Claude Barbin (président CCI 63) : "Lyon doit absolument regarder vers l'Auvergne"

Élu sous la bannière CPME avec 25 voix contre 22, l'assureur Clermontois Claude Barbin préside la CCI du Puy-de-Dôme depuis plus d'une année. L’occasion de dresser un bilan et une feuille de route pour un président qui entend faire de l'Auvergne un acteur fort de la Région.
(Crédits : Sonia Reyne/ADE)

ACTEURS DE L'ECONOMIE - LA TRIBUNE. Lors de cette année de mandat, vous avez beaucoup œuvré pour une union entre les organisations syndicales patronales, qu'en est-il aujourd'hui dans le département ?

CLAUDE BARBIN. Le candidat Philippe Fouet (entreprise Lacour, à Peschadoires) s'était présenté aux élections pour le Medef et moi même pour la CPME. J'ai envie de dire qu'assez classiquement, une fois les élections passées, nous avons repris nos bonnes habitudes : travailler mains dans la main. Je dois d'ailleurs reconnaître qu'au niveau de la CCI Auvergne-Rhône-Alpes, Philippe Guerand insuffle le même esprit. Que nous ayons été deux candidats pour cette élection témoigne de l'intérêt du challenge à relever. Aujourd'hui, Philippe Fouet est présent au bureau, président la délégation d'Ambert-Thiers. Serge Courriol préside la délégation d'Issoire. Je me suis fixé comme feuille de route de rencontrer tous les mois les présidents de la CGPME et du Medef afin d'évoquer avec eux les dossier actuels, comme celui de la ligne Paris-Clermont-Ferrand-Paris qui nous préoccupe particulièrement. J'ai la chance de présider la commission des conflits d'intérêt à CCI France, c'est une position idéale qui me permet d'observer et de faire redescendre des informations du national chez nous.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire annonce ne pas être favorable à la fusion des chambres de commerce et d'industrie (CCI) avec les chambres de métiers et de l'artisanat. Quel est le sentiment des chefs d'entreprises du département à ce sujet ?

Factuellement 40 % des ressortissants des CCI sont les mêmes que ceux des Chambres des métiers. Nous mettons déjà en place des actions de mutualisation. CCI et Chambre des métiers sommes présents ensemble lors de manifestations de communication, à l'Institut des métiers... Cette culture du travailler ensemble anime nos équipes. Cependant, nos fonctionnements d'organe politique sont différents. Pour les CCI, l'entreprise reste le fil conducteur, facile à suivre. Dans les Chambres des métiers, plus corporatistes, l'organisation politique est forte et je crois qu'elle doit continuer à exister. Cela ne freine en rien la dynamique entrepreneuriale et de formation que nous mutualisons ensemble sur le territoire.

Vous avez remis le prix du public de la deuxième édition des Trophées des entreprises du Puy-de-Dôme, organisée par le groupe Centre France, que représente pour vous l'engagement d'un groupe de presse auprès des entreprises ?

Je souhaite valoriser les dynamiques qui portent le territoire, les encourager, pour le Puy-de-Dôme et au-delà pour l'Auvergne. Dans ce département, nous devons être fiers de nos territoires. Notre modestie coutumière, culturelle, fait que les Auvergnats se sous estiment toujours et laissent la place à d'autres parfois moins performants, qui propose un travail de moins bonne qualité. La fierté de ce que l'on fait c'est important, cela donne confiance et la confiance entraîne la réussite.

Vous rendez régulièrement hommage à l'armée et à son action, c'est original pour un président de CCI ?

Les militaires, les gendarmes assurent notre sécurité, pour que nous puissions boire un café, commercer, mettre en place des événements comme Effervescence (*), nous devons vivre en paix, en sécurité, c'est important de rendre hommage aux forces de l'ordre sans qui ce ne serait pas possible. Il faut accepter de payer le prix de cette sécurité. Dans le Puy-de-Dôme, ce sont 6 000 militaires qui sont présents, sans compter leurs familles, ils ont un poids économique évident. Pour exemple, l'arrivée du 28e régiment à Issoire a dynamisé le territoire.

Quelle place peut occuper le département dans cette région, et plus largement quelle place pour l'Auvergne ?

Nous devons être conscients de notre valeur, de la qualité de nos entreprises. L'un de nos atouts, c'est que l'Auvergne a une histoire, un vécu, les départements ont l'habitude de travailler ensemble. Nous savons être solidaires pour devenir fort et prendre la place qui est la nôtre en Auvergne-Rhône-Alpes. Lorsqu'il y a un projet en Auvergne, tous les Auvergnats le porte et le soutienne. Je mesure la qualité des hommes et des femmes de notre territoire. Nous avons l'or vert mais aussi beaucoup d'autres atouts à faire découvrir. Je suis assureur, le rapport sinistre à prime est en solde positif ici, c'est la signe que nos entreprises sont bien gérées, qu'il n'y a pas de dérapage, nous sommes dans le haut des statistiques nationales. Le chemin de la réussite économique, c'est d'être conscient que nos entreprises sont sérieuses et bien gérées. Plutôt que d'aller chercher ailleurs des compétences, nous pouvons être fiers de celles de nos salariés, des entreprises.

Le challenge aujourd'hui, c'est d'amener Rhône-Alpes a regarder chez nous. Lyon n'est pas tourné vers Paris, elle est tournée vers les Alpes. Notre mariage est récent, à nous de changer les habitudes de travail, d'amener les Lyonnais à élargir leur zone de protectionnisme. Des projets comme Macéo, Happi Montana, le comité de massif sont d'excellentes initiatives. J'ai la conviction que la présidence de Laurent Wauquiez à la tête de la région est un atout pour l'Auvergne.

Nous devons aussi reconnaître que les Auvergnats ont un réseau habituel avec Paris, que c'est plus facile pour eux de faire des affaires avec Paris, ils ont une sensibilité et un carnet d'adresse qui se prête à ces échanges. Pour travailler avec Lyon, c'est plus long. Il faut y aller, s'y créer un réseau, avec un bureau... c'est un investissement pendant plusieurs années. Je suis optimiste. Si je devais paraphraser Alain Peyrefitte et son "Quand la Chine s'éveillera", je dirais que c'est fait, j'en suis convaincu, l'Auvergne s'est réveillée.

(*) Effervescences est l'initiative culture et populaire de Clermont-Ferrand pour préparer sa candidature au titre de Capitale européenne de la Culture 2028. des rendez-vous festifs et artistiques animent l'ensemble du territoire de la métropole.

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