Face à l'effondrement de la bulle tech, la fintech Agicap joue la carte de la prudence

Dans un contexte incertain du secteur de la tech, la fintech lyonnaise Agicap, positionnée sur le pilotage automatisé de trésorerie, joue la prudence et lève le pied sur ses recrutements effrénés. Tout en maintenant le cap de sa croissance européenne, qui s’annonce encore avec une multiplication par trois cette année.
Les trois cofondateurs d'Agicap, de gauche à droite, Sébastien Beyet, Lucas Bertola et Clément Mauguet.
Les trois cofondateurs d'Agicap, de gauche à droite, Sébastien Beyet, Lucas Bertola et Clément Mauguet. (Crédits : DR)

Probablement un petit bol d'air pour l'écosystème lyonnais des recruteurs de la tech : un an tout juste après sa méga levée de fonds de 100 millions de dollars qui la menée de 200 à 650 collaborateurs en quelques mois, la fintech Agicap, spécialiste du pilotage automatisé de la trésorerie des PME et TPE, décide de sortir son joker prudence. Et de mettre le frein sur les recrutements. Alors qu'elle annonçait, il y a encore quelques mois, un objectif de 1.000 collaborateurs à fin 2022, elle vient de décider de lever le pied en stabilisant son équipe à 700 personnes environ. Alors même que son chiffre d'affaires (montant non communiqué) a été multiplié par trois en 2020, idem en 2021 et s'annonce sur une tendance sensiblement similaire pour 2022.

Priorité à la rentabilité

L'explication à ce repositionnement se trouve dans la crise qui menace le secteur du numérique. Depuis la fin de l'année 2021, les valeurs tech du Nasdaq sont en chute libre. Les actions de Snapchat, Amazon ou Meta par exemple ont perdu plus de 30%. Les explications peuvent se trouver dans la crise sanitaire, l'inflation, les pénuries de matériaux ainsi que dans la forte hausse que le secteur a connu depuis le début de la crise Covid. Par rebond, les fonds d'investissement semblent aussi réduire la voilure dans les start-ups tech, aux Etats-Unis mais aussi, désormais, en Europe. Cité récemment par le Monde, Benoist Grossmann, co-président de l'association France digitale, analyse : « c'est un retour à la normale après une période post-Covid où certains excès ont été commis. Les sociétés seront désormais plus analysées en termes de rentabilité plutôt que de croissance à tout prix ».

La start-up lyonnaise, pas encore rentable, a pris acte de cette nouvelle donnée. Elle stabilise donc ses effectifs, d'une part, et d'autre part, remet à plus tard une nouvelle levée de fonds initialement prévue pour 2022.

« Nous écoutons les signaux faibles. Nous allons moins surinvestir afin de moins brûler de trésorerie. Dans ces perspectives un peu instables, nous préférons ralentir notre hyper-croissance et travailler sur notre rentabilité », explique ainsi Clément Mauguet, co-fondateur d'Agicap.

Il ne faut toutefois pas s'y tromper : si Agicap a enregistré cette décision prudente, celle-ci ne signe en rien la fin de la croissance de l'entreprise.

« Nous avons désormais atteint une taille suffisante pour poursuivre notre développement sans augmenter de manière exponentielle les équipes. Nous sommes désormais plus productifs, capables de faire mieux et plus. Le chiffre d'affaires va continuer de croître de manière importante ».

Solution globale de gestion de la trésorerie

Pour preuve : Agicap, présente à Lyon avec 350 salariés (bientôt installés au Basalt) ainsi qu'à Berlin, Milan, Barcelone et depuis peu à Londres, vient de franchir une nouvelle étape de son positionnement en ajoutant deux nouveaux produits à son offre initiale de pilotage automatisé de la trésorerie. Sont désormais disponibles une offre destinée à optimiser l'order to cash et une offre intégrant directement à la plateforme SaaS les possibilités de paiement.

« Les entreprises sont confrontées à une fragmentation des outils, sans mise en cohérence des différentes données : notre ambition est de fournir aux petites et moyennes entreprises des outils cohérents, une plateforme globale, leur permettant de gérer efficacement leur trésorerie. N'oublions pas que c'est le nerf de la guerre. La crise Covid a d'ailleurs joué un rôle de catalyseur dans la prise de conscience des entreprises sur ce point », note Clément Mauguet.

D'autant plus que, selon l'observatoire des paiements, les retards de paiement ont augmenté en moyenne de cinq jours ces deux dernières années.

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