
Cela faisait quatre ans qu'Olliergues, petit village auvergnat de 750 habitants situé entre Thiers et Ambert dans le Puy-de-Dôme (63), n'avait plus de médecin généraliste. Une aberration pour la municipalité qui a décidé non seulement de créer un centre médical municipal mais aussi de salarier des médecins et une assistante médicale.
Pari financier
Si elle a déjà été observée ailleurs en France, une telle initiative constitue une première dans le département. La structure a ouvert début janvier. Un pari financier plutôt audacieux et surtout une ultime solution pour répondre au manque d'attractivité du territoire. La commune avait pourtant bien essayé de mettre à disposition des locaux mais cela n'a pas suffi à faire venir un médecin libéral. Il a donc fallu proposer plus.
« C'est notre classement en zone d'intervention prioritaire par l'Agence régionale de santé, l'ARS, en janvier 2022 qui nous a permis de nous lancer dans ce projet de centre de santé municipal. Nous avons eu le droit à des aides plus conséquentes », explique Arnaud Provenchère, le maire de la commune.
Sans cela, la municipalité n'y serait pas allée car au-delà du temps engagé et de la complexité des démarches, un tel projet coûte cher. Son étude de faisabilité en poche, la commune a décidé de sauter le pas il y a un an. Des bâtiments municipaux déjà existants ont été rénovés, du matériel acheté, pour un total de 60.000 euros.
« Nous avons tout acheté, du stéthoscope à la table de consultation en passant par le standard téléphonique. Nous avons aussi recruté une assistante médicale, une infirmière qui s'occupe de la partie administrative et de l'accueil des patients. C'est ce qui a séduit les médecins. En un mois, nous en avons recrutés deux, » raconte le maire d'Olliergues.
Deux médecins à mi-temps, bientôt un troisième
Deux médecins salariés par la commune, à mi-temps chacun. Une jeune praticienne qui ausculte à Olliergues depuis début janvier et qui travaille en parallèle au centre hospitalier d'Ambert. Un deuxième médecin, proche de la retraite, rejoindra le projet fin août. Et l'objectif de la commune est de recruter un troisième professionnel. « Plus nous aurons de médecins, plus les coûts fixes liés à la structure (électricité, chauffage, entretien...) seront amortis, » analyse Arnaud Provenchère. Il a fait le calcul, ce centre de santé devrait coûter 40.000 euros par an à la collectivité. Car certes la commune perçoit les honoraires des consultations et bénéficie d'aides de l'ARS, mais pas de quoi équilibrer le budget. Il y aura donc un déficit à combler.
« C'est un projet colossal pour une commune de notre taille. Mais c'est un choix politique. La priorité est donnée à la santé, nous ferons des économies ailleurs sur le budget communal », argumente le maire pour qui le coût reste raisonnable au regard du service rendu à la population.
Et pour épauler financièrement le village, la Communauté de communes a accepté de prendre en charge la moitié des investissements ainsi que la moitié du déficit, les quatre premières années. Puisque ces médecins ne vont pas soigner que les habitants d'Olliergues.
D'autres communes intéressées
L'initiative pourrait faire des petits. La mairie d'Olliergues a été contactée par plusieurs communes, notamment d'Isère ou de l'Allier, intéressées par le dispositif. Du côté du syndicat de médecins MG France 63, on salue un projet très innovant, bien adapté aux particularités de ce territoire enclavé qui souffre de la faiblesse de son tissu économique. Mais on souligne que cette solution ne peut pas être reproduite partout et surtout que cela ne réglera pas le problème de l'offre de soins en France. Car un médecin salarié ne suit en moyenne que 500 patients, contre 1 000 pour un médecin libéral.
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