Haute-Loire : l’usine Michelin reprendra sa production lundi après trois semaines d’arrêt

L’équipementier automobile a arrêté la production sur son site de Blavozy, près du Puy-en-Velay, le 20 octobre, imposant des congés et du chômage partiel à 75% de ses 500 salariés. En cause, une baisse du carnet de commandes. Une autre suspension de l’activité est prévue pendant les congés de fin d’année.
Le site de Blavozy en Haute-Loire va reprendre la production de pneu pour le génie civil après trois semaines d'arrêt, faute de commandes.
Le site de Blavozy en Haute-Loire va reprendre la production de pneu pour le génie civil après trois semaines d'arrêt, faute de commandes. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Les machines ne reprendront que lundi prochain sur le site de Blavozy, près du Puy-en Velay, en Haute-Loire. L'usine Michelin qui produit des pneus pour le génie civil, notamment en direction des engins de construction ou de manutention portuaire, est à l'arrêt depuis le 20 octobre.

« Nous devons adapter notre plan de charge car nos différents marchés sont en ralentissement. Nous sommes confrontés à des baisses de notre carnet de commandes », explique Laurent Le Boennec, le directeur de l'usine. « Nous sommes en fait soumis à des cycles et cela peut aller très vite, à la baisse comme à la hausse. Il faut savoir être réactif. Nous sommes actuellement dans un cycle bas et il est encore trop tôt pour avoir des perspectives sur 2024. Mais nous ne voyons pas de rebond à court terme ».

Pour les salariés, cette suspension de l'activité signifie des jours de congés imposés, mais aussi du chômage partiel, en moyenne cinq jours. Cela concerne surtout les effectifs de la production et des fonctions support, soit 75% des 500 salariés de l'usine.

« Pour certains salariés, c'est même sept jours de chômage partiel, en fonction de ce qui leur restait de congés. Nous ne touchons que 60 % de notre rémunération brute, le minimum légal imposé par la loi. Avec tous les bénéfices qu'ils font, nous aurions aimé que Michelin compense la perte de salaire. Mais la direction a refusé », s'insurge Hervé Bancel, délégué syndical du site de Blavozy pour la CGT, majoritaire.

En fait, le groupe compense uniquement au-delà de dix jours d'activité partielle. La direction du site précise, de son côté, que tout a été fait pour la limiter au maximum et que des formations sur la sécurité, la qualité et l'environnement se sont aussi déroulées sur cette période, permettant aux salariés de conserver leur salaire.

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Déjà un arrêt en août de la production

Mais le représentant du personnel dénonce également la pose obligatoire de congés de plus en plus fréquente qui, selon lui, laisse de moins en moins de liberté aux salariés de décider de leurs dates de vacances.

« Certes cela tombe pendant les vacances scolaires, mais cela n'arrange pas tout le monde. En août, ils nous ont imposé trois semaines de congés, mais cela ne coïncidait pas forcément avec les congés de certains de nos conjoints. Cela a des impacts sur la vie familiale et personnelle », continue le délégué syndical.

Car en août déjà, l'activité avait été suspendue pendant trois semaines. Elle le sera de nouveau en fin d'année pour une semaine, entre Noël et jour de l'an.

Et Blavozy n'est pas le seul site de Michelin concerné par un arrêt de production cette année. Le groupe doit faire face à un « contexte de plus en plus imprévisible avec une demande volatile, ce qui complique le management industriel, » précise une porte-parole du géant du pneumatique. Ce dernier a ainsi été contraint de stopper l'activité de son usine de Cholet (Maine-et-Loire) durant deux semaines au mois d'août et devra s'y résoudre de nouveau une semaine en décembre. A Troyes (Aube), les baisses de commande ont aussi engendré un arrêt de la production là encore de trois semaines. A chaque fois, l'activité partielle a été enclenchée.

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Mais la porte-parole du groupe précise que la situation est contrastée en fonction des sites, positionnés sur des segments différents du pneu. « A Bourges, dans le Cher, le site tourne à plein car nous avons des commandes de la part de l'aéronautique civil et militaire. De la même manière, sur le pneu ultra haute performance, le plan de charge est bon et donc les sites de Gravanches, à Clermont-Ferrand, et de Roanne sont bien orientés ».

Investissement de 100 millions d'euros sur le site altiligérien

Cette baisse du tonnage en Haute-Loire créé en tout cas des appréhensions au sein du personnel. Il faut dire que des arrêts d'activité aussi rapprochés en fin d'année ont de quoi inquiéter une partie des salariés.

« Nous ne sommes pas alarmistes mais vigilants », annonce Hervé Bancel de la CGT. « Nous n'avons pas d'inquiétudes à très court terme, d'autant que Michelin est en train de renouveler le parc de machines sur le site. Cependant, quelle est la vision du groupe à plus long terme ? Michelin ferme une usine tous les 4-5 ans. D'ailleurs, la direction envisage la fermeture de deux sites de production en Allemagne (la consultation est toujours en cours, précise la direction, ndlr) », rapporte Hervé Bancel.

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Le groupe « garde le cap avec comme ligne directrice de préserver sa capacité de production, car nous sommes persuadés que cela est conjoncturel, » souligne pour sa part la porte-parole de Michelin. La direction confirme d'ailleurs son intention de poursuivre les investissements sur l'usine de Blavozy.

« Le groupe a investi 100 millions d'euros entre 2021 et 2024 sur le site afin de moderniser l'unité de productionDans le cadre du projet Osiris, la première tranche de cinq machines nouvelle génération, plus performantes et automatisées et surtout moins énergivores, est terminée et la deuxième tranche de quatre machines supplémentaires est en cours et se terminera l'année prochaine », rapporte Laurent Le Boennec, le directeur de l'usine.

En espérant que d'ici là, les commandes reprennent un bon rythme pour assurer de l'activité aux salariés du site.

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