout, de nombreux candidats ont déjà travaillé avec nous, soit dans la majorité ou l'opposition", glisse Gérard Collomb.
David Kimelfeld rejettent l'idée d'une alliance globale. Ce dernier concède néanmoins la "possibilité de s'accorder sur des projets de territoire dans plusieurs des 14 circonscriptions".
Le PS du Rhône dénonce "une avanie aux valeurs et appellent à soutenir un projet politique fondé sur une vision sociale, écologiste et solidaire pour la Ville de Lyon" quand d'autres voix, tel que le député Hubert Julien-Laferrière appellent à l'union des verts "et des progressistes" incarnés par David Kimelfeld et Georges Kepenekian.
Des candidats EELV qui pour le moment se sont toujours refusés à un accord. Et qui dénoncent les postures écologistes fassent aux réalités des accords politiques.
Sujets les + commentés