Entrepreneuriat : quand l'Université de Lyon "benchmark" aux USA

Financements innovants, mutations culturels à mettre en œuvre, décloisonnements des étudiants...L'Université de Lyon, en visite aux Etats-Unis mi-février, compte bien s'inspirer des méthodes étasuniennes pour accélérer le développement de l'entrepreneuriat dans ses établissements.
Béatrice Frézal de l'Insa Lyon prend des notes lors de son passage au CIC de Cambridge. Elle compte sur ce voyage d'étude aux USA pour renforcer l'entrepreneuriat au sein de l'école d'ingénieur.

"Nous repartons décomplexés de notre séjour américain. Nous avons la méthode et le contenu pédagogique. Il nous reste à changer d'échelle". Au terme d'un voyage d'étude à Boston et Cambridge, villes hôtes de prestigieuses universités américaines (Harvard, MIT), Béatrice Frézal est rassurée. La responsable de la filière Ingénieur et Entrepreneuriat de l'Insa Lyon estime que l'établissement est "dans le mouvement" pour favoriser l'émergence de l'entrepreneuriat.

"Ici, rien ne semble exceptionnel, renchérit Pierre Poizat, directeur de l'incubateur de l'université Lyon III. Mais il y a une efficacité, un pragmatisme et des moyens d'une autre dimension", tempère-t-il.

Si le monde universitaire lyonnais se veut optimiste, il n'empêche qu' il existe toujours un écart entre les propositions françaises et celles d'outre-Atlantique. De quoi, donc, "benchmarker" les meilleures pratiques étasuniennes. "Nous sommes ici pour voir ce qui est transposable", affirme Pierre Poizat.

Des mentalités différentes

Parmi les lacunes identifiées, l'une d'entre elles, qui revient souvent, est liée à l'aspect culturel. L'entrepreneuriat est dans l'ADN de l'Amérique.

"Aux USA, la logique entrepreneuriale est une vraie posture, ancrée dans la société. Nous devons tendre vers cet esprit, et l'université est l'un des lieux pour cela", estime Pierre Poizat.

Il rappelle, notamment,  que Lyon III héberge plusieurs incubateurs, et propose une formation portant sur l'entrepreneuriat. "Plus on parle d'entrepreneuriat, plus on suscite des vocations", appui, pour sa part, la représente de l'Insa.

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La considération de l'échec est également une donnée sociétale à prendre en considération. "Il doit devenir une source de succès alors que pour le moment, c'est un frein à l'initiative, estime Agnès Savigner, responsable accompagnement des startups à la SATT Lyon-Saint-Etienne Pulsalys. Il faut se mettre dans la logique suivante :"échoue, apprend, réussit", poursuit-elle.

Le financement, une vraie limite ?

Le potentiel de financement des établissements français est parfois avancé comme une limite à sa compétitivité et au développement des cursus entrepreneuriaux. Outre-Atlantique, les grandes universités peuvent compter sur les dons et les grandes entreprises pour financer la recherche, l'innovation, et les transferts de technologies. Mais, pour être dans la course mondiale, la question de moyens intrinsèques n'est pas l'unique vecteur. L'ingéniosité est de mise chez les voisins, et certains dispositifs pourraient bien être rapatriés dans la capitale rhodanienne:

"Parmi les solutions intelligentes, celle de la "junior entreprise" est a explorer. Le principe repose sur une sorte de "sous-traitance" : les entreprises un peu plus mûres font travailler les plus précoces afin que ces dernières dégagent un peu de budget pour financer leurs recherches. C'est un principe particulièrement développé au MIT", développe Béatrice Frézal.

Autre piste identifiée pour combler le manque de financements de l'université française, celle visant à renforcer les réseaux d'anciens élèves.

"Il faut solidifier la reconnaissance des anciens envers leur structure de formation. Ceux qui ont réussi doivent participer davantage aux financements des nouveaux projets", poursuit la dirigeante de l'Insa.

Vers davantage de décloisonnement

Mais c'est aussi dans les pratiques que l'entrepreneuriat version française peut évoluer. "Aux USA, certains centres d'innovation sont construits pour mettre à profit la productivité et la créativité des étudiants. Cela semble naturel, mais c'est en réalité très calculé", estime Agnès Savigner.

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Lieu de détente, espace partagé et autre table de ping-pong sont des éléments essentiels pour créer ce confort. Un confort qui débouche sur un bien-être productif et social. Ces lieux de vie permettant le réseautage et les rencontres, pouvant déboucher sur des collaborations futures entre jeunes entrepreneurs.

"L'état d'esprit de liberté doit régner, il faut absolument faciliter le décloisonnement. C'est une des clefs de réussite", estime Béatrice Frézal.

"Mais nous sommes dans le bon wagon", martèle-t-elle, une nouvelle fois, mentionnant un nouveau projet que porte l'Insa, inspiré des bonnes pratiques américaines mais adapté aux réalités françaises.

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