Grenoble : deux élections pour accélérer l'université intégrée ?

Il y aura non pas un, mais deux changements de présidence sur le campus universitaire de Grenoble. Deux ans après la fusion de l’Université Grenoble Alpes (UGA), la présidente Lise Dumasy ainsi que son homologue à la Communauté Université Grenoble Alpes (Comue) Patrick Lévy s’apprêtent à échanger leurs postes en se soumettant aux votes de leurs conseils d’administration respectifs, qui se dérouleront le 11 janvier prochain.
(Crédits : DR)

L'objectif affiché : se conformer à un accord politique passé il y a deux ans, tout en poursuivant le chemin vers la construction d'une université intégrée. C'est donc d'une voix unifiée que les deux présidents de la COMUE et de l'UGA ont évoqué leur démission conjointe, le 20 décembre dernier, en vue de se présenter à une nouvelle élection de mi-mandat visant à leur permettre d'échanger leurs postes. Une première dans ce domaine, que les deux acteurs justifient par une logique d'alternance :

"C'était un engagement pris lors de notre candidature à la présidence, et cela avait fait partie des discussions préliminaires qui avaient eu lieu concernant la fusion entre les trois établissements (UJF, UMPF et Université Stendhal) qui allaient former l'UGA", contextualise Lise Dumasy, démissionnaire de l'UGA, et qui prendra la présidence de la COMUE.

Avec, en bout de ligne, le souhait d'assurer une meilleure représentation de l'ensemble des communautés disciplinaires scientifiques. "Cet accord a été pensé comme un rééquilibrage des forces disciplinaires en présence, en vue de permettre une expression plus large des sciences humaines et sociales", précise Patrick Lévy, actuel président de la Comue.

Une logique d'alternance

En pratique, l'idée évoquée étant de scinder en deux le mandat de quatre ans, qui devait débuter par une présidence issue des Sciences Humaines et Sociales (SHS) -représentée par Lise Dumasy, en tant qu'ex-présidente de l'Université Stendhal-, se poursuivant ensuite par une représentation des Sciences, Technologie et Santé (STS), assurée par l'ancien patron de l'Université Joseph Fourier (UJF), Patrick Lévy.

D'après eux, cet échange permettrait aussi une meilleure articulation entre les deux entités déjà inter-reliées. "L'UGA (45 000 étudiants, 5 500 enseignants) a un poids important au sein de la COMUE (62 000 étudiants, 7000 enseignants) et cette fusion a toujours été comprise comme une première étape pour aller vers une université intégrée, qui rassemblera plus largement des universités, écoles et organismes de recherche au sein d'un même ensemble", estime Lise Dumasy.

Lise Dumasy

Opinion divergente des salariés

Pour autant, du point de vue des salariés, les opinions semblent diverger.

"Cela n'est pas vraiment vécu comme quelque chose de normal, mais plutôt comme un arrangement", déplore une source syndicale. Pour d'autres, cet accord témoigne "d'un partenariat entre deux grandes figures de l'université qui a l'air de bien fonctionner et qui s'inscrit dans une continuité politique en vue d'un objectif précis dans les deux années à venir, qui est celui de l'université intégrée".

Patrick Lévy rappelle en effet l'existence d'un "projet politique qui s'inscrit à la fois dans le contrat de sites, le projet Idex, et le plan stratégique de l'université". "L'idée n'est pas de changer le contenu du projet politique, qui a été élaboré en commun", abonde Lise Dumasy.

Vers une université intégrée ?

Les priorités du futur président de l'UGA seront donc de poursuivre le Plan de retour à l'équilibre de l'UGA - qui prévoit une réduction du budget de 13 millions d'euros d'ici 2020 -, ainsi que la mise en place du Plan étudiant voulu par l'Etat pour la rentrée 2018-2019 "et sur laquelle il existe encore quelques interrogations en matière de financement".

L'autre grand sujet sera le passage, d'ici 2020, à une "université intégrée de rang mondial", qui comprendra non seulement l'UGA mais aussi des écoles et organismes de recherche, sous une nouvelle forme juridique qui reste à définir et qui pourra inclure des composantes à personnalité juridique et morale, tels que l'IEP de Grenoble, l'Ecole d'Architecture (Ensag) ou Grenoble INP.

Des surprises sont-elles encore possibles ?

En attendant, la vacance sera de courte durée puisque les démissions des deux présidents ont pris effet le 10 janvier à minuit, tandis que les nouvelles élections sont prévues le 11 janvier.

Si Patrick Lévy précise que, comme dans toute élection, "il pourrait y avoir plusieurs candidats", celui-ci sera seul à briguer la présidence de l'UGA. Cependant, à la COMUE, un autre candidat, le doctorant Bernard Alain Augier, qui travaille sur une thèse concernant la transparence financière en matière de gouvernance, s'était déclaré face à Lise Dumasy. Il a finalement été contraint de se retirer la veille du scrutin pour avoir dépassé l'âge limite de candidature, fixé à 70 ans.

Bien que ces démissions engagent aussi, de fait, les vice-présidents siégeant au sein des deux instances, les deux candidats sortants se sont également engagés à assurer une forme de continuité, laissant penser que les postes actuels pourraient être reconduits.

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