L’ambulatoire, remède au trou de la sécurité sociale ?

L'Assemblée Nationale examine mardi le programme de stabilité du gouvernement. 11 milliards d'euros d'économie sont prévus dans les dépenses de santé, grâce notamment à la chirurgie ambulatoire. Le groupe Capio, dont le siège est à Villeurbanne, en a fait son fer de lance dans ses 25 cliniques en France. Le Directeur général, Philippe Durand, est convaincu par ce type de médecine.
Philippe Durand, Directeur général de Capio

Le gouvernement a annoncé qu'il entendait développer les soins ambulatoires, quelles sont pour vous les conditions à réunir pour que ce développement soit effectif ?

 J'en vois trois. D'abord il faut agir sur les mentalités, celles des soignants comme celles des patients en expliquant ce qu'est la médecine moderne. Il faut ensuite organiser les établissements de santé autour d'une approche pluridisciplinaire pour pouvoir mettre en place un parcours de santé qui réunit l'anesthésiste, le chirurgien, les soignants et le personnel administratif autour du patient.

Enfin, les soins ambulatoires nécessitent de prendre du temps avec le patient avant et après l'intervention. Avant, pour détailler la façon dont va se dérouler l'intervention, mais aussi ce que l'on attend de lui avant et après cette intervention. Le patient est ainsi plus autonome et mieux informé donc rassuré. Après car il est nécessaire de s'assurer le lendemain et les jours suivants l'opération que le patient va bien en le rappelant.

 Quelles sont aujourd'hui, les pathologies que l'on peut prendre en charge en ambulatoire ?

Chaque jour qui passe élargit le champ d'action de l'ambulatoire. Aujourd'hui nous sommes capables de réaliser des poses de prothèses de hanche ou de genoux en chirurgie ambulatoire. Dans un établissement comme le nôtre, nous estimons que d'ici 5 ans, nous pourrons réaliser 80% de nos interventions chirurgicales en ambulatoire.

 Des investissements spécifiques sont-ils indispensables pour pouvoir pratiquer ce type de soins ?

L'investissement majeur est celui du changement des mentalités. C'est donc du temps, de la communication pour rendre compte des retours d'expériences, notamment auprès de nos médecins et des équipes. C'est aussi des supports d'information que nous donnons aux patients.

 Les règles de rémunération des actes médicaux, encouragent-elles ce type de pratique ?

De plus en plus puisque début mars, les tarifs des interventions en ambulatoire ont été alignés sur ceux des interventions classiques.

De fait, l'ambulatoire est-il une véritable source d'économie, comme le prétend le gouvernement ?

Oui doublement. D'abord, même si les tarifs ont été alignés, ils sont modulés en fonction du type d'actes. Globalement, les actes innovants réalisés en ambulatoire comme la pose de prothèses sont alignés, mais les opérations courantes qui sont bien maîtrisées comme la cataracte par exemple sont moins bien rémunérées. Mais il faut surtout mesurer les économies réalisées par l'autonomisation des patients.

Les retours d'expériences montrent que si les patients ne pas sous l'emprise de sédatifs administrés avant une opération, ils récupèrent plus vite. De même, dans le cas d'une pose de prothèse que si  les patients sont remobilisés plus vite, ils récupèrent aussi plus vite. Sur un plan purement technique, nous limitons autant que faire se peut les poses de drains qui sont des vecteurs d'infection.

La médecine moderne évite aussi beaucoup d'infections nosocomiales donc de ré-hospitalisations. Donc au final, moins de médication, moins d'anesthésie, moins de ré-hospitalisation et une rééducation plus rapide sont des sources d'économies importantes.

 

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Commentaire 1
à écrit le 30/04/2014 à 22:29
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La chirurgie ambulatoire, a en plus des bénéfices cités dans l’article, un autre avantage et pas des moindres, l'exigence d'une maîtrise parfaite du geste chirurgical: l'acte doit être réalisé dans des délais compatibles avec la chirurgie ambulatoire...

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