Trajectoires  : de l’échec au rebond

A l’occasion du forum national de l’association 60 000 rebonds, Christian Streiff, ancien PDG de PSA, aujourd’hui vice-président du Conseil de Surveillance de Safran, et le Frère Samuel, philosophe, ont livré leurs réflexions sur l’échec dans un débat animé par Pierre Hurstel, ancien DRH monde d’EY et fondateur de Matière à réflexion. A leurs côtés, des entrepreneurs. Tous s’accordent sur la nécessité de le considérer comme une véritable opportunité de - mieux - rebondir.
Dans les salons de l'Hôtel de Ville de Lyon pour le Forum de l'association 60 000 Rebonds

Que l'on soit grand patron d'un des fleurons de l'industrie française, jeune créateur d'entreprise, entrepreneur du web, sous-traitant, voire prêtre, aucune posture ne met à l'abri de l'échec, "ce passage à vide, cette sortie de route qui fait partie de la vie de tous", comme le définit Christian Streiff. "La vie, c'est une alternance de l'échec et de la réussite", résume, quant à lui, Frère Samuel.

L'échec à surmonter

Même l'ancien PDG d'Airbus et de PSA a connu des échecs. Professionnel d'abord, parce qu'il n'est pas resté longtemps à la tête d'Airbus, personnel ensuite, puisqu'un AVC l'empêchera de mener à son terme son mandat à la tête de PSA.

Streiff/Samuel

Christian Streiff, ancien PDG d'Airbus et PSA (crédit : Stéphanie Borg).

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Henri Dupraz, Gauthier Deprez, Raynald Wauters constituent trois figures d'entrepreneurs aux profils variés. Si Henri Dupraz s'est lancé comme franchisés après une belle carrière comme cadre supérieur, les deux autres ont crée leur propre concept. Tous trois ont connu des années florissantes, tous trois "se sont faits massacrer à la barre du Tribunal de Commerce", résume Raynald Wauters.

Des parcours différents, tous entravés en quelques minutes

"Il semble n'y avoir aucune issue. Mon mari, mon moteur et le moteur de notre entreprise, avait perdu toute vitalité, à tel point que je le surveillais de près : j'avais très peur qu'il se suicide", témoigne Virginie Schmitt, l'épouse d'un entrepreneur.

60000 rebonds

Des entrepreneurs en rebond au sein de l'association 60 000 rebonds (crédit : Stéphanie Borg).

Tous ces entrepreneurs réunis ce 17 novembre, à l'invitation de l'association 60 000 rebonds, évoquent cet effondrement. "C'est assez violent au départ", souligne Christian Streiff. "On est touché dans notre orgueil", rajoute Henri Dupraz.

"Les entrepreneurs arrivent dans des états différents mais ils sont pour la plupart très amochés", confirme Marc Rousse, coach pour 60 000 rebonds.

Après le choc, l'étincelle

Déboussolés, anéantis, ces entrepreneurs tentent de reprendre confiance malgré les difficultés financières, la famille qui tourne le dos, les amis qui désertent et une société qui, globalement, met à l'index ceux qui sont en échec.

Et puis vient l'étincelle. "Celle qui se rallume après cette période épouvantable", indique Virginie Schmitt. Nos témoins ont tous croisé le chemin de 60 000 rebonds, même si certains y sont allés à reculons. Christian Streiff prend conscience qu'il doit changer de vie. Le Frère Samuel rencontre Dieu.

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Le temps de la reconstruction

"On assimile le rebond à un deuil. Il se déroule en 6 étapes : le déni, la colère, la peur, la tristesse, l'acceptation puis vient le temps du pardon et de la reconstruction. Le rebond prend donc du temps", explique Marc Rousse.

Un temps qui peut être conséquent. "Jusqu'à 8 ans en moyenne en France. Moi j'ai pu rebondir en deux ans grâce au soutien de l'association", raconte Raynald Wauters dont la start-up vient d'être classée parmi les 17 pépites de Paca à fort potentiel à l'international.

Une période qui "permet de se mettre en pause, de comprendre et d'élargir sa vision du vrai monde", estime Christian Streiff.

Frere Samuel

Le Frère Samuel, philosophe (crédit : Stéphanie Borg).

"Rater, échouer, ce n'est pas la fin du monde, c'est le révélateur du vrai et du juste même si ce n'est pas facile de lâcher sa vie. Il faut s'accompagner de son propre échec pour mettre à jour une énergie positive dont on n'avait plus conscience au fond de soi. Echouer, c'est retrouver la vie au sens brut. C'est aussi savoir transformer un pépin en une richesse nouvelle", explique Frère Samuel.

Le rebond, un travail de fond

Après un long travail avec son coach sur son projet professionnel, Gauthier Deprez a repris un poste de dirigeant salarié dans une PME tournée vers l'international. "Au final, après 7 ans d'entreprenariat, je m'étais isolé. J'ai accompagné l'entreprise dans son processus de vente. Aujourd'hui, dans leur lettre d'intention, les repreneurs ont souligné que sans moi, ils n'achèteraient pas. C'est la dernière brique de ma reconstruction : j'ai rebondi", affirme-t-il, tout sourire.

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Un résultat qui, comme tous l'affirment, n'aurait pu se faire sans un accompagnement, ce "regard de confiance et de bienveillance pour trouver en soi-même sa propre ressource", explique encore Marc Rousse. "Cette solidarité circulaire qui consiste à voir dans l'autre une part de soi relève de l'expérience et de l'espérance. C'est là que bat le vrai cœur des hommes", renchérit Frère Samuel.

"La vie est longue, moi je n'accepte pas l'idée de la retraite et je n'envisage pas de m'arrêter de participer à la vie de la société. Quand on est jeune, si on se plante au rez-de-chaussée ou au premier étage, il reste d'autres paliers à atteindre. Donc, si vous avez une nouvelle idée, foncez !", conclut Christian Streiff.

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