Comet Interceptor : le laboratoire de géologie de Lyon participe à une mission spatiale unique pour mieux comprendre l'origine du système solaire

Le Laboratoire de géologie de Lyon (CNRS / Lyon 1 / ENS de Lyon) participe à une mission d'exploration spatiale particulière et unique. Il s'agit d'aller étudier une comète primitive, ou éventuellement un objet interstellaire, sans la connaître à l'avance. Tout ça dans l'objectif de trouver une comète qui n'a pas été en contact avec le Soleil et qui est donc moins altérée. Ce qui permet de remonter à la formation du système solaire. Le laboratoire de géologie de Lyon participe à l'élaboration des critères de sélection qui permettront de choisir la future comète. Il va aussi générer des modèles afin de pouvoir anticiper les caractéristiques de la comète et créer les instruments adéquats pour son observation.
(Crédits : DR ESA)

Début juin, la mission d'exploration spatiale Comet Interceptor a été adoptée par l'Agence Spatiale Européenne (ESA). Développée en partenariat avec l'agence spatiale japonaise (JAXA) cette mission a pour but d'étudier une comète ou éventuellement un objet interstellaire, "qui vient du confins du système solaire."

C'est une mission unique car les chercheurs ne savent pas à l'avance quelle comète ils vont étudier. En 2029, trois sondes seront envoyées dans le système solaire et attendront qu'une comète intéressante se présente pour l'étudier. L'intérêt ici est d'étudier une comète primitive, qui vient de loin et qui n'est donc pas passée proche du Soleil, gardant ainsi ses caractéristiques.

Le Laboratoire de géologie de Lyon (CNRS, Université Claude Bernard Lyon 1, ENS de Lyon) est impliqué dans cette mission, aux côtés d'autres laboratoires nationaux (LPC2E à Orléans, IRAP et LAPLACE à Toulouse, LAM à Marseille, LAB à Bordeaux, LGLTPE à Lyon, Lagrange à Nice, IMCCE, LESIA, LATMOS à Paris).

"Quand les comètes viennent du nuage de Oort, elles passent une fois près du Soleil et on ne peut plus les réobserver d'une vie d'homme. [...] Les télescopes peuvent les détecter aujourd'hui quand elle sont encore loin du Soleil, mais ça laisse trop peu de temps pour préparer une mission", explique Aurélie Guilbert-Lepoutre, chercheuse CNRS au Laboratoire de géologie de Lyon (CNRS / Lyon 1 / ENS de Lyon).

C'est pour ça que l'intérêt de la mission Comet Interceptor est l'anticipation : en étant déjà prêt et en place pour le passage d'une comète.

Remonter à la formation du système solaire

 "Les planètes ne ressemblent pas à ce qu'elles étaient pendant leur formation, donc elles ne peuvent pas trop donner d'informations sur la création du système solaire? Alors on va chercher vers des objets moins "évolués". Les petits corps sont moins sujets à des altérations et des modifications et on peut plus facilement remonter à leur condition de formation. [...] Leurs caractéristiques et le plus proche de ce que le système solaire était au moment de sa formation", complète Aurélie Guilbert-Lepoutre.

"Chaque sonde spatiale sera équipée d'instruments scientifiques spécifiques qui fourniront des informations complémentaires sur le noyau de la comète et son environnement de gaz, de poussière et de plasma, pour comprendre la nature d'une comète primitive en interaction avec l'environnement du vent solaire en constante évolution. Ils créeront ainsi le premier profil 3D d'une comète venant du nuage d'Oort, contenant des matériaux ayant survécu depuis la formation du Soleil et des planètes", indique le communiqué du laboratoire de géologie.

Préparer les instruments de mesure à une cible inconnue

Un spacecraft sera donc lancé en 2029 au point L2 du système solaire. Il aura deux satellites qui ont plusieurs instruments (un construit par l'ESA, un par la JAXA). Le spacecraft et les deux satellites formeront ainsi trois points de mesure pour observer la comète. "La stéréo pour l'image", résume Aurélie Guilbert-Lepoutre.

Aujourd'hui, "on est en train de tout construire sans savoir quelle comète on va observer", ajoute Aurélie Guilbert-Lepoutre. Les équipes de la mission ont défini une gamme de valeurs qu'ils souhaitent observer et "les instruments vont être prêts pour une gamme de paramètres. Certains objets trop actifs, qui ont trop de gaz ou de poussière, par exemple, on ne pourra pas aller les observer. Mais on ne pourra pas aller non plus vers un objet pas actif, parce que les instruments n''auraient pas assez de données."

Ce sera donc là le rôle du Laboratoire de géologie de Lyon : "fournir des modèles de chevelures, de gaz, de poussière, de noyau de comète... Pour que les instruments sachent quoi détecter."  Il participera aussi à l'élaboration de la grille de critère pour sélectionner la cible.

"On se prépare sur une base de connaissances, mais on prévoit des surprises. On se laisse l'opportunité de découvertes", se réjouit la chercheuse.

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