Immobilier. Escalade des prix, rareté des biens : l'impatience grimpe d'un cran à Annecy

Le marché immobilier continue de se tendre à Annecy, où la stratégie de la municipalité écologiste suscite la crainte des acteurs de la construction. Plus que le retard accumulé dans la délivrance des permis, suite à la crise sanitaire, certains professionnels évoquent également un autre facteur : la préparation du référentiel Bien construire Annecy, sur lequel travaille la municipalité d'Annecy depuis près d'un an, et qui doit être dévoilé le 15 décembre prochain.
Le référentiel municipal, qui intègrera la Loi Climat et Résilience adoptée cet été par l'Assemblée nationale, est attendu pour le 15 décembre prochain et serait, selon certains professionnels, l'une des raisons additionnelles du coût d'arrêt mis aux permis de construire. Un document qui vise à servir de base aux projets immobiliers afin de s'assurer de leur "cohérence" en matière d'urbanisme.

À Annecy, la cherté du logement ne date pas d'hier. Mais la pandémie a non seulement entretenu la hausse annuelle des prix, elle a aussi freiné les chantiers. Le prix médian au mètre carré a encore grimpé de 10 % depuis un an, atteignant 4.950 euros, selon les données de la FNAIM Savoie Mont Blanc. Les 10.000 euros/m2 ont même été atteints dans l'hypercentre. Quant aux maisons, elles se vendent au prix médian de 600.000 euros. Et encore, ces prix s'entendent pour les quelques biens disponibles à la vente.

Le problème à Annecy, c'est surtout que les biens en vente sont devenus au fil des mois de moins en moins nombreux. Et malgré la flambée continue des prix, la demande ne tarit pas.

C'est donc désormais la rareté de l'offre qui contraint en premier lieu les transactions.

Déjà très attractive avant la pandémie, Annecy est encore plus demandée, compte-tenu du ralentissement des mises en chantier dû à la pandémie, mais aussi à la mise en oeuvre de la stratégie de la nouvelle municipalité écologiste en matière de logement, accuse l'association les Acteurs de la Construction Savoie Léman (ACSL).

Des permis bloqués

L'association Les Acteurs de la construction Savoie Léman (ACSL) a interpellé la municipalité écologiste dans une lettre qui « propose l'organisation d'une nouvelle réunion de travail, pour partager sur les difficultés des acteurs de la construction et trouver des solutions pour construire ensemble la ville durable de demain ».

L'association regroupant la fédération BTP 74, la Fédération des promoteurs immobiliers des Alpes, des regroupements d'architectes et l'Union sociale pour l'habitat 74, dit observer un "blocage" d'une grande partie des permis de construire, indique Olivier Aubert, le représentant de la fédération BTP 74 qui elle-même préside l'ACSL.

«Or, si l'on bloque la totalité des permis, les chantiers ne redémarreront pas dans deux ans », affirme-t-il, s'inquiétant que tout le secteur du bâtiment soit fragilisé par la pause qu'il dit observer sur l'ensemble de la Haute-Savoie.

Olivier Aubert lie cette pause, dans la délivrance des permis de construire, avec la préparation du référentiel Bien construire Annecy, sur lequel travaille la municipalité d'Annecy depuis près d'un an.

« Il faut effectivement penser la construction différemment pour améliorer son acceptabilité et aller vers un urbanisme plus cohérent avec notre territoire », acquiesce-t-il, avant de mettre en garde : « mais tout arrêter est dangereux; on souhaite que l'activité puisse se poursuivre. »

Et le porte-parole de l'ACSL dénonce la façon dont le référentiel a été élaboré : « nous n'avons pas été consulté. »

Jamais autant construit

Faux, répond Nora Segaud-Labidi, la maire-adjointe en charge de l'aménagement durable et de l'habitat. « Certains projets ont été revus, clairement, pour être mis à l'aune de notre feuille de route, indique-t-elle. Mais on n'a jamais autant construit à Annecy depuis vingt ans. » Quant aux modalités d'élaboration du référentiel, tous les acteurs ont été consultés, mais pas seulement les acteurs économiques, rétorque l'élue.

Le référentiel municipal, qui intègrera la Loi Climat et Résilience adoptée cet été par l'Assemblée nationale, sera dévoilé le 15 décembre, annonce Mme Segaud-Labidi. Ce document de référence servira alors de base aux projets immobiliers pour s'assurer de leur cohérence avec l'urbanisme au-delà de leur parcelle. "Le référentiel fera gagner du temps en évitant des recours", poursuit-elle.

Et la maire-adjointe contre-attaque : « À qui a profité le marché immobilier depuis vingt ans ? », interroge-t-elle, en pointant que le logement doit s'appuyer sur une vision à long terme, pas seulement profiter à quelques acteurs.

« Jusqu'à présent, la politique de l'habitat consistait uniquement à faire de la VEFA (vente en état futur d'achèvement, ndlr) avec 30% de logements sociaux », critique l'élue. « Nous allons désormais être moteur sur la maîtrise foncière, parce qu'aucun bailleur social n'a vraiment les moyens d'acheter du foncier ici. (...) L'idée est de renverser les choses : la VEFA ne fera pas toute la politique de l'habitat.»

L'utilisation du Bail Réel Solidaire (BRS), qui permet de détacher la propriété foncière de celle du bâti, doit permettre de faciliter le logement social mais aussi l'accès à la propriété par les classes moyennes, souligne Mme Segaud-Labidi.

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Commentaire 1
à écrit le 04/11/2021 à 20:50
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Les gens viennent ici (Aix ou Chambéry) c'est pas très loin d'Annecy et encore abordable (ou pas :-) ).

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