Salarier des médecins pour lutter contre les déserts médicaux : le phénomène gagne du terrain en région Auvergne-Rhône-Alpes (AuRA). Si on ne compte pour l'heure que des initiatives isolées, comme celle mise en place récemment dans le village d'Olliergues dans le Puy-de-Dôme, la Région entend prendre les choses en mains. Et pour cause : en termes d'accessibilité à un médecin généraliste, « sept habitants sur dix de la région AuRA se situent en zone sous-dense, dont deux habitants sur dix en zone d'intervention prioritaire », selon l'Agence régionale de santé (ARS). Les zones très rurales étant d'autant plus désertes.

Pour tenter de remédier à ce problème, la Région a par conséquent annoncé ce lundi la création d'un groupement d'intérêt public (GIP) afin de pouvoir salarier des médecins. Pour l'instant seuls deux départements ont souhaité se joindre à ce GIP : le Cantal et l'Ardèche. Le département de la Haute-Loire pourrait aussi rejoindre ce dispositif.

« Un outil pour enclencher »

« Nous sommes co-porteurs du projet avec les départements. Le territoire a l'expertise de choisir où implanter les médecins et nous nous appuyons sur les structures existantes comme les maisons de santé », affirme Laurence Fautra, vice-présidente déléguée à la santé de la Région Auvergne Rhône-Alpes

Les médecins seront embauchés en CDD de deux ans, voire trois, par le GIP. Il lui sera aussi possible d'exercer à moitié en salarié et à moitié en libéral. Après la durée du contrat, libre au médecin de s'installer ensuite en libéral dans la commune où il a exercé. « C'est un outil pour enclencher », appuie Laurence Fautra.

Pour le moment, un candidat potentiel serait prêt pour une embauche en été, dans le Cantal et l'Ardèche est en phase de recrutement pour l'automne. Si le dispositif fonctionne, la Région ne s'interdit pas de l'étendre aux professions paramédicales. Du côté des collectivités, les intercommunalités qui le souhaitent sont aussi invitées à rejoindre le GIP.

Un modèle à construire

Laurence Fautra le rappelle elle-même : « la santé publique n'est pas une compétence régionale. » Les Régions s'y mettent, à défaut, pour tenter d'endiguer le problème des déserts médicaux. « La décentralisation nous donne un pouvoir d'action plus rapide », admet Laurence Fautra. Rappelant aussi que tout est fait sous le contrôle de l'ARS.

Les salaires de ces médecins seront adossés à la grille hospitalière et l'assurance maladie remboursera évidemment leurs actes. « Mais il faut aussi des ressources administratives. S'il y a un déficit structurel, on le prendra en charge », selon la vice-présidente.

Mais en termes de budget ou d'objectif d'embauches, il n'y en a pas. « Nous n'avons pas de budget approprié, mais nous avons ouvert une ligne de trésorerie », commente Laurence Fautra. Et d'ajouter concernant les médecins : « nous n'avons pas de limite de nombre. »
La Région Occitanie s'était lancée dans cette démarche en 2021, avec un GIP effectif dès juin 2022. A l'inverse d'AuRA, elle avait un objectif chiffré : recruter 200 médecins et infirmiers sur tout le territoire.

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La Région Centre-Val-de-Loire a elle aussi créé son propre GIP, en 2020, avec l'ambition de recruter 300 médecins d'ici 2028. Mais, début mars, la Chambre régionale des comptes a pointé la faiblesse du dispositif et notamment « les incertitudes juridiques, le manque de transparence sur les critères d'implantation, le manque de réalisme dans les hypothèses du modèle économique et l'attractivité incertaine », comme le rapporte France Bleu Orléans. Tout autant d'écueils qui seront à éviter pour AuRA.