Sillon alpin : Comment la French Tech fait mûrir ses jeunes pousses loin des regards

Dans le sillon alpin, la French Tech in The Alps s'organise pour favoriser l'émergence et le développement des startups. Objectif : leur permettre de grossir depuis leur base.
Julie Huguet (Coworkees), Philippe Porceillon (FroggyPix), Aline Buscemi (Arcadeo Gaming), Emilie Straub (Copines de Voyage) et Rémi Thomas (In&motion) aux Sommets du Digital
Julie Huguet (Coworkees), Philippe Porceillon (FroggyPix), Aline Buscemi (Arcadeo Gaming), Emilie Straub (Copines de Voyage) et Rémi Thomas (In&motion) aux Sommets du Digital (Crédits : DR)

En marge des Sommets du Digital, une réunion de près de 350 décideurs qui s'est tenu du 3 au 5 février à La Clusaz, sur les hauteurs d'Annecy, cinq startups sélectionnées par French Tech in The Alps Annecy ont pu pitcher devant quelques participants intéressés par leur projet. Si l'exercice leur est familier, l'occasion de le faire devant un public plutôt parisien, captif et en visite sur leurs terres n'est pas si courant.

"Nous avons besoin de relais pour être visible, et notamment à Paris. C'est important pour toucher les investisseurs", souligne Julie Huguet, la fondatrice de Coworkees, une plateforme de mise en relation entre indépendants et entreprises en phase de levée de fonds.

Pour mieux accompagner ses jeunes pousses et leur offrir cette précieuse visibilité, l'écosystème des entrepreneurs, plutôt petit et éclaté sur l'ensemble du sillon alpin (Annecy, Chambéry, Grenoble, Valence et le Genevois français), s'est avant tout structuré.

"Avant, nous étions seuls. Jean-Pierre Verjus, alors président de Grenoble, a eu l'intelligence de proposer une candidature commune. Ainsi est née la French Tech in The Alps. Depuis, d'autres se sont inspirés de notre modèle communautaire", rappelle René Le Caignec, le président de la French Tech in The Alps Annecy.

Animée par une coordinatrice générale, la French Tech in The Alps est présente dans chaque territoire via un délégué général épaulé par un bureau d'entrepreneurs bénévoles.

"Nous devons réaliser un travail pro-actif pour sortir nos entrepreneurs de l'isolement. Et cela passe par les événements. Quand je vais à Paris, je suis toujours frappé par le maillage et les opportunités de rencontre. C'est un exercice différent de faire naître une startup en province qu'à Paris. Ici, on co-construit son projet avec la communauté. Nous devons faire preuve de volontarisme, c'est la condition de notre croissance", poursuit le président.

UN RÉSEAU D'EXPERTS PEU PERFORMANT

L'autre enjeu pour l'écosystème reste d'atteindre les objectifs de scaleup [changement d'échelle, ndlr] fixés par la mission French Tech.

"Nous comptons une cinquantaine de start-up sur le bassin annécien. Une dizaine a la potentialité de grossir, mais le levier reste haut à atteindre. Tout le challenge est de pouvoir créer le réseau dont ils ont besoin pour grossir. Et attirer l'attention des investisseurs sur le sillon alpin", analyse Christophe Neu, le délégué général de French Tech in The Alpes Annecy.

Car même s'ils ne veulent pas partir les entrepreneurs interrogés sont attachés à leur territoire , il n'est pas simple d'y croître : le réseau de pépinières est bien structuré mais le réseau d'experts n'est pas toujours à la hauteur, les coûts élevés du foncier ne favorisent pas la mobilité et l'attractivité de la Suisse et de ses salaires pèse sur le recrutement.

"Je viens de perdre ma responsable de la R&D, elle touche un salaire trois fois supérieur en Suisse, difficile de rivaliser", avance René Le Caignec, qui est également fondateur d'AboutGoods Company, un cabinet d'analyse des données de consommateurs.

"Nous sommes obligés d'ouvrir un bureau à Paris pour recruter des profils spécifiques. Dans l'informatique mais surtout dans le secteur du voyage", abonde Émilie Straub, directrice marketing de Copines de voyage, une agence de voyages en ligne, pour les femmes, de 35 salariés.

Après la structuration, l'écosystème est prêt à relever ces défis.

"Il y a moyen de faire du sur-mesure sur notre territoire", conclut Christophe Neu.

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