« Siparex. Pionnier du capital investissement français »* est agréable à lire pour ceux qui s'intéressent au sujet. « C'est une histoire de cape et d'épée », a même osé Dominique Nouvellet, son auteur lors d'une présentation à quelques journalistes, ce mardi. D'une plume alerte, l'énarque (« atypique ») qui a dirigé Siparex, 32 années durant - de sa naissance le 23 décembre 1977 jusqu'au 31 juillet 2009 -dit avoir « voulu exprimer son vécu et sa vision ». «J'ai réalisé ce travail sur deux ans. C'est le produit de ma mémoire, sans utiliser de documentation ».

Un nom qui sonnait bien

Siparex, dont la création était préconisée par Gilles Brac de La Perrière (alors président de la Lyonnaise de Banque), aurait pu s'appeler « Soparex », acronyme  de « société de participation dans les entreprises régionales en expansion », mais le nom était déjà pris. Et « nos amis lyonnais ont donc retenu ma proposition de Siparex qui avait l'avantage de bien sonner », se souvient Dominique Nouvellet. Les premiers administrateurs ont été les souscripteurs d'origine parmi lesquels Lucien Gattaz (patron de Radiall) et son frère Yvon Gattaz (père de Pierre Gattaz, président du Medef) ou encore Emile Véron (président de Majorette). Et le capital a été rapidement porté à 58 millions de francs.

Chausse-trape

Dominique Nouvellet relate des premiers pas «  très difficiles car les sceptiques nous attendaient au tournant ». A commencer par « le Trésor qui nous a adressé des dossiers de canards boiteux sous la pression des élus », du ¼ Sud-Est de la France. Il évoque « l'hostilité des banques » et « les réticences des assureurs ». Il se souvient d'un face à face homérique avec Bernard Tapie autour de Terraillon, fabricant de balances domestiques, en Haute-Savoie. Ont suivi de meilleurs dossiers qualifiés « de coups de maître » pour les plus values générées après les avoir soutenus dans leur développement : Cap Gemini (informatique) ou encore Salomon (fixations et chaussures de ski). De même, confie l'ancien président de Siparex, «nous avons été des actionnaires heureux » chez Norbert Dentressangle.

Raiders

A toute chose malheur est bon, c'est le constat que tire Dominique Nouvellet de l'introduction en bourse de Siparex Associés, le 11 juin 1991. « Nous avons toujours écouté avec attention les observations des raiders car il y a toujours des leçons à tirer de ce genre d'exercice déstabilisant », assure t'il. Et « malgré un métier particulièrement ardu, notre société d'origine a toujours été bénéficiaire, sans interruption depuis 37 ans », reconnaît il avec fierté. Parmi les marques de fabrique de Siparex, Dominique Nouvellet met en avant, une analyse méthodique des dossiers, un suivi des participations (plus de 900 en 37 ans) « tous les trimestres, tous les mois, voire plus souvent en cas de crise ». Il salue également une équipe soudée, motivée et très professionnelle.

Fonds propres pour affronter les tempêtes

Lui a quitté l'opérationnel le 31 juillet 2009, - « jour que j'avais fixé 4 ans plus tôt avec mon épouse»-, laissant les rênes à Bertrand Rambaud. « Je l'ai accompagné pendant quatre ans avec le seul souci de servir en résistant à la tentation d'ingérence dans le quotidien du groupe », témoigne Dominique Nouvellet. A 73 ans, il a gardé des liens forts avec la maison. Et un regard expert sur le capital investissement français à qui il prédit de beaux jours : « Il faut une vraie quille (évocation navale) à nos entreprises pour affronter les tempêtes d'aujourd'hui, c'est à dire des fonds propres.. à la hauteur de leurs ambitions ».

* « Siparex. Pionnier du capital investissement français », préfacé par René Ricol est publié aux Presses des Mines