Cyberattaque : comment l’Hôpital Nord-Ouest de Villefranche tente de faire face

Détectée ce lundi matin vers 4h30, une cyberattaque d’ampleur par crypto-virus Ryuk a frappé les trois sites du centre hospitalier du Nord-Ouest, qui gère les trois sites de Villefranche-sur-Saône, Tarare et Trévoux, entraînant le report des chirurgies programmées, ainsi que le reroutage des patients amenés par les services de secours. Alors que l’hôpital se trouve encore en mode de fonctionnement « dégradé », le directeur du système d’information, Nasser Amani, dresse un premier bilan des actions engagées.
Lundi matin, les trois sites de l'Hôpital Sud-Ouest de Lyon (Villeurbanne, Tarare et Trévoux) ont été touchés par une cyberattaque menée par un crypto-virus Ryuk, entraînant la mise à l'arrêt de l'ensemble de leur système informatique.
Lundi matin, les trois sites de l'Hôpital Sud-Ouest de Lyon (Villeurbanne, Tarare et Trévoux) ont été touchés par une cyberattaque menée par un crypto-virus Ryuk, entraînant la mise à l'arrêt de l'ensemble de leur système informatique. (Crédits : DR)

Un peu plus de 24 heures après la découverte de l'attaque, l'Hôpital Nord-Ouest, qui gère à la fois les sites de Villefranche-Sur-Saône (69), Tarare (69) et Trévoux (01), est passé en mode combat.

« L'alerte nous a été remontée par les services d'urgence, qui ont constaté l'inaccessibilité du système d'information et des outils quotidiens. L'équipe d'astreinte chargée de l'informatique a été prévenue, et a constaté que nous étions victimes d'une attaque au crypto-virus, de type Ryuk », résume Nasser Amani, directeur des services numériques des trois établissements.

Par mesure de précaution, l'Hôpital de Villefranche-Sur-Saône a immédiatement procédé à des restrictions d'accès à son système informatique : « Nous avons mis à l'arrêt l'ensemble des réseaux des trois établissements que nous gérons, et procédé à un état des lieux complet du système d'information en vérifiant l'état des données et des sauvegardes », affirme Nasser Amani.

Car ce dernier rappelle que dans un tel cas, l'une des premières précautions consiste à tenter de sauvegarder l'état des archives et des données présentes au cœur du système informatique. « Pour éviter la propagation de ce type de virus, on ferme les accès à internet, on éteint les postes de travail et on met à l'arrêt tous les équipements qui fonctionnent sur réseau pour l'ensemble des trois établissements qui ont une direction communes ».

Ainsi, depuis ce lundi, plus aucun mail ou dossier médical informatisé ne peut transiter entre ces trois sites. Jusqu'à aujourd'hui, seule la ligne téléphonique des urgences fonctionnait, avant que ne soient rétablies en premier lieu les lignes téléphoniques en interne.

Passage en mode « papier »

Pour faire face, les trois hôpitaux ont ainsi enclenché un passage « en mode dégradé », ce qui signifie que l'ensemble des procédures ont dû être repassées en mode papier uniquement, avec l'affectation de coursiers entre les différents services.

Une situation qui a entraîné également le report des chirurgies programmées ainsi que de l'accueil des admissions aux urgences réalisées en lien avec les services de secours, qui sont prioritairement réorientés vers les HCL. Les admissions aux urgences de patients autonomes, qui se rendent par leurs propres moyens auprès de l'établissement, ont toutefois été maintenues.

Lire aussi : Cyberattaques : "Que ce soit à Villefranche ou à Dax, il n'y aura pas de rançon de payée"

De même que le fonctionnement de l'ensemble des autres services pour l'heure, à quelques exceptions cependant, concernant notamment certaines consultations médicales externes, complexifiées par l'absence d'archives informatiques disponibles à l'égard des derniers examens médicaux réalisés.

« Il s'agit d'un scénario auquel nous nous préparions heureusement depuis longtemps, et qui permet d'appliquer une série de procédures immédiatement pour éviter la propagation du virus tout en assurant la continuité des services », affirme Nasser Amani.

La direction des trois établissements a également contacté immédiatement l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), qui l'assiste désormais dans la procédure de suivi et de restauration de son système d'information et de sauvegarde des données, tandis que le parquet de Nanterre, le seul compétent sur ce type de dossier, a été saisi de l'enquête.

« Notre objectif prioritaire demeure de reconstruire le système le plus rapidement possible, en remettant des briques de soins critique et de réanimation en route. Nous disposons heureusement de données sauvegardées qui ont été vérifiées et non cryptées qui nous permettront, une fois que nous serons prêts, de relancer le système », Nasser Amani.

Aucune date n'a cependant été communiquée à ce stade concernant un retour à la normale. « Il est trop tôt pour avoir une visibilité à plus de 24 heures », confirme la direction.

Une recrudescences des attaques dans le médical

Ce mardi après-midi en effet, un peu plus d'une journée après la survenue de la cyberattaque, le matériel informatique demeurait éteint pour éviter la propagation du virus.

« Nous sommes revenus aux feuilles de suivi de températures, comme on le faisait avant l'arrivée de l'informatique », glisse Nasser Amani, qui concède que les échanges d'informations sont pour l'heure considérablement ralentis par l'absence de l'informatique.

S'il est encore trop tôt pour chiffrer l'impact économique d'un tel épisode ainsi que son origine précise, on sait que les trois établissements de l'Hôpital Nord-Ouest délivrent chaque année près de 120.000 consultations et effectuent 48.000 hospitalisations, et emploient près de 3.000 salariés.

« On observe une recrudescence des tentatives d'attaques depuis plusieurs mois à l'attention des centres hospitaliers, liés à la période de la gestion de la pandémie. En France comme à l'étranger, les hôpitaux ont été mis en lumière car les cybercriminels espèrent récupérer des formes de rançons », détaille le directeur des services informatiques. Une chose est cependant sure : l'hôpital Nord-Ouest ne paiera pas.

Si certains aspects demeurent confidentiels à ce stade, Nasser Amani affirme qu'un retour d'expérience sera tiré « au plus tôt ».

« Tous les établissements de santé sont dans l'obligation de répondre à certains pré-requis imposés par la direction générale de l'offre de soins, notamment sur les modèles dits « ouverts » sur leur environnement, et nous faisions partie des établissements avec un niveau de maturité assez élevé au regard des demandes », ajoutait-t-il.

Sans pouvoir entrer dans plus de détails à ce stade, Nasser Amani confirme qu'un établissement comme l'hôpital Nord-Ouest fait appel à différentes couches de sécurité pour son système informatique, « qui vont bien au-delà du simple antivirus, firewalls, et qui passent par plusieurs niveaux de couches logicielles, matérielles, et des campagnes de sensibilisation en interne ».

Et d'ajouter : « Force est de constater que malgré tout, notre système a été corrompu, il reste toujours des failles face à des organisations cyberterroristes qui sont devenues de véritables entreprises, et non des hackeurs isolés, qui sont capables de s'adapter rapidement. »

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Commentaires 7
à écrit le 18/02/2021 à 20:02
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Les pirates ont assimilés que le budget de la Sécu est supérieur à celui de l'Etat.....

à écrit le 17/02/2021 à 10:37
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Rien de mieux qu'un virus....informatique pour vendre des antivirus... informatiques, c'est ainsi que se construise les rentes... avec des clients captifs!

à écrit le 17/02/2021 à 10:26
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Glisser 120 ml d'hydroxychloroquine dans chaque PC, en port USB ou si inexistant, ouvrir le patient, pardon l'ordinateur avec tournevis usuel. Aroser le disque dur de cette potion magique de druide marseillais. Saupoudrer d'extrait d'azithromycine ...

à écrit le 17/02/2021 à 9:20
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a grand tapage mediatique il a été crée un grand centre de cybersecurité mais il sert a quoi!!! suite a des appel d'offres pour la securité des hopitaux ont été lancé ,comme d'habitude faute d'argent on prend le moins cher et le moins efficace on en...

à écrit le 17/02/2021 à 9:05
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Cette délinquance meurtrière puisqu'elle est responsable de décès, est souvent hors de portée de notre justice en déliquescence et de notre police déboussolée. Les pays qui hébergent ces criminels, qu'ils soient complices ou corrompus, doivent être d...

à écrit le 17/02/2021 à 6:22
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un grand bravo aux "experts" de la sécurité de ces structures ! Un stage de remise a niveau chez les hackers peut-etre ?

à écrit le 16/02/2021 à 20:57
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Pas vraiment étonné, la gestion du système d information est une gabegie totale. De pseudos appels d offres qui sont tous remportés par un ensemble de sociétés appartenant au même groupe. Résultat le site est connu de toute l industrie comme une NoG...

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